vendredi 5 février 2016

Paul Carrack - Soul Shadows (Proper Music Distrib)


Paul Carrack - Soul Shadows (Proper Music Distrib)

L'une des figures familières et respectées de la scène pop-rock britannique Paul Carrack (Roxy Music, Mick + The Mechanics, Ace, Squeeze's, Nick Lowe, Elton John, Ringo Starr, BB King…) publie son nouvel opus Soul Shadows, explorant encore un peu plus les contrées blue eyed soul et R&B que son précédent Rain Or Shine abordait en 2013. Engagé pour sa voix et ses talents de claviéristes par son ami de longue date Eric Clapton à l'occasion de sa tournée anglaise et internationale courant 2016, le chanteur affiche au compteur presque 40 années de carrière. A l'origine de 10 des 11 thèmes présentés dans son album - la ballade Share Your Love with Me (immortalisée par Aretha Franklin en 1970) étant empruntée à Bobby "Blue" Bland - Paul a enregistré quasiment tous les instruments de Soul Shadows dans son home studio avec la collaboration de son fils Jack à la batterie, ainsi que dans les studios AIR à Londres, où il y alloua les services d'une section de cordes et de cuivres, que la légende Pee-Wee Ellis (saxophoniste des JB's aux côtés de Fred Wesley et autres Maceo Parker) a lui-même arrangé dans le classieux Sweet Soul Legacy. Le multi-instrumentiste privilégie les sonorités soul lisses et sophistiquées (Keep On Loving You, Bet Your Life) à la production impeccable (peut-être trop ?), sa voix de velours survole des orchestrations raffinées au groove certain (Late At Night, Say What You Mean) qui lorgnent parfois sur le rock'n'roll Too Good To Be True, la folk Watching Over Me et la pop Thats How I Feel.

jeudi 4 février 2016

Soulwax – Belgica OST (Pias)


Soulwax – Belgica OST (Pias)

Belgica est le 5° film du réalisateur belge Felix Van Groeningen, primé à Cannes en 2009 pour sa comédie dramatique La Merditude Des Choses il reçut en 2014 le César du meilleur film étranger avec Alabama Monroe.
Remportant le prix de la meilleure réalisation dans la catégorie "World Dramatic" au festival du film de Sundance (USA) en janvier 2016, Belgica raconte la success story de deux frères, Jo et Franck, à la tête d'un bar-club à Gand qui va rapidement devenir un lieu incontournable du monde de la nuit.

Evidemment ce qui nous intéresse ici n'est pas forcément le long métrage en lui-même, mais plutôt sa bande originale réalisée avec maestria par le groupe electro-rock flamand Soulwax alias 2 Many Djs. En effet, depuis 2008 et la parution de leur CD/DVD Part Of The Weekend Never Dies, la formation s'est faite discrète dans les bacs, se concentrant sur son projet novateur Radio Soulwax. Elle revient en force avec un recueil de 16 compositions sulfureuses et bien calibrées, alliant techno, punk, rock, avant-garde, blues et funk

Les frangins Stephen et David Dewaele ont fait appel à une pléiade de formations fictives pour mettre en musique cette histoire ancrée dans la nightlife gantoise. On y retrouve par exemple la chanteuse pop néo-soul Charlotte dans le sublime et cosmique The Best Thing ou le groupe turc electro-world Kursat 9000 dans le kitschissime Çölde Kutup Ayisi.

Ailleurs c'est le kuduro d'Erasmus qui affole le dancefloor du Belgica avec Ti Recordi Di Mi, puis le rockabilly psychédélique de They Live dans l'électrisant The Cookie Crumbles ou bien le combo hardcore Burning Phlegm dans un Nothing assommant.

Moins exubérants, Aquazul et Diploma distillent un son electro funk jouissif, Roland McBeth un blues brulant, Danyel Galaxy une electronica aux synthés retro-futuristes et le doux Robert Vanderwiel une folk en forme d'aurore boréale.

Bref, tout un programme!


Deja Mu - The Work's All Done (Grandmas Records/Differ-ant)


Deja Mu - The Work's All Done (Grandmas Records/Differ-ant)

Deja Mu, projet mené pat le multi-instrumentiste Philippe Bellet, publie son second opus baptisé The Work's All Done. Rejoint par le musicien touche-à-tout Ludovic Montet, le duo guitare-batterie déjanté, coloré et parfois même un brin psyché, fusionne les sonorités vintage du rockabilly avec des éléments folk, country et jazzy, le tout rehaussé de reflets latins penchant vers la cumbia. Les deux acolytes chantent en anglais sur des mélodies joyeuses et fleuries mais souvent brinquebalantes. C'est précisément cette impression de fraîcheur qui donne au disque son côté touchant et attachant, comme si deux ados répétaient de vieux titres des années 50 dans la cave en désordre de mamie, en s'enregistrant sur un vieux magnétophone.

 

Jeremy Loops - Trading Change (Jeremy Loops)

Jeremy Loops - Trading Change (Jeremy Loops)

Le musicien sud-africain Jeremy Loops nous présente son premier opus Trading Change, à paraître en France le 26 février prochain. L'intro de Sinner géo localise d'emblée la musique de ce jeune conteur des temps modernes, le chœur d'inspiration zoulou nous invite en effet à parcourir sa terre natale au sud d'une Afrique qu'il  protège ardemment avec son association GreenPop engagée contre la déforestation. Armé de sa guitare et de son looper, il bâtit son univers musical en juxtaposant rythmes urbains et folk mélodieuse aux accents corrosifs. Mêlant sonorités acoustiques afro-roots et reflets électroniques, Jeremy crée ses boucles, souffle dans son harmonica, gratte ses guitares et banjos, chante bien sûr mais scande aussi, tel un MC as du beatboxing. L'activiste emprunte autant à la country et à la pop qu'au hip-hop et au surf rock, maîtrisant l'art de l'homme orchestre tel un Ed Sheeran.

mercredi 3 février 2016

Ivan Tirtiaux - L'Envol (Là Productions/Modulor)

Ivan Tirtiaux - L'Envol (Là Productions/Modulor)

Le jeune chanteur belge Ivan Tirtiaux publie son premier opus intitulé L'Envol. Et quelle meilleure entrée en matière que son titre d'ouverture Charlatan, révélant un univers musical country-folk dominé par la guitare et une écriture subtile?

Il manie un répertoire de mots justes faisant mouche à tous les coups et maîtrise à merveille une voix profonde allant aussi bien chercher les aigus de -M- (Je me Brûle les ailes) et la douceur de Matthieu Boogaert que les grains de Dick Annegarn (Présage) ou d'Arthur H.
Ses mélodies solaires aux accords sophistiqués et aux rythmiques chaloupées explorent les sonorités latines et notamment brésiliennes, en témoignent les bossa nova La Marche du Soleil et Ta Tristesse ou le très nordestino Pourquoi Remettre à Demain. Dans Les Océans il fait même une halte au Cap-Vert, empruntant à la regrettée Césaria les saveurs saudade d'une morna.

Graines d'Arbres et son blues nous invite sur les bords du Mississippi, un somptueux quatuor à cordes y ajoute une touche cinématique des plus prenantes avant que l'hypnotique Berceuse fasse son œuvre. Dans La Guitare, ce sont les mots de Louis Aragon qui expriment le lien si intime et particulier qu'il entretient avec son instrument. Ses arrangements plantent le décor, la finesse de sa plume et la matière autobiographique font le reste.

Pour ce baptème de l'air Ivan a su s'entourer de musiciens d'exception, Raphael Dumas à la mandoline et au banjo, Stéphane Poujin à la batterie et aux percussions, puis Eric Bribosia au piano.

Le songwriter redonne aux chansons à textes leurs lettres de noblesse, insufflant une brise plus contemporaine de spleen, de doute et de mélancolie à un genre trop souvent borné aux vénérables Gainsbourg, Brassens et autres Ferré.

Une magnifique découverte! 
 

Ian Shaw - The Theory Of Joy (Harmonia Mundi Jazz Village)


Ian Shaw - The Theory Of Joy (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le crooner anglais Ian Shaw nous présente son nouvel opus baptisé The Theory Of Joy et dès les premières mesures de Small Day Tomorrow le chanteur (auteur, compositeur, humoriste, animateur radio et producteur) impose un swing radieux, soutenu par son trio jazz 'so british' composé du pianiste Barry Green, du bassiste Mick Hutton et du batteur Dave Ohm.

Le quartet nous présente une suite de 12 titres aux délicats reflets pop, étant pour la plupart des reprises d'icônes du monde de la chanson. On remarque bien sûr la sublime interprétation en forme de ballade émouvante du Where Are We Now de David Bowie (RIP) qui résonne aujourd'hui d'une façon toute particulière…!

Joni Mitchell  figure elle aussi au programme avec une version très soul d'In France They Kiss On Main Street, ailleurs c'est Michel Legrand qui est à l'honneur avec une autre hymne romantique, How Do You Keep The Music Playing dans laquelle Ian déploie une voix douce et touchante maîtrisée avec nuance et retenue

Plus loin le fantôme de Jacques Brel surgit d'un de ses thèmes à l'universalité avérée, If You Go Away/Ne Me Quitte Pas, qui date de 1959. Ian la joue seul, assis devant son piano il chante ce texte emblématique du poète belge avec la sensibilité qui s'impose. L'exercice est pourtant devenu périlleux depuis que la diva Nina Simone s'en est emparée en 1971, lui conférant une profondeur insondable!

Toujours attaché à l'univers de la variété internationale, il enrichie son répertoire avec You've Got To Peak A Pocket Or Two, succès de l'anglais Lionel Bart extraite de sa comédie musicale Oliver! (inspirée par la nouvelle Oliver Twist de Dickens) ou encore Everything de l'auteur américain Paul Williams.

Le rock progressif de la formation britannique Traffic figure lui aussi dans ce Theory Of Joy avec le titre The Low Sparks Of High Heeled Boys dans lequel Ian s'autorise quelques coups de voix à la manière de Steve Winwood !

L'artiste aux multiples facettes reprend aussi le standard du jazz You Fascinate Me So écrit en 1958 et que l'immense Blossom Dearie immortalisait aux côtés notamment de Ray Brown et Kenny Burrell.

Il écrit et compose 3 morceaux, le touchant My Brother qui raconte l'histoire de son frère Gareth décédé avant sa naissance, l'énergique All This And Betty Too (un grand moment de jazz vocal) et la bossa nova Somewhere Towards Love.

Ian Shaw s'impose comme un chanteur de jazz majeur, qui s'inscrit aux côtés de ses compatriotes Mark Murphy (son mentor) et Kurt Elling parmi les étoiles du jazz actuel.


 

mardi 2 février 2016

Greg Sawyer - Home EP (Falk Recordings)

Greg Sawyer - Home EP (Falk Recordings)

Le Dj/producteur Greg Sawyer, chargé de communication pour le label londonien Defected Records depuis plus de 8 ans, publie chez Falk Recordings une nouvelle collection de 3 titres plutôt orientés deep-house, aux ambiances chill, aériennes et un brin dark. L'EP baptisé Home dégage, malgré son mode mid-tempo cinématiqueune exigence house bien affirmée, le titre éponyme dévoile une trame mélodique tissée au travers de nappes de synthés vaporeux, qui tend à s'assombrir dans le cosmique Caedmon. Misunderstood est pour moi la plus belle réussite de l'EP, il étale progressivement son groove contagieux et organique pour finalement imposer ses reflets soulful des plus sensuels.