Le musicien, producteur et Dj anglais Timothy Adrew Liken alias Tim Deluxe nous régalait fin Octobre 2015 avec la parution de son excellent album The Radicle publié par la célèbre écurie new-yorkaise Strictly Rhythm.
Ce troisième opus s'inscrit dans le retour en force d'un style qui avait plus ou moins disparu des écrans radar depuis la grande époque des St Germain, Mr Scruff et autres Jazzanova. En effet il illustre la rencontre sur le dancefloor du jazz et de la musique électronique et plus particulièrement de la house music.
Tim Deluxe, qui avait cartonné dans les charts durant l'été 2002 avec son tube latino It Just Won't Do, n'a cessé de mixer aux 4 coins du globe au point d'arriver à un point de non-retour en 2008 où il s'est brutalement retiré du monde de la nuit et de la musique.
C'est en prenant des leçons de piano et en s'abreuvant de jazz que les goûts du jeu et de la composition lui sont revenus. Sa rencontre avec le contrebassiste Ben Hazleton lui permit de s'introduire par la petite porte sur la scène jazz londonienne et de là il forma son équipe de musiciens (parmi lesquels on note Jim Mullen à la guitare, le tandem Rod Youngs/Enzo Zirilli à la batterie et John Donaldson au piano) qui allait intervenir en studio sur ses nouvelles moutures.
Toujours connecté à la musique électronique, il s'est retrouvé derrière les claviers de Roots Manuva lors de quelques dates, une expérience formatrice qui l'aidera dans sa "reconversion". En effet, le producteur electro repenti exprime à travers The Radicle son anti-EDM et sa méfiance envers des tracks faits du même bois, qui ont trop souvent tendance à se ressembler. Parti pour faire un disque de jazz pur avec uniquement de "vrais instruments", il a finalement cherché à concilier le métier du Dj et la sensibilité du musicien, l'esprit du jazz et l'efficacité de la house.
Influencé par des grands maîtres du swing et du be-bop (Duke Ellington, Miles Davis, Alice Coltrane...), du blues (Big Mama Thornton, Fenton Robinson...) et de musique minimaliste (Terry Riley, John Cage...), Tim nous balançait en guise d'amuse bouche en Aout 2015 son premier single très orienté club Tryin' Find Away puis quelques mois plus tard l'excellent Feelings, qui a depuis tourné des centaines de fois sur les platines des plus grands djs (notamment chez Defected), avec son côté très french touch (façon Rose Rouge de l'album Tourist de notre Ludovic Navarre national) il a rapidement conquis les pistes de danse captivées par sa ligne de basse hypnotique et les cuivres entraînants de Jay Phelps (trompette) et Pete Wareham (saxophone).
Jas est donc le dernier extrait en date de The Radicle et outre les codes electrojazz déjà mis en avant dans ses précédents singles, il exprime l'engagement social et politique que l'artiste a voulu imprimer dans l'album. Pour ce, il sample une allocution vibrante de Barbara Ann Teer, comédienne et écrivaine qui a lutté pour l'accès des populations afro-américaines à la culture: "This is a mass culture we live in. It makes you look like something you really aren't. I want to be me, i want to be human." Ses mots résonnent en quasi a cappella pendant près de 50 secondes avant qu'une ritournelle au piano nous accompagne jusqu'au déferlement d'un groove deep-house étourdissant !
Jas est remixé par Eli Escobar (Eli Escobar Remix et Eli's Bonus Beat) et Timothy lui-même (Rhodes Remix et 'Speed' Remix).
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