Borja Flames - Nacer
Blanco (Marxophone/Le Saule)
Difficile de classer ce premier opus solo de l'artiste
touche-à-tout Borja Flames, les
compositions qu'il nous présente dans Nacer
Blanco ont ce petit je-ne-sais-quoi
de captivant voire de déroutant. Les sonorités qu'il façonne semblent parfois s'extraire
d'un rite chamanique improbable
comme dans El Arte De La Fuga et Vuelta Otra Vez où percussions et voix bouclées
surgiraient d'un folklore ancestral d'Amérique du sud.
Moitié du duo June
& Jim qu'il forme avec sa compagne Marion
Cousin, présente dans les entêtants No
Hay Pais et Lazos De Familia construits
de loops et basés sur la répétition de phrases lancés en canon, Borja est fortement influencé par l'œuvre de l'anticonformiste et génial
Moondog, maître du contrepoint et la
fugue entre autres figures de style, qui fréquenta aussi bien Charlie Parker que Steve Reich ou Leonard
Bernstein. Il est admiratif de sa manière d'allier complexité rythmique et
puissance mélodique mais surtout touché par son goût pour le mélange des
saveurs (accents caribéens, sophistication du jazz et avant-garde minimaliste).
Dans cet alliage subtile de chanson pop, de polyphonie
et de musique électronique, Borja se plait à semer le trouble affichant
une posture rock tout en restant connecté
à la puissance mystique des rythmes
premiers. Il nous brouille les idées à grand renfort d'échos et de télescopages,
comme dans Ojo Avizor où sa ligne de synthé psychédélique et sa rythmique primitive syncopée nous
ballade entre les ambiances de The Doors,
Gotan Project et Philip Glass.
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