Dario d'Attis
- Breaks For Peace EP (Strictly Rhythm)
Le Dj/producteur suisse Dario
d'Attis publie son dernier EP Breaks
For Peace sur le label new-yorkais Strictly
Rhythm. Ayant surement hérité de son père batteur un goût pour les grosses
caisses bien burnées, il nous livre ici 2 productions musclées dont la première, au titre éponyme, est résolument orientée tech house avec sa bassline hypnotique
et bien grasse nous collant au dancefloor. Le second morceau s'intitule My Tip, Dario l'a voulu moins sombre et davantage soulful que Breaks for Peace.
Ses vocaux, ses nappes de claviers et son groove
contagieux le placeront sans doute dans bon nombre de sets estivaux et raviront
assurément les aficionados d'une deep-house
dansante aux sonorités organiques et sensuelles.
il était invité par Sam Divine (DJ Resident de Defected Records) sur le podcast du label londonien, son mix est en deuxième heure de l'émission...
Paul Carrack - Soul
Shadows (Proper Music Distrib)
L'une des figures familières et respectées de la scène pop-rock
britannique Paul Carrack (Roxy Music,
Mick + The Mechanics, Ace, Squeeze's, Nick Lowe, Elton John, Ringo Starr, BB
King…) publie son nouvel opus Soul
Shadows, explorant encore un peu plus les contrées blue eyed soul et R&B
que son précédent Rain Or Shine
abordait en 2013. Engagé pour sa voix et ses talents de claviéristes par son
ami de longue date Eric Clapton à
l'occasion de sa tournée anglaise et internationale courant 2016, le chanteur affiche au compteur presque 40
années de carrière. A l'origine de 10 des 11 thèmes présentés dans son album - la
ballade Share Your Love with Me (immortalisée
par Aretha Franklin en 1970) étant empruntée à Bobby "Blue" Bland -
Paul a enregistré quasiment tous les instruments de Soul Shadows dans son home studio avec la collaboration de son fils
Jack à la batterie, ainsi que dans
les studios AIR à Londres, où il y alloua
les services d'une section de cordes et de cuivres, que la légende Pee-Wee Ellis (saxophoniste des JB's
aux côtés de Fred Wesley et autres Maceo Parker) a lui-même arrangé dans le
classieux Sweet Soul Legacy. Le
multi-instrumentiste privilégie les sonorités
soul lisses et sophistiquées (Keep On
Loving You, Bet Your Life)à la production impeccable (peut-être
trop ?), sa voix de velours survole des orchestrations raffinées au groove
certain (Late At Night, Say What You Mean) qui lorgnent
parfois sur le rock'n'rollToo Good To Be True, la folkWatching Over Me et la popThats How I Feel.
Belgica est le 5°
film du réalisateur belge Felix Van
Groeningen, primé à Cannes en 2009 pour sa comédie dramatique La Merditude Des Choses il reçut en 2014 le César du meilleur film étranger avec Alabama Monroe.
Remportant le prix de la meilleure réalisation dans la catégorie "World Dramatic" au
festival du film de Sundance (USA) en
janvier 2016, Belgica raconte la
success story de deux frères, Jo et Franck, à la tête d'un bar-club à Gand
qui va rapidement devenir un lieu incontournable du monde de la nuit.
Evidemment ce qui nous intéresse ici n'est pas forcément le long
métrage en lui-même, mais plutôt sa bande
originale réalisée avec maestria par le groupe electro-rock flamand Soulwax
alias 2 Many Djs. En effet, depuis 2008
et la parution de leur CD/DVD Part Of
The Weekend Never Dies, la formation s'est faite discrète dans les bacs, se concentrant sur son projet novateur Radio Soulwax. Elle revient en
force avec un recueil de 16 compositions
sulfureuses et bien calibrées, alliant
techno, punk, rock, avant-garde, blues et funk…
Les frangins Stephen et
David Dewaele ont fait appel à une pléiade de formations fictives pour mettre
en musique cette histoire ancrée dans la nightlife gantoise. On y retrouve par
exemple la chanteuse pop néo-soul
Charlotte dans le sublime et cosmique The
Best Thing ou le groupe turc electro-worldKursat 9000 dans le kitschissime Çölde Kutup Ayisi.
Ailleurs c'est le kuduro
d'Erasmus qui affole le dancefloor
du Belgica avec Ti Recordi Di Mi, puis le rockabilly
psychédélique de They Live dans l'électrisant
The Cookie Crumbles ou bien le combo hardcoreBurning Phlegm dans un Nothing
assommant.
Moins exubérants, Aquazul
et Diploma distillent un son electro funk jouissif, Roland McBeth un blues brulant, Danyel Galaxy
une electronica aux synthés retro-futuristes
et le doux Robert Vanderwiel une folk en forme d'aurore boréale.
Deja Mu - The
Work's All Done (Grandmas Records/Differ-ant)
Deja Mu, projet
mené pat le multi-instrumentiste Philippe
Bellet, publie son second opus baptisé The
Work's All Done. Rejoint par le musicien touche-à-tout Ludovic Montet, le duo
guitare-batterie déjanté, coloré et parfois même un brin psyché, fusionne
les sonorités vintage du rockabilly
avec des éléments folk, country et jazzy,
le tout rehaussé de reflets latins
penchant vers la cumbia. Les deux
acolytes chantent en anglais sur des
mélodies joyeuses et fleuries mais souvent brinquebalantes. C'est précisément
cette impression de fraîcheur qui
donne au disque son côté touchant et attachant, comme si deux ados répétaient de
vieux titres des années 50 dans la cave en désordre de mamie, en s'enregistrant
sur un vieux magnétophone.
Le musicien sud-africain Jeremy Loops nous présente son premier opus Trading Change, à paraître en France le 26 février prochain. L'intro
de Sinner géo localise d'emblée la
musique de ce jeune conteur des temps modernes, le chœur d'inspiration zoulou nous invite en effet à parcourir sa
terre natale au sud d'une Afrique qu'ilprotège
ardemment avec son association GreenPop engagée
contre la déforestation. Armé de sa guitare et de son looper, il
bâtit son univers musical en juxtaposant rythmes
urbains et folk mélodieuse aux
accents corrosifs. Mêlant sonorités
acoustiques afro-roots et reflets électroniques, Jeremy crée ses boucles,
souffle dans son harmonica, gratte
ses guitares et banjos, chante bien
sûr mais scande aussi, tel un MC as
du beatboxing. L'activiste emprunte autant
à la country et à la pop qu'au hip-hop et au surf rock,
maîtrisant l'art de l'homme orchestre
tel un Ed Sheeran.
Le jeune chanteur belge Ivan
Tirtiaux publie son premier opus intitulé L'Envol. Et quelle meilleure entrée en matière que son titre
d'ouverture Charlatan, révélant un
univers musical country-folkdominé par la guitare et une écriture subtile?
Il manie un répertoire de mots justes faisant mouche à tous
les coups et maîtrise à merveille une voix profonde allant aussi bien chercher les aigus
de -M- (Je me Brûle les ailes) et la douceur de Matthieu Boogaert que les grains de Dick Annegarn (Présage) ou
d'Arthur H.
Ses mélodies solaires
aux accords sophistiqués et aux rythmiques chaloupées explorent les
sonorités latines et notamment brésiliennes, en témoignent les bossa nova La Marche du Soleil et Ta
Tristesse ou le très nordestinoPourquoi Remettre à Demain. Dans Les Océans il fait même une halte au
Cap-Vert, empruntant à la regrettée Césaria les saveurs saudade d'une morna.
Graines d'Arbres et
son blues nous invite sur les bords
du Mississippi, un somptueux quatuor à cordes y ajoute une touche cinématique
des plus prenantes avant que l'hypnotique Berceuse
fasse son œuvre. Dans La Guitare, ce sont les mots de Louis Aragon qui expriment le lien si intime et particulier qu'ilentretient avec son instrument. Ses arrangements plantent le décor, la finesse de sa plume et la matière autobiographique font le reste. Pour ce baptème de l'air Ivan a su s'entourer de musiciens
d'exception, Raphael Dumas
à la mandoline et au banjo, Stéphane
Poujin à la batterie et aux percussions, puis Eric Bribosia au piano. Le songwriter redonne
aux chansons à textes leurs lettres de noblesse, insufflant une brise plus
contemporaine de spleen, de doute et de mélancolie à un genre trop souvent borné aux vénérables Gainsbourg, Brassens et autres Ferré.
Ian Shaw -
The Theory Of Joy (Jazz Village/Harmonia Mundi)
Le crooner anglais Ian
Shaw nous présente son nouvel opus baptisé The Theory Of Joy et dès les premières mesures de Small Day Tomorrow le chanteur (auteur,
compositeur, humoriste, animateur radio et producteur) impose un swing radieux, soutenu par son trio jazz 'so british' composé du
pianiste Barry Green, du bassiste Mick Hutton et du batteur Dave Ohm.
Le quartet nous présente une suite de 12 titres aux délicats reflets pop, étant pour la
plupart des reprises d'icônes du monde de la chanson. On remarque bien sûr la
sublime interprétation en forme de ballade émouvante du Where Are We Now de David
Bowie (RIP) qui résonne aujourd'hui d'une façon toute particulière…!
Joni Mitchellfigure elle aussi au programme avec une version très soul d'In France They Kiss On Main Street, ailleurs
c'est Michel Legrand qui est à
l'honneur avec une autre hymne romantique, How
Do You Keep The Music Playing dans laquelle Ian déploie une voix douce
et touchante maîtrisée avec nuance et retenue…
Plus loin le fantôme de Jacques
Brel surgit d'un de ses thèmes à l'universalité avérée, If You Go Away/Ne
Me Quitte Pas, qui date de 1959. Ian
la joue seul, assis devant son piano il chante ce texte emblématique du poète
belge avec la sensibilité qui s'impose. L'exercice est pourtant devenu périlleux
depuis que la diva Nina Simone s'en
est emparée en 1971, lui conférant une profondeur insondable!
Toujours attaché à l'univers de la variété internationale, il enrichie son répertoire avec You've Got To Peak A Pocket Or Two, succès
de l'anglais Lionel Bart extraite de
sa comédie musicale Oliver! (inspirée
par la nouvelle Oliver Twist de Dickens) ou encore Everything de l'auteur américain Paul Williams.
Le rock progressif de la formation britannique Traffic figure lui aussi dans ce Theory Of Joy avec le titre The Low Sparks Of High Heeled Boys dans
lequel Ian s'autorise quelques coups
de voix à la manière de Steve Winwood !
L'artiste aux multiples facettes reprend aussi le standard du jazzYou Fascinate Me So écrit en 1958 et que l'immense Blossom Dearie immortalisait aux côtés notamment
de Ray Brown et Kenny Burrell.
Il écrit et compose 3 morceaux, le touchant My Brother qui raconte l'histoire de son
frère Gareth décédé avant sa naissance, l'énergique All This And Betty Too (un grand moment de jazz vocal) et la bossa nova Somewhere Towards Love.
Ian Shaw s'impose
comme un chanteur de jazz majeur, qui s'inscrit aux côtés de ses compatriotes Mark
Murphy (son mentor) et Kurt Elling parmi les étoiles du jazz actuel.