vendredi 27 avril 2018

Lucky Dog - Live at the Jacques Pelzer Jazz Club (Fresh Sound New Talent/Socadisc)

Lucky Dog - Live at the Jacques Pelzer Jazz Club (Fresh Sound New Talent/Socadisc)

Le saxophoniste Frédéric Borey cofondait en 2013 avec le trompettiste Yoann Loustalot, le contrebassiste Yoni Zelnik et le batteur Frédéric Pasqua, le quartet acoustique Lucky Dog, une formation jazz classieuse et inspirée, marquée par les influences précieuses et incontournables des légendes d'outre-Atlantique des 70's : Steve Lacy, Don Cherry, Dewey Redman, Charlie Haden et Ed Blackwell.
En 2014 Lucky Dog publiait un premier opus au titre éponyme, définissant les contours d'une esthétique musicale sans harmonie, basée sur l'énergie et l'instantanéité, l'émotion et l'interplay.
En Février 2017, était enregistré en live et à l'ancienne, dans la mythique et chaleureuse salle du Jacques Pelzer Jazz Club, un second album constitué de 10 compositions écrites par les deux souffleurs mais pensées par l'ensemble du groupe. Déployant un charme fou, en partie grâce à l'acoustique intimiste du lieu de captation, mais surtout grâce à la maîtrise du son et du jeu de chacun de ses protagonistes, le projet Live at the Jacques Pelzer Jazz Club est un concentré de subtilité et d'efficacité, gorgé de réminiscences free, be-bop et hard-bop, éveillant en nous une douce nostalgie de la grande époque du jazz new-yorkais.

jeudi 26 avril 2018

Titi Robin - Rebel Diwana (Suraj/Molpé Music)

Titi Robin - Rebel Diwana (Suraj/Molpé Music)

Pour qui est resté sur le groove berbère et les sonorités acoustiques méditerranéennes et gitanes de son précédent Taziri paru en Avril 2015, le dernier album du guitariste français Titi RobinRebel Diwana (Passion Rebelle) a de quoi surprendre !
En effet, cet indomptable bluesman crée ici des ambiances à priori bien éloignées de son répertoire habituel, élaborant un rock sombre et saturé d'une guitare électrique qu'il avait mis au rencart à la fin des années 80.
Bien qu'ayant toujours évolué dans un bouillon de cultures, Titi l'autodidacte semble avoir virer de cap en se livrant corps et âme dans un exercice poétique périlleux: celui de se mettre à nu à travers ses propres mots et sa voix éraillée, la 6 cordes n'étant plus uniquement son seul vecteur d'expression.
Soutenu par un solide trio de jazz issu de la jeune scène parisienne, l'artiste a convié une nouvelle fois deux interprètes indiens au talent manifeste, le chanteur Shuheb Hasan et le joueur de sarangi Murad Ali Khan. Ils occupent un rôle crucial dans Rebel Diwana, qui se dévoile finalement comme le prolongement de l'esthétique romantique d'un écorché, d'un poète donnant corps aux décors exotiques envoutants de ses voyages imaginaires, hantés par les chants hypnotiques d'une voix et d'une vièle éblouissantes.

 

Remy Gauche - Obscurity Of Light (Socadisc)

Remy Gauche - Obscurity Of Light (Socadisc)

Le guitariste toulousain Remy Gauche nous présente via Socadisc son nouvel opus intitulé Obscurity of Light, recueil de 11 compositions jazz en grande majorité écrites par ses soins, où s'illustrent à ses côtés ses compagnons de route depuis presque 8 ans: Thomas Koenig à la flûte et au saxophone ténor, Philippe Monge à la basse, contrebasse et aux claviers, puis Julien Augier à la batterie. Le jeune quartet est épaulé sur presque la moitié du disque par un invité de marque, l'immense Pierre de Bethmann, qui épouse magistralement, au piano et au Fender Rhodes, les courbes jazz rock et les nuances électro-acoustiques du projet. Elaborant une signature sonore tantôt urgente et urbaine, imaginant des ambiances tantôt apaisantes et lunaires, le Remy Gauche Quartet maîtrise la tradition et les racines du jazz tout en s'ouvrant aux musiques actuelles. Il puise ses influences chez des maîtres du genre, qui ont à leur manière façonné un jazz-fusion ouvert et aventurier: John Scofield, Wayne Shorter ou encore Bill Frisell et Pat Metheny...

 

mercredi 25 avril 2018

Thomas Julienne - Theorem Of Joy (Inouï Distribution)

Thomas Julienne - Theorem Of Joy (Inouï Distribution)

A la tête depuis 3 ans d'un étonnant projet mêlant jazz, musique improvisée, sonorités orientales et ambiances post-rock, le contrebassiste, arrangeur et compositeur Thomas Julienne dévoile son Theorem Of Joy, une vision poétique du choc des cultures, une histoire de rencontres romancées et de regards curieux qui se croisent et échangent. Bien que la musique soit imaginée par Thomas, que les textes soient écrits et interprétés par l'excellente vocaliste Camille Durand alias Ellinoa, l'album est avant tout le produit d'un groupe d'acolytes joueurs, d'un quintet aventureux et ouvert, constitué du violoniste Boris Lamerand, du guitariste Thomas St Laurent et du batteur/percussionniste Tom Peyron. L'esprit de partage et le métissage des orchestrations étant au cœur du concept, il semblait logique que des invités viennent se joindre à la conversation menée par nos 5 complices. S'y illustre ainsi le quatuor à cordes Les Enfants d'Icare, animé par Emilie Calmé (flute/bansuri), Mohamed Najem (Clarinette) et Maxime Berton (saxophone soprano), qui vient apporter à l'ensemble ses couleurs et ses textures exotiques.

 

mardi 24 avril 2018

Arat Kilo - Visions Of Selam (Accords Croisés/Pias)

Arat Kilo - Visions Of Selam (Accords Croisés/Pias)

Je découvrais la formation parisienne d'inspiration éthiojazz, Arat Kilo, à l'occasion de la sortie de son troisième opus, Nouvelle Fleur, qu'il était aisé de rapprocher des sonorités cuivrées d'un autre collectif hexagonal, Akalé Wubé. Il y a peu, sur son Mistakes On Purpose, ce dernier invitait la légende oubliée de la musique éthiopienne des années 60 et 70, l'organiste Girma Bèyènè, plus connu en ses temps de gloire que le vénérable Mulatu Astatké.
Le 16 Mars dernier, Arat Kilo publiait sur Vox Populi (Label Accords Croisés) son dernier album intitulé Visions Of Selam, un recueil de 13 titres aux tonalités world, hip-hop, funk et ethno-jazz, où les sonorités d'Afrique de l'Est s'entremêlent avec la musique mandingue de l'Ouest, incarnée ici par la divine Mamami Keita. S'y télescopent également le spoken word engagé de Boston, incarné par le rappeur/poète nord-américain Mike Ladd, ainsi que quelques réminiscences popdub et soul, qui jaillissent des entrelacs psychédéliques d'un groove ensorceleur made in Addis-Abeba.


Tom Bourgeois - Murmures (Neuklang)

Tom Bourgeois - Murmures (Neuklang)

Le saxophoniste et clarinettiste belge Tom Bourgeois nous présente via le label allemand Neu Klang, son délicat et intime Murmures. Le compositeur a choisi, pour sa première réalisation en tant que leader, un format un peu particulier : enregistré en à peine 3 jours au Bauer Studios et en quartet sans section rythmique traditionnelle (ni batterie, ni contrebasse), il nous propose un double album ambitieux et captivant, délivrant dans un premier volume, 10 compositions aux ambiances poétiques intenses et vibrantes, puis dans le second, une réécriture et un réarrangement atypique du Quatuor pour cordes en Fa Majeur de Maurice Ravel.
Epaulé par l'accordéoniste Thibault Dille, le guitariste Florent Jeunieaux et le chanteur Loïs Le Van (qui signe deux titres), Tom impose d'emblée une écriture et une esthétique musicale singulière, mêlant douceur, chaleur et mélancolie. Influencé par le pianiste Diederik Wissels, il a su développer un langage unique, combinant jazz moderne et musique contemporaine.

lundi 23 avril 2018

Nowhere - On My Way (Klarthe Records/Harmonia Mundi)

Nowhere - On My Way (Klarthe Records/Harmonia Mundi)

Le trio Nowhere nous présentait en Juin 2017, chez Klarthe Records, son premier opus baptisé On My Way, un album de jazz électrique aux influences latines et africaines, parcouru d'accents pop et urbains. Composées par le bassiste au jeu profond et coloré, Ouriel Ellert, les 11 plages du disque invitent l'auditeur à arpenter les sentiers sinueux aux décors sublimes de notes bleues résolument modernes, flanqués d'improvisations intenses, d'ambiances et de grooves à tendances rock, world et electro. Alignant un casting de haut vol, le projet Nowhere est également porté par l'incontournable guitariste Anthony Jambon (qui s'est récemment illustré auprès de Natascha Rogers et Fred Soul,...) ainsi que par le batteur redoutablement précis, le prometteur Martin Wangermée. La complicité et la complémentarité de ces 3 acolytes servent une musique raffinée aux saveurs boisées, qui se dévoile autant dans la mélodie accrocheuse d'une ballade radieuse que dans la rythmique soutenue d'un thème plus joueur et retors. Entre romantisme et impressionnisme, douceur, calme et volupté, le trio déploie un interplay sans faille d'une grande efficacité.