Le saxophoniste franco-arménien Alexis Avakian nous présente son second opus intitulé Hi Dream, un disque de jazz métissé de sonorités traditionnelles qui succède à un premier Digging Chami, largement salué par la critique et nommé 'révélation française 2014' par Jazz Magazine. Toujours entouré de sa fine équipe composée du batteur Fabrice Moreau, du contrebassiste Mauro Gargano et du pianiste Ludovic Allainmat, il invite une nouvelle fois le doudoukiste Artyom Minasyan, déjà présent par le passé et composante essentielle d'un projet enraciné dans un folklore que la mère du leader (joueuse de Qanûn) lui transmis dès sa plus tendre enfance, passée d'ailleurs à Marseille, cité de la diversité par excellence.
Présente et palpable sur au moins 4 des 11 titres, cette mémoire n'est pourtant pas prédominante dans Hi Dream, en effet le jazzman (que l'on découvre aussi à la flûte et à la guitare) fervent admirateur d'Archie Shepp et formé auprès d'Eric Barret, Sylvain Beuf, Grant Stewart et Jerry Bergonzi, est très tôt tombé dans la marmite du jazz et s'est depuis converti à l'improvisation et aux jam sessions parisiennes, ville qu'il a rejoint en 2006 et où il s'est produit notamment avec Franck Amsallem, Remi Vignolo ou Philippe Soirat.
Hi Dream est un disque poignant, et si l'on frissonne au son du doudouk dans le nostalgique "Adieu mon Drôle" ou dans "Boulevard des Pins", titre témoin de l'exil arménien et de ses espérances, on se fait emporter par le swing trépidant de "Glendale" ou de l'hommage au mentor "Per Gonzi". Plus loin, l'artiste nous délivre les ballades nocturnes "Agnès" et "Minor Mood", qui font briller la tessiture accrocheuse, franche et massive de son saxophone ténor qui nous fait forcément songer à un autre de ses modèles, John Coltrane.