Space Captain - All Flowers In Time (Tru Thoughts)
Le collectif de Brooklyn, Space Captain nous revenait le 1er Septembre dernier avec un nouveau titre extrait de son premier album All Flowers In Time à paraître demain (27 Octobre 2017) sur Tru Thoughts. Ses précédents "Easier" et "Remedy" parus en 2013 et 2015, avaient captivés l'attention avec ses ambiances accrocheuses, combinant subtilement sonorités R&B, hip-hop, soul et électronica. Sorti en Janvier 2016, l'Ep In Memory devait rallier les derniers récalcitrants à sa cause, laissant s'échapper la délicieuse voix de Maralisa Simmons-Cook et les délicats arrangements du bassiste Alex Pyle, tous deux têtes pensantes du projet.
Le premier single "Sycamore" raconte avec un lyrisme envoutant une histoire d'amour compliquée, la voix mélodieuse de la chanteuse et compositrice s'entremêle avec la ligne de basse hypnotique du producteur, les guitares enivrantes de Gray Hall et Mike Haldeman,ainsi que les synthés inspirés de Joy Morales. Le tout évolue sur la rythmique néo-soul hybride de Joey Ziegler,combinant éléments live et numériques, enrichie d'une fanfare de cuivres funky du trompettiste Lessie Vonner. "Blue", second extrait livré le 27 Septembre, est une approche intimiste et mélodique du sentiment d'engourdissement face à un traumatisme émotionnel. Avec ses vocaux vibrants et sensuels, ses accords de guitares planants, ses touches lointaines de trompette et ses nappes de claviers nébuleuses, cette production magnifiquement conçue porte Space Captain vers de nouveaux sommets.
On l'aura deviné, All Flowers In Time s'articule, avec une pincée d'amertume et de trahison, autour des thèmes centraux de l'amour et de la nostalgie. Il développe de splendides mélodies aériennes à l'efficacité pop, s'alimentant d'influences plus que respectables allant de Thundercat à Bon Iver, en passant par Amy Winehouse.
The Grasso Brothers present: We Know How To Boogie (BBE Records)
Sortis des oubliettes par l'étonnant tandem The Grasso Brothers, fratrie italienne formée par les diggers Gino et Federico, les 14 titres de cette collection baptisée We Know How To Boogie nous téléportent à la grande époque du boogie des années 70 et 80, pas celui des paillettes et des cotillons, mais celui de Moods ou Kenny Pearce, Sharon Johnson ou Araby, tous élevés à la soul et gavés de funk. BBE Records nous propose ainsi une compilation dont beaucoup de titres sont devenus des classiques incontournables pour des piliers de la house music, tels que Phil Asher, Sadar Bahar, Joe Davis, Ltj X-perience et Daniele Baldelli. Alignant 2 éditions exclusives orchestrées par les frangins eux-mêmes, les G&D Edits de "Free Blow" (1983) (du compatriote T.B. Funk) et de "Plastic People" (1974) (de l'américain Living Color), We Know How To Boogie réunit des trésors qui raviront à coup sûr les amateurs exigeants, des raretés sorties des écrans radar et dépoussiérées pour notre plus grand plaisir, comme "Ain't No Doubt About It" (1977) de William Barlak, "Love Ain't Just (A Physical Thing)" (1979) de Carol Meriwether ou encore "Le Love" (1980) de Black Sun, titre franco-canadien obscur et génial... Bref une célébration post-disco comme on les aime, faite avec amour, passion et goût du partage.
The James L’Estraunge Orchestra - Eventual Reality (BBE Records)
Pensée par le musicien et chanteur Ricky Reid, pianiste de 6th Borough Project et moitié de Soul Renegades - deux projets 100% écossais aux sonorités deep-house pilotés par le DJ vétéran Craig smith -The James L’Estraunge Orchestra est une formation imaginaire qui prit forme dans une cabane en bois, à la suite de plusieurs jam sessions organisées et captées par Ricky après son départ pour les Highlands. Voulant échapper au tumulte d'Edinburg après avoir été, 20 années durant, une figure emblématique de sa scène foisonnante, il a choisit l'isolement, pour se recentrer et surtout se ressourcer. Rejoint par des amis jazzmen et instrumentistes classiques, il s'est vissé sur la tête une casquette de producteur entêté et méticuleux, raffinant peu à peu le son chaud et organique de son groupe improvisé, qui mêle avec maestria la sophistication des arrangements jazzy et l'énergie déferlante de la dance music. Ainsi naquit un premier long format, aux propos engagés et aux orchestrations débordantes de vibrations soulful, Eventual Reality, immédiatement adopté par l'excellent BBE Records.
L'extrait "Closer" est un véritable étendard du disque, ce titre accrocheur est une critique aiguisée du monde matérialiste et égoïste d'aujourd'hui, imposant son message fort d'espoir pour un avenir meilleur. Combinant une instrumentation luxuriante et vivante, une mélodie captivante et des ambiances cinématiques inspirées, il laisse s'exprimer la voix émouvante d'un Reid apaisé et plus créatif que jamais.
La productrice, compositrice et multi-instrumentiste native de San Francisco, Stephanie Sante, nous présente son tout nouvel opus, le délicat In Your Eyes. A travers 12 titres aux harmonies sensuelles, empreints de douceur chill et de cadences down-tempo, il diffuse des sonorités smooth jazzimmersives, envoutantes et estivales... Beau et efficace, In Your Eyes plante le décor somptueux d'un moment lounge privilégié, autour d'un cocktail fruité sur une plage isolée.
En Juin 2017, le producteur et multi-instrumentiste originaire de Manchester, Werkha, nous livrait le brillant Communicate, un effort composé de trois titres electronica raffinés aux sonorités broken beat, jazz, soul, funk et world. Le 29 Septembre dernier, il nous revenait avec un nouvel EP baptisé For All Hands, affichant 4 titres engagés aux ambiances sombres et captivantes, animées par un groove expérimental accrocheur.
Deux invités de marque y déposent leurs précieux flows, le chanteur/producteur de Manchester Berry Blacc et la diva néo soul, Bryony Jarman-Pinto, présente aux côtés de Werkha depuis déjà un certain temps. Le premier intervient dans l'excellente "Foolin’ Self", une production énergique et funky à souhait, marquant une première collaboration réussie. La seconde inonde de sensualité le délicieux "Glass Games", un pur moment soulful! Les deux morceaux sont séparés par la courte interlude ambient "De Facto", habité par le souffle d'un saxophone free-jazz. Saxophone que l'on retrouve également dans les premières secondes de "So London", ouverture de l'EP qui exprime les sentiments de malaise, que ce mancunien vivant à Glasgow ressent envers la capitale britannique aux multiples facettes. Werkha y exprime à sa manière, le mécontentement et l'injustice qu'il a perçu auprès des londoniens, juxtaposant une multitude de samples d'origines diverses, comme pour mieux représenter le multiculturalisme d'une société qui s'interroge sur sa tradition de tolérance philosophique et politique.
Le français Rodolphe Bary alias Mayerling dévoilera le 30 Octobre prochain son second opus baptisé I Live Here Now. Délivrant des sonorités electro pop accrocheuses telles qu'on les découvre dans "Don't Kid Yourself" ou "Renaissance Part II", l'artiste aime être sur le fil et nous proposer par touches dissonantes aux reflets psychédéliques, des instants rock plus sombres et graves, comme en témoigne l'abrasif "Songwriters", premier extrait de l'album dont le clip, à l'ambiance post-apocalyptique, a été réalisé par Robin Plessy et David Garnacho. Alternant passages instrumentaux envoutants ("Temps Calme sur l'Île") et moments lynchiens angoissants et hallucinatoires ("Z"), Mayerling cuisine une recette électronique singulière, assaisonnée de quelques accents new wave et 80's, saupoudrée d'une mélancolie lo-fi palpable.
Après The View From Here paru en 2013 et Time Pieces en 2015, le jazzman américain Kyle Eastwood nous revient avec In Transit, son huitième opus enregistré à Malakoff au célèbre Studio Sextant La Fonderie. Entouré de ses vieux complices, Andrew McCormack au piano et Quentin Collins à la trompette, le contrebassisteconvie également le saxophoniste Brandon Allen, déjà présent dans le précédent effort, ainsi que le batteur Chris Higginbottom, nouveau venu dans cette formation définitivement 'so british'!
Depuis ses débuts au milieu des 90's, marqués par des références magistrales au jazz orchestral des années 50, les désirs de grandeurs, d'aventures et d'expérimentations de Kyle l'ont mené à flirter avec différents styles comme l'electro jazz, le smooth jazz ou encore le jazz funk.
Sa nouvelle orientation esthétique, amorcée depuis ses deux derniers disques, dénote ici plus que jamais sa volonté d'un retour aux sources, pour preuve l'artiste y revisite en les réactualisant, deux standards emblématiques de Charles Mingus et Thelonious Monk, tous deux représentantsd'un hard-bop flamboyant, au tournant des années 60. Il donne à entendre une musique spontanée et pleine d‘énergie, fondée sur les influences marquantes du rhythm and blues, du blues et du gospel. Des titres accrocheurs et fédérateurs tels que "Rush Hour", "Blues In Hoss" ou encore "Rockin Ronnie's" expriment à merveille ce plaisir du swing, ce goût du risque sans cesse renouvelé de l’improvisation et cette magie de l’interaction collective, sensations et émotions que recherchent obstinément Eastwood et ses acolytes. Son amour du groove, quidéborde littéralement dans "Soulful Times", et sa passion du 7ième Art, domaine pour lequel il a beaucoup composé (Gran Torino, Invictus, Million Dollar Baby...réalisés par son père) demeurent aussi des constantes dans son oeuvre. Nous retiendrons d'ailleurs sa sublime reprise du célèbre thème d'Ennio Morricone, "Cinema Paradisio".
Une fois de plus Kyle Eastwood impose sa touche directe, lyrique et mélodique, réaffirmant avec élégance sa quête d’une relation à la grande tradition du jazz, sans jamais tomber dans le piège du plagiat.