Véritable petit bijou sonore nous projetant, le temps de ses
37 mn, dans une nuit coquine éclairée par une boule à facettes et un
stroboscope, ce second album au titre éponyme des américains de Twin Sister,
rebaptisé Mr Twin Sister, abandonne
les sonorités indie-pop du précédent In Heaven pour explorer de nouveaux
univers musicaux faits d’instants ambient
(Medford et Crime Scene), chill out (Sensitive), quiet storm (Rude Boy et Blush), cosmic house (In The House Of
Yes), electro disco (Out Of The Dark) et dark techno (Twelve Angels)…
N’ayant pas connu le groupe avant leur renaissance sous
l’entité Mr Twin Sister, je découvre
sur le tard la mutation opérée par les 5 musiciens de Long Island depuis leur
dernier effort paru en 2011. Orientés dream pop et psyché pop, la chanteuse Andréa Estella, le bassiste Gabe d’Amico, le claviériste Dav Gupta, le guitariste/chanteur Eric Cardona et le batteur Bryan Ujueta ont opté cette fois-ci pour
une identité musicale plus aquatique et complexe,où le R&B nébuleux de Sade côtoie le
trip-hop de Lana Del Rey sur fond d’électro au groove sensuel et hypnotique.
Le Dj/producteur californien Anthony Anderson alias AMP
Live publie son second opus solo baptisé Headphone Concerto. Il y élabore un univers musical singulier,
flirtant autant avec le hip-hop et
l’électro que la musique classique. La moitié de Zion I,
qu’il forme avec le MC Zumbi depuis 2000, fait grand bruit lorsqu’en 2008 il
revisite In Rainbows de Radiohead, obtenant non sans mal l’autorisation de mettre
gratuitement à disposition du publique ce fameux projet de remixes intitulé Rainydayz.
Headphone Concerto
se distingue par des mariages sonores inattendus, passant en effet des arrangements symphoniques de la
violoncelliste Rebecca Roudman (des Dirty Cello) distillés notamment dans Remembrance et Flight, aux reflets cuivrésravageurs
de Last Wall, en passant par les
sonorités dubstep de Brass Knuckles ou 100,000 Watts…
Le beatmaker accorde une
importance particulière au chant, on apprécie la participation enivrante des
chanteuses Saint Tiimbre sur un Run Back nébuleux, Ill-Esha sur un Are We
Dancing aux couleurs R&B ou
encore Povi Tamu sur un Hustle 360 très néo soul. Les voix masculines sont aussi misent à l’honneur comme
celle d’Eric Rachmany qui, sur Signs, nous livre une prestation suave
et hypnotique. Les invités sont pléthore puisque que l’on note à leur côté la
présence des rappeurs Planet Asia, The Grouch & Eligh, Anya & Prof, Sol, Dom de Big Gigantic
ou encore The Reminders…
Si l’on devait définir la musique du groupe montréalais Monogrenade, un mot viendrait à
l’esprit et c’est d’ailleurs le titre de leur deuxième opus, Composite.
En effet la formation
électro-pop parvient à déployer, malgré l’usage exclusif du français, une
force mélodique unique. Utilisant des synthés et boîtes à rythmes vintage
alliés à une basse polymorphe (François
Lessard) et une batterie tranchante (Mathieu
Colette), Jean Michel Pigeon et
ses musiciens nous livrent 10 chansons
somptueuses, hypnotiques et énergiques, piochant leurs influences dans le rock indé (Labyrinth) et le folk-pop-alternatif
(J’attends), tout en s’élevant par
moment vers un rock planant voire
cosmique auquel s’ajoute les
arrangements de cordes raffinés et majestueux de Marianne Houle, Ingrid
Wissink et Julie Boivin (Composite, Phaéton, Le Fantôme). La voix suave et brumeuse du leader, claviériste
et guitariste, nous raconte la complexité de l’homme et de ses rapports avec
autrui (L’aimant) et son
environnement (Metropolis).
Composite est
plus rythmé et plus théâtrale que leur précédent Tantale, il explore différents univers musicaux et croise les sonorités électroniques, électriques et
acoustiques sur des mélodies pop
fraîches et entraînantes (Cercles et
Pentagones, Tes Yeux).
Marina
Quaisse – The Legend Of Sirena (Phonosaurus Records)
La violoncelliste française
Marina Quaisse a débuté sa carrière dans le répertoire classique, ayant
fait ses armes en orchestre symphonique et orchestre de chambre. En 1999, elle
s’investie au sein d’un projet trip-hop
baptisé Aktarus qui ne durera pas,
mais ses rencontres avec les producteurs Wax
Tailor puis plus tard Mattic influenceront
définitivement sa palette musicale. Intégrant
les vibrations et la grâce de son instrument à des productions abstract hip-hop
aquatiques et hypnotiques, la jeune compositrice nous offre enfin son
premier opus intitulé The Legend Of
Sirena, publié sur le label quebeco-franco-suisse Phonosaurus Records. Les
beats soignés qui font penser ici aux productions de Dj Krush et là à
celles de Dj Cam, servent d’écrin aux lamentations poétiques du violoncelle de Marina rejointe dans Dance With The Devil et Good Times par l’excellent rappeur Mattic. L’histoire commence un 8th of July, lors d’un embarquement (Boarding Time), le personnage principal
est une sirène ensorceleuse voulant attirer un marin séduit au fond de la mer (The Torning Sound). The Legend Of Sirena nous raconte sa descente dans les profondeurs
d’une eau calme et paisible (In a
Peaceful Deep Water), un bref interlude amoureux et joueur cède ensuite sa
place aux regrets et à la nostalgie d’une surface lumineuse et familière (Nostalgia) …
Alfred Darlington
alias Daedelus publie sur le label
de Flying Lotus un nouvel opus délicat et mélancolique intitulé The Light Brigade. Brainfeeder,connu pour
ses signatures glitch-hop, met ici en lumière un album dominé par les sonorités acoustiques d’une guitare sèche
et quasiment privé d’électronique. La
voix du californien inonde de sa douceur éthérée une musique folk expérimentale aux accents liturgiques (comme on peut l'entendre sur le premier single Onward). Daedalus, qui nous avait habitué à un
univers bien plus baroque et arythmé, évoque dans ce recueil de complaintes déchirantes la tragédie de la Guerre de Crimée avec une empathie
saisissante, à l’instar du final Country
Of Conquest, traversé par des cordes funestes et lancinantes.
Neil Cowley
Trio – Touch And Flee (Naim Jazz/Harmonia Mundi)
Rien d’étonnant que ce soit un jour de pluie que le jazz anglais, ample et envoutant, du
Neil Cowley Trio attire mon attention
me tirant d’une humeur plus que maussade. Touch And Flee est le cinquième album studio de la formation. Le pianiste, accompagné du batteur Evan Jenkins et du contre bassiste Rex Horan, y distille une musique atmosphérique que l’on
pourrait rapprocher de celle des icônes scandinaves Gustavsen et Svensson,
déployant des motifs subtils et gracieux
où les pulsations délicates de la batterie servent d’écrin au groove délicieux de la basse et aux nappes harmonieuses, volumineuses et expressives du piano. Le
jazz de Neil Cowley s’exprime dans
la lenteur et l’élégance mélodique à travers 9 titres méditatifs parfois
sombres mais toujours délicats.
Jozef
Dumoulin & The Red Hill Orchestra – Trust (Yolk Music/L’Autre
Distribution)
Remarqué pour ses interventions dans le Magic Malik
Orchestra ou auprès des frères Belmondo, le claviériste jazz Jozef Dumoulin, « spécialiste du
Fender Rhodes »,publie chez Yolk Music son dernier projet mené en
trio et nommé Trust. Le prodige
belge, installé à Paris, embarque avec lui dans TheRed Hill Orhestra
les deux américains : Ellery
Eskelin au saxophone ténor et Dan
Weiss à la batterie. Tous trois mettent en scène des atmosphères sonores sombres et complexes où le jazz se libère lors de sets
d’improvisations psychédéliques et d’expérimentations aériennes. Trust est un recueil de 12 compositions nébuleuses et poétiques,
articulées autour d’une seule et même idée, l’interaction entre différentes approches
musicales, Ellery et ses embardées free
jazz, Danet ses influences puisées dansla
musique indienne et la pratique des tablas.