Idris
Ackamoor & The Pyramids – We Be All Africans (Strut Records/Differ-Ant)
Pulsations afro, sophistication jazz, magie funk et reflets psychédéliques ont fait bon ménage aux USA et en Afrique dans
les années 70, puis le filon s'est tari peu à peu… Devenus rares et collectors,
ces projets gravés sur vinyle et influencés par les travaux de quelques gourous
tels que JamesBrown, George Clinton, Sly Stone pour le funk et Sun Ra, Alice Coltrane ou Pharoah Sanders pour le jazz/fusion,
s'échangent aujourd'hui à prix d'or. Autour de cet engouement toujours
croissant pour ces sonorités vintages
dont le Ghana, le Nigeria, le Congo ou le Sénégal ont été de grands pourvoyeurs,
les maisons de disques se sont mises à rechercher ces trésors oubliés, rééditant
des perles disparues ou participant à la reformation d'anciens groupes
mythiques.
Strut Records
s'est ainsi rapproché du groupe légendaire The
Pyramids, fondé dans l'Ohio en 1972 et affiné à Paris sous l'impulsion de son
leader charismatique et mystique, Idris
Ackamoor. Héritier d'une lignée de musiciens nés au Etats-Unis mais ayant
effectué un retour aux sources dans le berceau de l'humanité, le saxophoniste
multi-instrumentiste accompagné de ses acolytes Margo Simmons à la flûte et Kimathi
Asante à la basse, a bâtit une musique
spirituelle, consciente et militante aux accents afrobeat, P-funk, free, éthio et cosmic jazz.
Séparés en 1977 après avoir sorti 3 albums emblématiques et
avant-gardistes qui succédèrent à leur voyage initiatique en Afrique (Lalibela en 1973, King Of Kings en 1974 et Birth/Speed/Merging
en 1976), The Pyramids reprennent du
service en 2010 et publient en 2012 Otherwordly. Gilles Peterson salue alors l'ensemble
de leur œuvre en décernant à Idris
un Lifetime Achievement Award lors
de sa fameuse cérémonie annuelle des Worldwide
Awards.
Le 27 Mai prochain paraîtra We Be All Africans, dernier opus de ces légendes de l'afro jazz/funk, enregistré à l'ancienne
au Studio Philophon de Berlin avec
la collaboration du batteur Max
Weissenfeldt. Grâce à ce dernier les musiciens se plient au son analogique, à sa chaleur et à son
grain… On y retrouve la tendance astrale
et psychédélique de leurs débuts, comme s'ils reprenaient les choses là où
ils les avaient laissées il y a 40 ans, avec la même énergie, la même fougue et
un désir d'aventure et de partage toujours omniprésent. On notera la présence
solaire de la chanteuse indienne Bajka
dans le mélancolique "Silent
Days", single à venir très bientôt!
‘We
Be All Africans’ is a message of survival. A message of renewal. A message that
we are all brothers and sisters. We are all one family, the human family and we
need one another in order to survive on this planet that we all share. Idris
Ackamoor
C'est dans une débauche
de cuivres et de percussions assommantes que la formation new-yorkaise M.A.K.U Soundsystem nous invite à
partager ses racines musicales solidement ancrées dans l'afrobeat et les rythmes afro-colombiens. Les huit musiciens nous
présentent leur 3° opus intitulé Mezcla
et composé de 9 titres endiablés, ils y expriment leur origine colombienne,
commune à la plupart d'entre eux (Barranquilla et Bogota), tout en intégrant des sonorités explosives empruntées au punk,
au funk et au hip-hop dans un
discours engagé et optimiste, traitant autant de quête d'identité que du
quotidien ou de politique. Ses reflets jazzy
de fanfare New-Orleans boostéeà
l'afro-groove sont largement enrichis de cumbia et de ska, dégageant
une énergie vitale rare et contagieuse!
Mor Karbasi - Ojos de Novia (Alama Rec./Harmonia Mundi)
La chanteuse native de Jérusalem Mor Karbasi publie son 4° opus intitulé Ojos De Novia. S'entourant de musiciens d'exception (Joe Taylor et Jorge Bravo aux guitares trompettes et saz, Antonio Miguel à la basse, Yshai
Afterman aux percussions et Orel Oshrat
au piano), elle exprime ses origines marocaines, perses et israéliennes à
travers une collection de 13
compositions captivantes, où le ladino côtoie les traditions andalouses et
berbères. Accents flamenco, fougue gitane, arrangements de cordes et sophistication
jazzy sont donc au rendez-vous dans ce voyage
initiatique et enchanteur entre Méditerranée et Moyen-Orient, où l'auditeur
est guidé par la voix cristalline et
bouleversante de sensualité d'une diva solaire et resplendissante. On ne
boude non plus pas notre plaisir d'écouter jouer ses invités de marque, les
bassistes Richard Bona, Kai Eckhardt et le guitariste Tomatito. Ojos de Novia est un disque touchant et rare!
Le musicien canadien installé en Angleterre Son Of Dave publie son septième opus
chez Goddamn Records intitulé Explosive Hits. Ancien membre de la
formation folk-rock Crash Test Dummies
(on se souvient de leur immense succès "Mmm
Mmm Mmm Mmm" paru en 1993), Benjamin
Darvill amorce sa carrière solo au début des années 2000 avec un répertoire blues et folk aux accents funky
et R&B. Largement remarqué en 2006 grâce à son titre "Devil Take My Soul" où il
invitait la chanteuse trip-hop Martina
Topley Bird, ex-égérie de Tricky.
Le chanteur, guitariste, percussionniste, harmoniciste et as
du beat-boxing nous offre une
collection de 13 reprises acoustiques décapantes
de titres actuels et plus anciens devenus incontournables. Empruntant aussi
bien à la french touch des Daft Punk
qu'à la hip-house 90's de Technotronic,
au hard rock d'AC/DC ou à la néo
soul de Paloma Faith, le
multi-instrumentiste signe un hommage festif à près d'un siècle de musique, dont
le point d'ancrage se trouve le long du Mississippi avec le blues de Robert Jonhson, John Lee Hooker et Slim
Harpo.
Grâce à son jeu racé et débauché qui puise ses racines dans
le son roots du delta blues et malgré
le grand écart entre les genres revisités, l'énergique homme orchestre parvient à faire coexister dans un même écrin
inspiré des anciennes compilations K-Tel
Super Hits des 70's, "Pump Of
The Jam" et ses couleurs eurodance avec "Tequila" et ses saveurs de mambo cubain… Un bel effort
en soi!
Le tout jeune trio parisien nOx.3 vient bousculer les codes du jazz avec sa soif d'innovation et de liberté. Dépoussiérant
l'esthétique classique de la formule piano, sax et batterie à grands coups
d'effets et de reflets électroniques,
le claviériste nantais Matthieu Naulleau
et la fratrie lorraine Rémi(saxophoniste) et Nicolas Fox (batteur), nous livrent leur second opus intitulé Nox Tape, un recueil de 8 compositions inspirées et hypnotiques.
Mêlant les recherches d'artistes issus des scènes IDM, D&B, Abstract ou electronica (Amon Tobin, Flying Lotus
ou Dorian Concept), à celles des piliers du free jazz, du rock et
même du metal, nOx.3 lève le voile sur une approche iconoclaste et débridée d'un
genre qui n'en finit pas de repousser ses limites, laissant les polyrythmies, séquences et autres boucles obsédantes engendrer une identité musicale hybride.
Entre musique savante
et populaire, acoustique et électronique, écrite et improvisée, la
formation fraîchement vainqueur du
Tremplin RéZZo Focal de jazz à Vienne, définie sa palette sonore comme une "electro-libre à tendance improvisée
qui agit sur tout ce qui bouge"…
La chanteuse et flutiste jazz originaire de Belgique Mélanie de Biasio, nous offre son dernier opus intitulé Blackened Cities. Il succède à l'excellent No Deal qui recevait en 2013 un très bon accueil, autant critique que public.
Cette longue et unique composition de 25 minutes lui fut inspirée par le décor des villes post-industrielles qu'elle a traversées durant sa tournée internationale de Détroit à Bilbao en passant par Manchester et bien sûr sa citée natale, Charleroi. Conçu de façon quasiment improvisée avec un staff de musiciens qui, pour quelques uns, partagent l'univers de la diva depuis plus de 15 ans, Blackened Cities fut enregistré un après-midi d'automne 2014 à Bruxelles et ne nécessita que le stricte minimum en post-production. Sombre mais aérien et aéré, les quelques accords réverbérés du claviériste Pascal Paulus rejoint par le contrebassiste Sam Gertsman et son archet plantent le décor dès les premières minutes. Bart Vincent diffuse un léger voile de white noise, comme une brise à laquelle la voix grave, fantomatique et planante deMélanie et le piano de Pascal Mohy se fondent. Surgit ensuite un battement de cœur marqué par la grosse caisse de Dre Pallemaerts, de là une rythmique jazzy éclos accompagnée de sa ligne de basse rassurante et groovy qui gonfle, enfle et forcit. Tout s'enchaîne alors en crescendo, une progression hypnotique voire psychédélique menée avec virtuosité par un batteur maestro qui ralenti la cadence après le drop. Son swing devient alors atmosphérique, adoucissant les humeurs et laissant celle que Gilles Peterson considère comme l'artiste jazz la plus excitante du moment, déployer son phrasé délicat, sensuel et gorgé d'émotions.