Dorsaf Hamdani – Barbara Fairouz (Accords Croisés/Harmonia
Mundi)
La célèbre chanteuse tunisienne Dorsaf Hamdani nous présente son nouveau projet intitulé Barbara – Fairouz. Habituée à élargir
son spectre musical en explorant le répertoire des divas du chant arabe ou la
poésie perse et en collaborant avec des musiciens d’exception issus du Maghreb,
d’Iran ou d’Europe, Dorsaf a choisi ici
de s’arrêter sur les voix emblématiques de deux femmes modernes, engagées, libres
et anticonformistes, la française Barbara
et la libanaise Fairouz. Assistée du
subtil accordéoniste Daniel Mille à
la direction musicale, la musicologue parvient à faire un trait d’union inattendu
et bien vu entre deux destins, deux langues et deux traditions. La Solitude, Ce Matin-là ou Soleil Noir
se dévoilent sobrement aux côtés d’Al
Bint El Chalebeya et Zourouni,
dans une suite d’arrangements touchants et dépouillés où violon, accordéon,
percussions, oud et guitare évoquent un orient délicat et métis.
Chapelier Fou – Deltas (Ici, D’Ailleurs…/Differ-ant/Believe)
Louis Warynski
aka Chapelier Fou m’avait conquis
avec son précédent Invisible et l’univers electronica-acoustique
qu’il avait su bâtir en fusionnant des
éléments sonores piochés dans le répertoire de la musique classique avec des
expérimentations électroniques et des mélodies pop. Dans Deltas et ses 10 titres envoûtants, le
multi-instrumentiste messin nous replonge dans son monde onirique, donnant à ses textures électroniques une présence
plus affirmée et à ses orchestrations une densité nourrie de 5 années de
périples musicaux. Tickilng Time est sans doute le bijou de cet album, un conte
fantastique où un synthé délicat et des violons pincées installent l’auditeur dans
un écrin soyeux, bercé par la voix douce et sensuelle de Gerald Kurdian.
Yuna est une
jeune chanteuse pop originaire de Malaisie,
elle publie sur Verve son nouvel
opus enregistré à Los Angeles baptisé Nocturnal.
Véritablement taillé pour inonder les ondes radio, l’album se compose de 11
titres efficaces et prenants, habités par la voix soul et sensuelle d’une artiste que l’on compare allègrement aux
stars internationales Feist et Adele. Alliant
les sonorités pop, electro, soul et R&B à son premier amour le folk, Yuna élabore
des mélodies enivrantes et scintillantes, n’hésitant pas à y faire sonner des
instruments traditionnels de son pays natal. Le résultat de cette fusion indie-pop/indie-soul
est séduisant et colle parfaitement à l’air du temps…
Le duo electro The
Subs originaire de Belgique et basé à Londres publie son troisième LP
intitulé Hologram. Jeroen De Pessemier aka David Newtron et Wiebe Loccufier aka Dj Tonic
se sont rapprochés pour l’occasion du multi-instrumentiste Hadrien Lavogez pour amorcer un
virage pop aux vibrations soul, laissant derrière eux un passif dance punk
sombre et underground, percutant et assourdissant. Les influences de la house anglaise, du trip-hop, du dubstep et
du hip-hop sont perceptibles tout au
long des 12 titres de l’album dans lesquels on retrouve des invité(e)s exceptionnel(le)s
comme Jay Brown (sœurette de VV
Brown), les excentriques Colonel Abrams et
Danny Greene, la divine Selah Sue ou encore l’immense Jean-Pierre Castaldi. The Subs se montre plus accessible que
jamais, empruntant presque quelques accents mainstream à l’electropop FM, tout en gardant sa touche singulière et expérimentale.
St. Paul
& The Broken Bones – Half The City (Single Lock Records/Differ-ant)
C’est une soul puissante et intemporelle que le sextet ancré
en Alabama, St. Paul & The Broken
Bones,nous présente dans un
premier LP aux sonorités vintage intitulé Half
The City. En 12 titres old school inspirés par les artisans d’un son racé,
issu de la tradition des états du sud des USA dans les 60’s, la formation menée
par le chanteur à la fabuleuse voix gospel/soul Paul Janeway nous invite à revivre les frissons qu’Otis Redding ou
Al Green nous offraient en leur temps… Les mauvaises langues diront que le
groupe se contente de singer les stars de la Motown et de Stax, mais laissons
les parler et régalons nous de ces petits moments nostalgiques d’une époque
glorieuse pour la black music.
Forcément, porter le nom d’une légende vivante doublée d’un
novateur génial du jazz vocal ne doit pas être chose aisée, pourtant Taylor McFerrin, fils aîné du célèbre
interprète du cultissime "Don’t Worry, Be Happy", brille et excelle
dans ce premier LP qu’il nous livre grâce à l’entremise du label Brainfeeder.
Early Riser est
un véritablebijou electro soul gorgé d’influences R&B, jazz et pop. Déjà
repéré aux côtés du claviériste Amp Fiddler et du rappeur anglais Ty, le jeune multi-instrumentiste/Dj/chanteur/producteur
et beatboxer basé à Brooklyn, sortait chez Ninja Tune en 2006 l’EP Broken Vibes et produisait en 2010 le
titre "Love Conversations"du crooner
José James. Flying Lotus le prend alors sous son aile et paraît en 2011 un
second EP Place In My Heart, dont le
titre éponyme, orienté electro pop, est
présent sur l’album avec la sensuelle participation de sa collègue de label, RYAT.
Taylor distille
avec maestria tout ce qui se fait de plus parlant et organique dans les
musiques urbaines et électroniques depuis les années 50 jusqu’à nos jours.
Au détour du très nu soul
"Florasia", digne des productions
langoureuses de Vikter Duplaix, l’artiste nous ballade entre l’ambiance nu-jazz de "Postpartum", l’atmosphère abstract
hip-hop de "Degrees Of Light", la rythmique
broken beat de "The Antidote" (où le flow de Nai
Palm des Hiatus Kaiyote nous ensorcelle), et la sophistication jazz des magnifiques "Already
There" (Robert Glasper au keys et
Thundercat à la basse !), "Invisible/Visible" (dans le lequel apparaissent
les mythiques Bobby McFerrin et César Camargo Mariano,grand pianiste brésilien) et enfin "PLS DNT LSTN" (une déferlante cosmic-jazz-groove
presque psychédélique). La chanteuse Emily
King rejoint elle aussi ce casting parfait dans "Décisions", une complainte dubsteb
qui nous rappellent les rapports intimes que Taylor McFerrin entretient avec la bass music londonienne.
Bref, comme beaucoup l’ont écrit, Early Riser est un disque,
ou plutôt une expérience à mener par sa propre écoute, sans lecture ou interprétation extérieure. C'est une réelle découverte avec la
promesse de moments musicaux intenses et profonds,
BRAVO ET MERCI TAYLOR MCFERRIN !
mercredi 10 septembre 2014
Lost Midas - Off The Course (Digital Single) (Tru Thoughts)
Le label anglais Tru Thoughts nous présente le second single de son protégé Jason Trikakis alias Lost Midas dont nous parlions ici lors de la parution de son subtil Head Games en Juin dernier, premier extrait de son debut album Off The Course.
On retrouve dans le titre éponyme, ce savant mélange de sonorités analogiques et digitales distillées dans une effluve mélodique pop rehaussée de beats abstract hip-hop, les synthés obsédants et lancinants servent quant à eux d'écrin délicat à une voix féminine fantomatique et sensuelle.