Yuna est une
jeune chanteuse pop originaire de Malaisie,
elle publie sur Verve son nouvel
opus enregistré à Los Angeles baptisé Nocturnal.
Véritablement taillé pour inonder les ondes radio, l’album se compose de 11
titres efficaces et prenants, habités par la voix soul et sensuelle d’une artiste que l’on compare allègrement aux
stars internationales Feist et Adele. Alliant
les sonorités pop, electro, soul et R&B à son premier amour le folk, Yuna élabore
des mélodies enivrantes et scintillantes, n’hésitant pas à y faire sonner des
instruments traditionnels de son pays natal. Le résultat de cette fusion indie-pop/indie-soul
est séduisant et colle parfaitement à l’air du temps…
Le duo electro The
Subs originaire de Belgique et basé à Londres publie son troisième LP
intitulé Hologram. Jeroen De Pessemier aka David Newtron et Wiebe Loccufier aka Dj Tonic
se sont rapprochés pour l’occasion du multi-instrumentiste Hadrien Lavogez pour amorcer un
virage pop aux vibrations soul, laissant derrière eux un passif dance punk
sombre et underground, percutant et assourdissant. Les influences de la house anglaise, du trip-hop, du dubstep et
du hip-hop sont perceptibles tout au
long des 12 titres de l’album dans lesquels on retrouve des invité(e)s exceptionnel(le)s
comme Jay Brown (sœurette de VV
Brown), les excentriques Colonel Abrams et
Danny Greene, la divine Selah Sue ou encore l’immense Jean-Pierre Castaldi. The Subs se montre plus accessible que
jamais, empruntant presque quelques accents mainstream à l’electropop FM, tout en gardant sa touche singulière et expérimentale.
St. Paul
& The Broken Bones – Half The City (Single Lock Records/Differ-ant)
C’est une soul puissante et intemporelle que le sextet ancré
en Alabama, St. Paul & The Broken
Bones,nous présente dans un
premier LP aux sonorités vintage intitulé Half
The City. En 12 titres old school inspirés par les artisans d’un son racé,
issu de la tradition des états du sud des USA dans les 60’s, la formation menée
par le chanteur à la fabuleuse voix gospel/soul Paul Janeway nous invite à revivre les frissons qu’Otis Redding ou
Al Green nous offraient en leur temps… Les mauvaises langues diront que le
groupe se contente de singer les stars de la Motown et de Stax, mais laissons
les parler et régalons nous de ces petits moments nostalgiques d’une époque
glorieuse pour la black music.
Forcément, porter le nom d’une légende vivante doublée d’un
novateur génial du jazz vocal ne doit pas être chose aisée, pourtant Taylor McFerrin, fils aîné du célèbre
interprète du cultissime "Don’t Worry, Be Happy", brille et excelle
dans ce premier LP qu’il nous livre grâce à l’entremise du label Brainfeeder.
Early Riser est
un véritablebijou electro soul gorgé d’influences R&B, jazz et pop. Déjà
repéré aux côtés du claviériste Amp Fiddler et du rappeur anglais Ty, le jeune multi-instrumentiste/Dj/chanteur/producteur
et beatboxer basé à Brooklyn, sortait chez Ninja Tune en 2006 l’EP Broken Vibes et produisait en 2010 le
titre "Love Conversations"du crooner
José James. Flying Lotus le prend alors sous son aile et paraît en 2011 un
second EP Place In My Heart, dont le
titre éponyme, orienté electro pop, est
présent sur l’album avec la sensuelle participation de sa collègue de label, RYAT.
Taylor distille
avec maestria tout ce qui se fait de plus parlant et organique dans les
musiques urbaines et électroniques depuis les années 50 jusqu’à nos jours.
Au détour du très nu soul
"Florasia", digne des productions
langoureuses de Vikter Duplaix, l’artiste nous ballade entre l’ambiance nu-jazz de "Postpartum", l’atmosphère abstract
hip-hop de "Degrees Of Light", la rythmique
broken beat de "The Antidote" (où le flow de Nai
Palm des Hiatus Kaiyote nous ensorcelle), et la sophistication jazz des magnifiques "Already
There" (Robert Glasper au keys et
Thundercat à la basse !), "Invisible/Visible" (dans le lequel apparaissent
les mythiques Bobby McFerrin et César Camargo Mariano,grand pianiste brésilien) et enfin "PLS DNT LSTN" (une déferlante cosmic-jazz-groove
presque psychédélique). La chanteuse Emily
King rejoint elle aussi ce casting parfait dans "Décisions", une complainte dubsteb
qui nous rappellent les rapports intimes que Taylor McFerrin entretient avec la bass music londonienne.
Bref, comme beaucoup l’ont écrit, Early Riser est un disque,
ou plutôt une expérience à mener par sa propre écoute, sans lecture ou interprétation extérieure. C'est une réelle découverte avec la
promesse de moments musicaux intenses et profonds,
BRAVO ET MERCI TAYLOR MCFERRIN !
mercredi 10 septembre 2014
Lost Midas - Off The Course (Digital Single) (Tru Thoughts)
Le label anglais Tru Thoughts nous présente le second single de son protégé Jason Trikakis alias Lost Midas dont nous parlions ici lors de la parution de son subtil Head Games en Juin dernier, premier extrait de son debut album Off The Course.
On retrouve dans le titre éponyme, ce savant mélange de sonorités analogiques et digitales distillées dans une effluve mélodique pop rehaussée de beats abstract hip-hop, les synthés obsédants et lancinants servent quant à eux d'écrin délicat à une voix féminine fantomatique et sensuelle.
Disparus des écrans radar depuis leur dernier Konfusion paru
chez Ninja Tune en 2005, les deux dj/producteurs polonais Marcin Cichy et Igor Pudlo
refont enfin surface pour le bonheur des aficionados de sonorités nu-jazz bien ficelées et des nostalgiques de l’air electro-jazz des 90’s et début 00’s, largement
dominées par les Mr Scruff, Koop et autres Gabin.
Le duo Skalpel publie
chez Plug Audio Record un nouvel EP
de 5 titres intitulé Simple qui annonce
le prochain album Transit prévu d’ici
peu. On y retrouve les ingrédients qui firent leur succès à savoir une fusion délicate et bien dosée de beats électroniques
et de cool jazz polonais des années 60 et 70. Les compositions
sophistiquées de Skalpel expriment
leur passion commune pour le hip-hop, l’IDM, la drum & bass, le jazz et le
trip-hop… Le groove étant l’élément clé de leur musique, Marcin et Igor ont dû la
faire évoluer en gardant cet univers qui leur est propre, et dompter ainsi les toutes
dernières technologies pour parvenir enfin à se réinventer, à concevoir une musique hybride entre programmations d’instruments
virtuels et art du sampling.
Bel effort qui nous fait attendre avec impatience un album déjà
bouclé depuis plus d’un an et qui, selon les artistes, sera bien plus abouti
que Simple.
Le tout jeune beatmaker
californien nommé Napolian nous
offre via le label new-yorkais Software
Recording Co. une collection de 15 titres instrumentaux où les beats électro,
les samples et les synthés évoquent une
sensibilité aux sonorités hip-hop West Coast sans pour autant ressembler
aux productions conventionnelles du milieu utilisant trop souvent les sempiternels
breaks old-school, jazzy ou funky… En effet, Ian Evans aka Napolian aka Gunsandsynths développe avec Incursio des ambiances musicales singulières
autant sombres, brutales et syncopées que mélodieuses, délicates et enjouées. L’ensemble
est d’ailleurs à prendre comme un laboratoire d’expérimentations sonores et
rythmiques plutôt que comme un projet cohérent. Le hip-hop fricote avec une electronica tantôt chill sur des pistes
comme Peace & Safety ou L O B B Y, tantôt agressive aux relents
industriels avec Principalities ou THERM.G.