Tru
Thoughts 15th Anniversary (Tru Thoughts Recordings)
Le label anglais basé à Brighton Tru Thoughts fête cette année ses 15 ans d’existence. Embrassant
toutes les tendances musicales urbaines, on retrouve ses signatures dans les
milieux hip-hop, funk, ambient, electro, jazz, soul, reggae, afrobeat ou encore latino. Devenu une véritable marque de fabrique omniprésente dans
les festivals et sur les dancefloor avec des artistes tels Quantic, Bonobo ou
encore Alice Russell, Ty, Titeknots ou bien Omar et Nostalgia 77, Tru Thoughts a su entretenir
brillamment son indépendance et son attachement à la scène musicale
underground.
Le coffret Tru
Thoughts 15th Anniversary, qui ne sera disponible qu’en 500 exemplaires
numérotés et griffés par le grapheur Aroe,
se propose de présenter cette esthétique hétéroclite passée, présente et à
venir en 3 disques 33t colorés et 2 CDs, accompagnés d’un livret bardé d’interviews
et de photos.
Dans sa version basique, la compilation sort le 21
Octobre prochain sous la forme d’un double CD, avec au programme 31 titres
sélectionnés avec soins par le co-fondateur Robert Luis et sa team, où sonorités acoustiques et électroniques,
explorations et expérimentations, remixes et edits, succès éprouvés (de Bonobo ou Quantic) et futures (d’Harleighblu, Youngblood Brass Band
ou Lost Midas) se succèdent sans faute de goût.
La formation anglaise Magic
Drum Orchestra s’apprête à publier son premier album baptisé MDO. En attendant sa sortie prévue
courant Avril 2014 sur le label de Brighton TruThoughts Recordings, l’ensemble de percussions basé au
Royaume-Unis nous dévoile l’EP MDO
Sessions 1,rassemblant 5 titres révélateurs de leur addiction pour
la musique afro-brésilienne et leur passion pour les rythmes urbains.
Autant influencé par le dubstep, la drum & bass ou le le hip-hop que par la
batucada, la samba et l’afrobeat, Magic
Drum Orchestra s’amuse à reprendre le sulfureux hit de Snoop Dogg et
Pharrell « Drop It Like It’s
Hot », puis matraque un « Ragga
Samba » enflammé et festif, annonciateur de la prochaine coupe du
monde de foot au Brésil.
Paru en 2012 sur l’excellent label Brainfeeder basé à Los Angeles et piloté par le Dj/producteur/rappeur
Flying Lotus, l’album Totem est un manifeste abstract hip-hop bardé de samples lourds
et crasseux, survolés par la voix
fantomatique deRyat, largement
inspirée des accents nordiques policés de Björk.
Des arrangements de cordes évoquant les immenses steppes islandaises viennent parfois
caresser les instrus urbaines brutales et syncopées de la jeune compositrice,
héritées du glitch-hop et de la drum & bass. Chacun des titres
représente un animal spirituel, le cinématique « Hummingbird » (colibri), « Howl » (hibou) et ses sonorités jungle ou bien « Invisibly
Ours » et sa folk aérienne,
la onzième piste au titre éponyme closant un Totem hanté de bruits, de craquements, de vrombissements, de
gémissements électroniques et autres grésillements organiques ou minéraux. La
chanteuse déploie donc des atmosphères variées, on note ainsi les accents fusion jazz d’« Object Mob » réaffirmant le caractère hybride et composite de sa musique. Difficilement
accessible dès la première écoute, le disque sonne comme un enchevêtrement brouillon de textures sonores et de rythmiques
chaotiques. Dans ce dédale digital un seul fil conducteur demeure : la
voix fragile, fine et sensuelle de Christina
Ryat.
Benjamin Stefanski,
alias Raffertie, est un
jeune Dj/producteur basé à Londres. Dénicheur de talents, il a découvert le sublime duoAlunaGeorge, qui a marqué l’année 2013 avec la
sortie de Body Music dont est extraite la pépite R&B futuriste « Your Drums, Your Love », et dirige aussi l’exigent label Super,
apprécié par la scène club underground.
Sleep Of Reason,
paru sur Ninja Tune, est un premier
opus prometteur rassemblant toutes les sensibilités d’un artiste inspiré par
les musiques électroniques, la soul et la pop. Les textures que Benjamin
déploie sont sombres, parfois même angoissantes mais toujours organiques et
sensuelles. À celles-ci, vient s’ajouter une écriture mélancolique et touchante,
où l’artiste évoque son village natal sur les côtes britanniques. L’équilibre
fragile qui se dégage entre ses expérimentations sonores azimutées et ses sons
de cordes pincées ou frappées met en valeur une force mélodique plus qu’appréciable
pour l’auditeur.
Il s’approche singulièrement de la house, de la drum &
bass, de l’abstracthip-hop ou de l’electronica, usant de rythmiques narcoleptiques, de lignes de basse
envoutantes, de glitchs, de voix fantomatiques, de guitares et de synthés gavés
de réverbe. Raffertie abreuve les 13 titres du disque d’un élixir qui, comme l’écrit
Les Inrocks, « redéfinit la pop
anglaise en la requinquant de sons et de sang neufs ».
On pense ici et là à James Blake, Flume, Radiohead ou même Jamie
Lidell…
Des combinaisons savantes à découvrir et à redécouvrir à
chaque nouvelle écoute !
Illum
Sphere – Ghosts Of Then And Now (Ninja Tune)
Ryan Hunn, alias Illum Sphere, est un Dj/producteur
anglais issu de la scène électronique de Manchester. Remarqué pour ses mixes
inattendus et hétéroclites ainsi que pour ses remixes inspirés et atypiques (notamment pour Radiohead), le musicien publie son premier long format chez Ninja Tune intitulé Ghosts Of Then And Now. Influencé par les
courants musicaux basés sur les sonorités glitch,
drum & bass et ambient, Illum Sphere déploie une identité electronica singulière transformant ses triturations et explorations
sonores en de subtiles atmosphères tantôt cinématiques et aériennes, tantôt
bouillonnantes et entraînantes. Toutes ses textures sonores sont habillées de
synthés enivrants, de voix fantomatiques enchanteresses (celles de ShadowBox et de Mai Nestor), de cordes majestueuses et de mélodies planantes. Aux
confluences du chill (« Liquesce »), de la house (« Near The End » et ses accents jazzy), du dubstep (« Lights Out/In Shinjuku »), de la jungle (« At Night »
magique !), de l’abstract hip-hop
(« Ra_light ») voire du R&B (« The Road » ou le sublime « Love Theme From Foreverness »), Ryan Humm nous livre un disque impressionnant et intelligent au groove envoutant et hypnotique…
L’américain Travis
Stewart aka Machinedrum est un
dompteur de sequencers, de boîtes à rythmes, de samplers, de claviers et autres
merveilles technologiques, démocratisées jadis par les prophètes de l’air
électronique Kraftwerk.
Basé à Berlin et tout juste entré dans l’escarcelle du
prestigieux label anglais Ninja Tune,
il impose sa nouvelle touche Junglepost Dub-Stepversatile et mélancolique.
Ayant grandi en Caroline du Nord, il commence sa carrière
musicale comme batteur dans la fanfare de son école et percussionniste dans un ensemble
africain. Plus tard, des études d’ingénieur
du son le mènent à exercer son savoir-faire de beatmaker à New York, pour d’autres artistes.
Son premier disque « Now
You Know » paraît en 2001 chez Merck
Records, âgé de seulement 19 ans il expose alors son goût pour le Hip-Hop (façon Abstract de Prefuse73),
l’Electronica (telle qu’elle est
pensée par ses mentors Alphex Twin et Autechre du label Warp) et les expérimentations sonores (à grands
renforts de glitchs et de Fx). Influencé par les sonorités urbaines, il s’éprend
plus tard de la frénésie des courants électro musclés (fortement dotés en Bpm)
comme la Juke de Chicago (vision
accélérée de la Ghetto House), la Ghettotech de Détroit et autre Footwork.
Revisitant les 90’s et leurs lots de Hardcore, de Jungle et de
Rave, Travis enregistre en 2011 son septième
disque « Room(s) », ce
dernier marque alors un tournant décisif dans sa carrière musicale l’élevant
d’ailleurs au statut de star de la scène
électro underground. Au lieu de s’orienter vers un style qui le séduit, il
préfère rester immerger dans son melting-pot d’influences et produire des morceaux composites, alliant des phases
down-tempo nappées de synthés hypnotiques et mélodiques à des moments up-tempo
effrénés, percussifs et dynamiques.
« Vapor City » s’inscrit par bien des aspects dans
la continuité deses 10 années de syncrétisme stylistique,
mais il exprime pourtant une évolution notable. Stewart y introduit en effet davantage
de complexité dans les enchaînements de ses différentes textures. C’est ainsi
que les touches contemplatives d’Ambient
(soufflées, paraît-il, par le duo écossais Warpien Boards Of Canada) saupoudrées de samples vocaux quasi omniprésents,
de quelques accents jazzy, ragga et R&B, ornent les cendres encore
brûlantes d’une Drum & Bass classique
et racée. Loin de la musique expérimentale cherchant à innover au-delà de
toutes considérations esthétiques, le beau « Vapor City » sonne comme
un revival d’une époque sous acide
révolue, mais regrettée. Plein de nostalgie donc, mais pas seulement… L’expert
signe une galette emplie de magie, de
retournements, de surprises et de clairvoyance. C’est un projet fertile en
devenir annonçant une suite malgré ses
tonalités mélancoliques, et non pas le constat flamboyant d’une culture
musicale passée à la trappe d’une industrie du disque parfois amnésique.
Machinedrum prolonge l’expérience de son album-concept par un site interactif et participatif, mis en ligne à l’adresse
suivante : http://machinedrum.net/et représentant le plan d’une ville numérique
- Vapor
City - qu’il bâti dans ses rêves depuis déjà plusieurs années. Les 10
titres forment la bande-son de ces
quartiers utopiques.