David Bressat - True Colors (Obstinato/Inouïes Distribution)
Le pianiste lyonnais David Bressat publiait le 1er Novembre dernier son cinquième opus en tant que leader baptisé True Colors, un album cuivré et vibrant enregistré en live au club Crescent à Mâcon, le 19 Juin 2019. La magie du direct opère d'emblée dans ce recueil de 7 compositions, dont 6 écrites par le pianiste. La chaleur d'un public enthousiaste et l'acoustique feutrée si particulière du club situé rue Rambuteau, font des merveilles et sont bien restituées par la prise de son d'Olivier Biffaud,comme par le mixage et le mastering sans artifices de Stéphane Piot (Studios de l'Hacienda) et François Fanelli (Sonics Mastering).
Entouré de Charles Clayette à la batterie, Florent Nisse à la contrebasse (auteur du titre "Flow"), Eric Prost au saxophone ténor (un des 3 membres fondateurs du Crescent en 1994) et Aurélien Joly à la trompette, le jazzman nous livre un concert d'énergie fédératrice, plein d'authenticité et de dynamisme, où s'impose une belle complicité du quintet, aussi bien en phase dans des morceaux up-tempo tel qu'"Une Belle Virée", que dans de tendres ballades comme la subtile "Daum Vole"...
On s'y croirait !
La saxophoniste Céline Bonacinaprésentait le 18 Octobre dernier via Cristal Records son cinquième opus baptisé Fly Fly, un titre évocateur qui en dit long sur le propos du disque pensé, avec le concours de son acolyte le contrebassiste canadien Chris Jennings, comme une invitation au voyage. Ce dernier, auteur de 5 des 13 compositions de l'album, est épaulé par le batteur, percussionniste et chanteur Jean-Luc Di Fraya. Le guitariste Pierre Durandrejoint le trio sur près de la moitié du projet mixé avec brio par le complice de la première heure, Nguyên Lê. Portée par ce casting prestigieux, la musicienne envoûte son auditoire avec les tessitures de ses saxophones baryton et soprano, lui offrant un répertoire jazz-fusion libre et résolument moderne, aux grooves colorés ("Friends & Neighbours Too") et aux ambiances immersives ("An Angel's Whisper"). Des pistes aux rythmiques inspirées et énergiques ("Still Running", "Borderline") côtoient des moments d'errance musicale apaisés et aériens ("An Angel's Caress"); tous sont pénétrées de sonorités world ("Tack Sa Mycket", "Cameo Carvings") tantôt acoustiques et organiques, tantôt plus électriques et hypnotiques ("High Vibration")... On appréciera également la présence vibrante des voix, celles de Céline et Jean-Luc ("Ivre Sagesse").
A découvrir d'urgence!
Matthis Pascaud Square One - Clap Clap (Shed Music/Absilone)
"Déroutant", c'est le premier mot qui me vient à l'esprit en écoutant Clap Clap, second opus du jeune guitariste parisien Matthis Pascaud.A la tête de Square One, un quartet éblouissant aux sonorités électriques décapantes, le musicien cuisine sa tambouille jazz progressive et pimentée dans un cocotte minute prête à exploser, faisant voler en éclats tous les codes stylistiques et nous rappelant par la même les grandes heures du jazz fusion de Weather Report ou du Mahavishnu Orchestra. Rock, pop, blues, jazz, funk et psychédélisme se bousculent et se télescopent dans des compositions brillantes au son tantôt lourd et ravageur, tantôt planant ou immersif. S'expriment aux côtés du compositeur inspiré le précieux Christophe Panzani au saxophone ténor, Tony Paeleman à l'orgue Hammond et au Fender Rhodes - mais c'est surtout en temps qu'ingénieur son du projet qu'il s'illustre - et l’incontournableKarl Jannuska à la batterie. Le bassiste Ouriel Ellertintervient sur 4 titres et c'est Matthis lui-même qui officie à la basse électrique sur le reste de l'album, comme aux claviers d'ailleurs. Le guitariste tient également les baguettes pour le Clap de fin "Lost Memories", titre envoûtant qui clôtun disque plein d'énergie et de rebondissements.
L'immense trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf nous revient avec un onzième opus studio haut en couleur, baptisé S3NS. Toujours là où on ne l'attend pas, l'infatigable compositeur nous dévoile cette fois-ci son hommage aux sonorités latines et afro-cubaines, qu'il a savamment orchestré dans un disque bluffant d'énergie et de fraîcheur, gorgé de notes funk, disco, rock, électro, jazz et orientales... Une large palette de nuances qui caractérisent sa marque de fabrique si singulière et fédératrice.
Pour l'accompagner dans ce périple sud-américain et caribéen, le virtuose de la trompette micro-tonale s'est entouré de sacrées pointures et notamment de 3 pianistes majeurs de la nouvelle scène jazz cubaine, les éblouissants Harold Lopez Nussa, Alfredo Rodriguez et Roberto Fonseca. Deux autres artistes incontournables du cru se dégagent également de ce casting XXL rassemblant pas moins d'une quinzaine de musiciens, il s'agit du saxophonisteIrving Acaoet de la violoniste Yilian Canizares...
En guest-stars, Ibrahimconvie deux icônes absolues adulées encore aujourd'hui dans leurs pays respectifs comme dans le monde entier. Dans son titre d'ouverture "Una Rosa Blanca", on peut entendre la voix de Barack Obama,quireprenait dans son allocution depuis La Havane en 2016, un poème de José Marti (père de l'indépendance cubaine) et dans "Radio Magallanes", celle de l'ancien président chilien Salvador Allende,s'adressant à son peuple lors d'un dernier discours donné en 1973, avant qu'il ne soit renversé par le dictateur Augusto Pinochet... Forcément, ces enregistrements passés à la postérité n'ont pas été choisis par hasard, ni pour leur seule musicalité !
Membre du label tourangeau Roche Musique fondé par Cézaire en 2012, Baptiste Mours alias Zimmer fait parti de cette clique de jeunes producteurs descendants de la French Touch, férus d'un son chill et deep house élégant, immersif et entêtant.Comme ses acolytes FKJ, Kartell, Crayon et Darius, il s'évertue à proposer une alternative sérieuse à la scène electro mainstream plutôt tapageuse, insufflant dans ses ambiances accocheuses, des mélodies planantes et des rythmiques hypnotiques gorgées de références clairement house, ambient, disco et pop, mais également techno.C'est ce penchant technoïde qu'il a d'ailleurs choisi d'approfondir dans son premier opus intitulé Zimmer.
Masterisé par Alex Gopher,le disque aux nappes de synthés nébuleuses rassemble quelques guests intéressants comme le guitariste de Christine and The Queen ("Bai" et le funky "Thunder"), l'excellent duo australien Panama ("Wildflowers" et "Make It Happen") et la douce chanteuse néo-zélandaise Laumé ("Side Of You").
Tantôt intense et sombre ("Dawn", "Beast" et "Mouvement") tantôt plus radieux et contemplatif ("Physique", "Rey" et "Landing"), ce premier long format nous permet d'apprécier toute les nuances de la palette musicale du Dj, croisant subtilement un tas d'influences allant de Jamie XX à Jon Hopkins en passant par Bicep, Superpoze, Rone ou encore Bonobo...
Le prodige Frédéric Perreard, pianiste parisien surdoué et précoce, publie son second opus baptisé Romantic Sketches, recueil de 11 compositions inspirées, alliant la science du swing et l'énergie du groove dans un jazz décomplexé plutôt acoustique et résolument moderne, qui évolue à la croisée des scènes européennes et new-yorkaises. Accompagné de ses fidèles complices Arthur Alard à la batterie et Samuel F'hima à la contrebasse, Fred élabore un univers musical nuancé ("JCH", "Garden") et rythmé à la fois ("London", "Crépuscule"), établissant des passerelles inattendues entre une écriture savante ("Expessions") et des sonorités urbaines ("Turn Around","Like Crimson"). Six invités exceptionnels viennent étoffer les rangs du trio, s'y côtoient ainsi les incontournables Camille Durand au chant, Irving Acao au saxophone ténor et Baptiste Herbin au saxophone alto, ainsi que les excellents Balthazar Naturel à la flûte traversière, Marie Tournemouly au violoncelle et Hermon Mehari à la trompette... Que du beau monde!
Les deux guitaristes de jazz originaires du sud de la France Alain Soler et Rémi Charmasson publieront le 15 Novembre prochain via le label jarlandin Durance, un hommage tendre et vibrant à leur vieux complice, le saxophoniste marseillais André Jaume, personnage emblématique de la scène jazz hexagonale depuis les années 70, s'étant notamment illustré auprès de Michel Petrucciani, Joe McPhee, Daniel Humair ou encore Charlie Haden et John Medeski... Le sobre et élégant Mr A.J. sonne donc comme une célébration sans artifice et pleine de chaleur, adressée par ses compagnons de longue date au musicien bientôt octogénaire.
Reprenant quelques unes de ses compositions les plus significatives, comme "Beguin" ou "Marratxi", le tandem y interprète également ses propres thèmes - "Is It a French Song?" et "Blues des Communards" - ainsi que des reprises incontournables signées Django Reinhardt, Charlie Chaplin ou The Beatles.
