mercredi 26 janvier 2022

Hasse Poulsen et Thomas Fryland - Dream A World (Das Kapital Records/L'Autre Distribution)

Hasse Poulsen et Thomas Fryland - Dream A World  (Das Kapital Records/L'Autre Distribution)

L'hyperactif Hasse Poulsen, guitariste, improvisateur, compositeur, chanteur et auteur - notamment co-pilote de la formation Das Kapital - nous revenait le 21 Mai 2021 avec le poétique et politique Dream a World, un nouveau projet élaboré en duo avec le trompettiste danois Thomas Fryland. Ce recueil tendre et intimiste qu'Hasse a entièrement interprété à la guitare acoustique, rassemble 14 pépites empruntées à des géants du jazz, de la folk ou de la musique classique. Présentés dans leur plus simple apparat, ces morceaux d'anthologie tels que "The Time They Are A-Changin'" de Bob Dylan, "Hallelujah" de Leonard Cohen, "Imagine" de John Lennon, "Hymn To Freedom" d'Oscar Peterson ou encore "l'Ode à la Joie" de Beethoven, résonnent ici et aujourd'hui d'une façon toute particulière. Passées à la postérité et devenue des symboles universels de résistance, de prise de conscience et de liberté, ces mélodies incontournables que le tandem habille juste de l'essentiel (avec comme couleur dominante le bleu), font mouche à nouveau, plongeant l'auditeur dans un état de contemplation mais aussi de réflexion, au regard d'une époque troublée, où les pires aspects de notre humanité semblent redoubler d'intensité...



Pierre de Bethmann - Ilium/Complexe (Aléa)

Pierre de Bethmann - Ilium/Complexe (Aléa)


Le label français de jazz fondé en 2015, Aléa, entamait il y a peu la réédition d'une série d'albums du projet Ilium, formation à géométrie variable menée au cours des années 2000 par le pianiste et claviériste parisien Pierre de Bethmann. Le disque éponyme Ilium et Complexe, respectivement enregistrés en 2003 en 2005 refont donc surface en premier, avant qu'au printemps 2022 ne soient republiés Oui et Cubique, puis Go en fin d'année. Portés par les sonorités électriques du piano rhodes, les deux opus - au sein desquels évoluent des musiciens d'exception tels que David El Malek au saxophone, Michael Felberbaum à la guitare, Clovis Nicolas puis Vincent Artaud à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie - expriment un groove accrocheur, parfois fougueux et souvent sophistiqué, mêlant habilement virtuosité, générosité, lyrisme et élégance. 15 ans après ses premiers pressages, le jazz d'Ilium ne semble pas avoir subi les outrages du temps, d'où l'intérêt de s'y replonger...




mercredi 15 décembre 2021

Mara TK - Bad Meditation (Extra Soul Perception)

Mara TK - Bad Meditation (Extra Soul Perception)

C'est au détour d'une écoute suggérée par les algorithmes d'une plateforme de streaming, que j'ai découvert les tendres nuances polynésiennes de la futur soul ouatée et terriblement accoucheuse de Mara TK, chanteur métisse, aux origines maoris et écossaises, officiant depuis 2009 dans la formation néo-zélandaise, Electric Wire Hustle. En mai dernier, il publiait sur le label Extra Soul Perception, son premier opus baptisé Bad Meditation, un recueil de 13 compositions qu'il a entièrement réalisé et interprété en solo, après 5 années de tâtonnements et d'apprentissages en studio. Abordant les thèmes universels de l'amour et de la perte, de l'enfance et de l'héritage culturel légué par ses ancêtres, Mara accouche d'un petit chef d'œuvre aux sonorités hybrides, où se mêlent avec sensualité des éléments acoustiques organiques et des textures électroniques immersives. On pense à Maxwell et sa néo soul nébuleuse, à Marvin Gaye bien sûr, à ses compatriotes du Fat Freddy's Drop, mais aussi à Adrian Younge et à l'incontournable H.E.R.... Mélancolique et hypnotique, le groove magique du jeune artiste fait mouche à tous les coups, caressant l'auditeur avec ses lignes de basse langoureuses et funky, dodelinant sur des nappes de claviers délicieusement dissonantes, des arpèges de guitares folk ou électriques aux saveurs vintage et des  lamentations de cordes fragiles et émouvantes... Le tout, aligné sur des rythmiques de percussions et de batteries aux charmes indicibles et à l'efficacité indécente.

A découvrir d'urgence!



mardi 14 décembre 2021

Fabrice Tarel Trio - Flower In The Desert (Tetrakord/Inouie Distribution)

 Fabrice Tarel Trio - Flower In The Desert (Tetrakord/Inouie Distribution)

C'est un bien bel album que nous présentait le 15 Octobre dernier le pianiste Fabrice Tarel et son épatant trio. Accompagné par une section rythmique inspirée, que pilotent ses complices Yann Phayphet à la contrebasse et Charles Clayette à la batterie, le compositeur et arrangeur français nous dévoile - pour la cinquième fois dans ce format qu'il affectionne tout particulièrement - un jazz fluide et mélodique, profondément immersif et hypnotique

Son esthétique (qui marie mélancolie et ultra-sensibilité, harmonies colorées aux influences classiques et swing chaleureux qui se muscle volontiers) se rapproche d'une certaine scène londonienne actuelle - qu'il a activement côtoyé pendant ses études au Leeds College of Music - ainsi que des grandes figures du piano jazz moderne, notamment l'immense Bill Evans

Intitulé Flower In The Desert, le recueil paru sur le label Tetrakord aligne 8 titres dont 7 thèmes originaux, à l'écriture résolument inventive et poétique. Une belle  découverte !



lundi 13 décembre 2021

Adrien Chicot - Babyland (Gaya Music/L'Autre Distribution)

Adrien Chicot - Babyland (Gaya Music/L'Autre Distribution)

Le quintet d'Adrien Chicot nous régale en cette fin d'année avec l'excellent Babyland. Le pianiste parisien nous l'adressait le 15 Octobre dernier via Gaya Music, entouré par un casting de haut vol. En effet, lui qui nous avait habitué, jusque-là, à la sacro sainte formule piano/basse/batterie - on se souvient notamment de City Walk en 2018 - s'exprime ici avec le soutien d'une section cuivre éblouissante, formée par les incontournables Ricardo Izquierdo au saxophone et Julien Alour à la trompette. Avec l'assise rythmique du contrebassiste Sylvain Romano et du batteur Antoine Paganotti, la formation captive son auditoire, l'abreuvant d'un jazz élégant, énergique et intense, où il est question d'enfance, de souvenirs, de jeux et d'insouciance. Ce brillant opus alignant 8 compositions originales gorgées de vibrations positives, s'apprécie d'autant plus que la période que nous traversons semble s'éterniser, avec son lot de noirceur et sa suite d'incertitudes.



vendredi 10 décembre 2021

Gilles Erhart, Benjamin Faugloire - Histoire (Jazz Family)

Gilles Erhart, Benjamin Faugloire - Histoire (Jazz Family)

Paru le 08 Octobre dernier chez Jazz Family, Histoire nous est proposé par un tandem de pianistes français, des musiciens de haut vol expérimentés dans bien des domaines. Ce recueil émouvant de 9 compositions autobiographiques écrites par Gilles Ehrart, croise avec tendresse ses souvenirs de famille à une belle histoire d'amitié, née il y a près de 20 ans. En effet, avec son ancien élève, devenu partenaire de jeu, Benjamin Faugloire, Gilles célèbre la mémoire de ceux qui l'ont accompagné et qui le soutiennent encore. Ensemble, ils élaborent un récit ponctué de nostalgie et de mélancolie, de douceur et de reconnaissance, où complicité et filiation coulent de source. Avec ses mélodies touchantes paraissant si familières et ses ambiances profondément intimistes, le disque délivre une musique très visuelle et inspirante. Les deux artistes, voguant sur les mêmes longueurs d'ondes, accordent à merveille les saveurs d'un jazz ample et poétique, la puissance évocatrice de la musique de film et l'universalité de la musique classique occidentale.



Léa Castro, Antoine Delprat - Fall (Jazz Family)

Léa Castro, Antoine Delprat - Fall (Jazz Family)


La chanteuse Léa Castro et le pianiste Antoine Delprat, complices en studio comme dans la vie, forment Fall, un duo inspiré qui publiait le 24 Septembre dernier un premier opus intimiste et émouvant au titre éponyme. Rassemblant 10 chansons profondes et 2 haikus vibrants aux couleurs d'automne, le recueil mêle avec intensité la poésie de Verlaine, Anna de Noailles, Jacques Prévert ou Emily Brontë, aux textes de Brassens ou de Gainsbourg, le tout mis en musique sur des arrangements jazz d'une extrême tendresse, où s'exprime la voix d'alto aux sonorités chaudes de Léa. Ces adaptations relient délicieusement les notes bleues de Vernon Duke (dans "Autumn In New York") ou de Sting (dans "Dienda") au romantisme de Gabriel Fauré ("Automne") et à la folk de Joni Mitchell ("Urge For Going"). Un répertoire poétique aux notes mélancoliques et contemplatives, dans lequel on notera les interventions envoutantes du vocaliste Loïs Le Van, invité sur le mash-up de "Autumn Leaves" avec "La Chanson de Prévert", et qui récite également les poèmes de Kyoshi et Kishu, traduits du japonais par Roger Munier et Maurice Coyaud.