Everlast presents Whitey Ford's House Of Pain (Martyr-Inc/Long Branch Records/Modulor)
La légende du hip-hop USErik Schrody alias Everlast, nous présente via son propre Martyr-Inc ainsi que sur le label rockLong Branch Records, son nouvel opus baptisé Whitey Ford's House Of Pain. Leader du collectif House of Pain auteur en 1992 du tube "Jump Around", le rappeur et chanteur à la voix rocailleuse poursuit ses incursions musicales crossover, où se mêlent dans une fusion redoutablement efficace, beats hip-hop, énergie rock, profondeur blues et guitares folk. Puisant son inspiration chez les légendes du rap hardcore telles que Run-D.M.C, Cypress Hill, Ice-T et Gang Starr, mais aussi parmi les figures tutélaires du folk et du rock telles que Johnny Cash, Bob Dylan, The Rolling Stones, Bruce Springsteen ou encore Neil Young, le quinquagénairetrace sa route, imposant respect et admiration.
Nous noterons dans ce 7ième album solo, qu'Everlast invite à sa table deux pointures du milieu, Aloe Blacc, qui dépose ses vocaux soulful dans le bluesy "Slow Your Roll",et Slug, qui impose dans l'émouvant "Oooohh (I Don't Need You)" son flow classieux...
Laurent Fickelson - In The Street (Jazz Family/Socadisc)
Le pianiste parisien Laurent Fickelson découvre le jazz sur le tard, à 22 ans, lorsqu'il écoute pour la première fois l'album We Want Miles, du second quintet de Miles Davis. Une claque musicale qui en précédera bien d'autres, de John Coltrane à Wayne Shorter, en passant par Billy Strayhorn, Duke Ellington, Joe Henderson, Thelonious Monk ou Yusef Lateef. Des influences classieuses et classiques pour un musicien-gardien du temple, qui s'efforce de jouer une musique sophistiquée et codifiée, certes, mais des plus vivantes et imprévisibles. Dans son dernier opus baptisé In The Street, où il aligne des reprises incontournables de ses idoles ("The Promise", "Edda" ou "'Round Midnight") et des compositions personnelles inspirées ("In The Street" ou "For Joe"), l'artiste s'est entouré d'un casting de poids lourds de la scène hexagonale. S'y côtoient en effet le contrebassiste Thomas Bramerie, le saxophoniste Eric Prost (qui signe d'ailleurs le titre "07") et le batteur Philippe Soirat. Tous trois sont des puncheurs expérimentés aux jeux de jambes élégants et à la maîtrise du swing édifiante!
Que la musique est belle lorsqu'elle se nourrit librement de l'histoire des peuples, heureuse ou malheureuse, faisant un pied de nez aux partisans du repli identitaire et de l’immobilisme. Le saxophoniste et flûtiste Samy Thiébault évoque dans son dernier opus Caribbean Stories ces interférences miraculeuses qui se sont concentrées aux Caraïbes, participant bien plus tard à l'invention du jazz. Pour son voyage initiatique, l'artiste basé à Paris s'est entouré d'un casting de haut vol. S'y côtoient en effet le tromboniste Fidel Fourneyron, les guitaristes Hugo Lippi et Ralph Lavital, le contrebassiste Felipe Cabrera, le batteur Arnaud Dolmen et le percussionniste Inor Sotolongo, des musiciens aventuriers qui embrassent à pleine bouche le thème de la créolité. Ensemble ils nous livrent 11 titres cuivrés des plus captivants, où se mêlent harmonieusement expressions jazz, inspirationsafro latines et impressions carribéennes...
La formation belge Girls In Hawaii nous revient, après 4 ans d'absence dans les bacs, avec le délicieux et énigmatique Nocturne, un quatrième opus studio résolument accrocheur et captivant, alignant de subtiles sonoritésindie-pop mâtinées d'électro. Piloté par ses deux têtes pensantes, Lionel Van Cauwenberge et Antoine Wielemans, le groupe nous livre un recueil de 10 compositions somptueuses gorgées d'émotions, mêlant avec douceur et raffinement des mélodies pop envoûtantesoù l'acoustique et l'électronique se complètent harmonieusement. Si un voile mélancolique nimbe un ensemble qui peut apparaître grave et inquiétant, l'effort ne cède ni à la déprime ni à la mièvrerie, Nocturne s’arrime simplement au présent et à son actualité parfois crue et terrifiante ("Blue Shape"). La voix éthérée d'Antoine s'y déploie avec sensualité à la manière d'un Thom Yorke, la ressemblance est d'ailleurs troublante dans "Cyclo".
Les ambiances se succèdent mais ne se ressemblent pas, "This Light" et son arpège piano/guitare stratosphérique à la Pink Floyd côtoie la new wave d'"Indifference" ou l'italo dico de"Walk" , ailleurs, "Overrated" et ses reflets rock se frottent à la rythmique electronica du minimaliste et synthétique "Up On The Hill"...
Dhafer Youssef - Sounds of Mirrors (Bendo Music/Anteprima)
L'immense Dhafer Youssef, virtuose du oud et chanteur tunisien épris de musique indienne, nous revient avec un nouvel opus baptisé Sounds of Mirrors, concrétisation d'un projet qu'il nourrit depuis plus de 30 ans. Lui qui, grâce à une pratique éclairée de son instrument de prédilection, a contribué tout au long de sa carrière à combiner jazz, improvisation, tradition soufie et lyrisme arabe, nous invite à découvrir un univers musical tout aussi immersif et contemplatif, mais inspiré cette fois-ci par l’hindoustanie et ses figures tutélaires, tel qu'Ali Akbar Khan, maître du sarod. Le quinquagénaire originaire de Teboulba élabore son disque en étroite collaboration avec la légende du tabla Zakir Hussain, il invite également le clarinettiste turc Hüsnü Şenlendirici et le guitariste norvégien Eivind Aarset à le rejoindre. Sounds of Mirrors prend ainsi une dimension particulière, se démarquant de l'hommage ou du simple clin d’œil à une culture séculaire, pour revêtir un caractère plus ouvert. Le quartet nous offre un moment d'apaisement et de méditation dans ce brouhaha environnant déréglé et bancal. Se dégageant de toute préoccupation religieuse ou idéologique, il veut instaurer une forme d'expression universelle. Jazz métissé, chants envoûtants, nappes ambient, pulsations organiques et groove hypnotique, Sounds of Mirrors mêle les folklores et rapproche les continents.
Jon Urrutia Trio - The Paname Papers (Errabal Jazz)
C'est ce jeudi 27 Septembre 2018 que paraîtra chez Errabal Jazz, The Paname Papers, nouvel opus du pianiste franco-espagnol Jon Urrutia-Monnot. S'entourant de la fine fleur du jazz hexagonal, à savoir Damien Veraillon à la contrebasse et Stéphane Adsuar à la batterie, tous deux originaires du sud de la France, le musicien nous présente 9 compositions accrocheuses, à l'écriture sophistiquée et inspirée. Elles abordent d’une façon classique, digeste et familière, diverses thématiques empruntant au jazz son élégance et sa codification d'initiés. L'album demeure largement accessible grâce à ses mélodies hypnotiques, son interplay vibrant, plein de vitalité et d'entrain. Entre son swing entêtant ("Fourth Element") aux accents latins ("Entropical Cha", "La Caravana Amarilla") et bluesy, ses clins d’œil complices adressés à Coltrane et Hersch ("Pasos Enanos" et "Dona Kubik"), puis son ancrage dans le réel avec des allusions à notre mille feuille administratif ("The Paname Papers"), à l’étroitesse d’esprit de certains ("Entartetes Blues"), ou encore à la disparition d'un être cher ("Valse pour Nono"), le disque regorge de générosité et déborde de vibrations positives. Quelques ambiances cinématographiques surgissent par endroits, on pense alors aux travaux de Ludovico Einaudi ou Yann Tiersen ("Fantaisie Onirique")... Belle découverte!
Ibrahim Maalouf - Levantine Symphony N°1 (Mi'ster Ibe/Universal Music France)
Certains le considèrent comme une superstar du jazz hexagonal et d'autres l'étiquettent comme artiste world... Quoiqu'il en soit, en une dizaine d'années, Ibrahim Maaloufa su s'inscrire durablement dans le paysage musical français. Avec 10 albums studio au compteur et 2 lives, quasiment tous parus sur son propre label Mi'ster Ibe, il œuvre depuis ses débuts pour le dialogue interculturel entre les mondes arabe et occidental, cherchant également à travers son enseignement à réintégrer la pratique de l'improvisation, qui selon lui n'existe plus guère, depuis plus d'un siècle et demi, dans le système d'éducation musicale d'inspiration européenne.
Le trompettiste franco-libanais nous revient après son hommage à Dalida paru l'an passée, avec un nouveau projet bousculant une nouvelle fois les codes traditionnels. S'il s'illustre depuis 5 ans dans des registres aussi divers que le rock (Illusions 2013), le slam (Au Pays d'Alice 2014), la musique égyptienne (Kalthoum 2015, Myriad Road de Natacha Atlas 2015) la pop et l'électro (Red & Black Light 2015), collectionnant les collaborations plus prestigieuses les unes que les autres (20Syl, Julien Alour, Christophe Walemme, Ludovico Einaudi, Sting et j'en passe), c'est sur la musique symphonique qu'il jette cette fois ci son dévolu avec l'épique et lyrique Levantine Symphony N°1.
Composée au piano, comme un hommage aux cultures et aux pays du Levant (de la Turquie au Moyen-Orient, en passant par le Liban) la partition aux multiples influences a été enregistrée avec son quartet d'acolytes (François Delporte à la guitare, Frank Woeste au Fender Rhodes et Stéphane Galland à la batterie) ainsi que les 60 membres du Paris Symphonic Orchestra,le chœur d'enfants de la Maîtrise des Hauts de Seine et un ensemble de 5 trompettes microtonales.
S'y côtoient des ambiances cinématographiquesinspirées et magistrales, évoluant au travers de combinaisons mélodiques singulières aux accents acoustiques et électriques, où se mêlent avec éclectisme des sonorités empreintes à la fois de musique classique, de jazz, de groove, d'Occident et d'Orient...
Un nouveau tour de force!