Alison Glodfrapp et Will Gregory nous reviennent après 4 années d'absence avec un septième opus baptisé Silver Eye, à paraître chez Mute Records. Le duo qu'ils forment depuis leur premier Felt Mountain sorti en 1999, a toujours œuvré au feeling, bifurquant et changeant de directions à chaque nouvelle étape.
Si les ambiances folk ont souvent habité ses titres comme dans le précédent Tales Of Us publié en 2013, Goldfrapp a régulièrement flirté avec la musique électronique. Il en est de nouveau question dans cet objet electro-pop glaçant, aux tonalités sombres, aux sonorités froides et métalliques, comme si les 10 plages de Silver Eye reprenaient là où c'étaient arrêtés Black Cherry en 2003 et Supernature en 2005.
Les instrumentations y sont pour moitié planantes, vaporeuses et lunaires, combinant habilement comme dans "Tigerman", "Faux Suede Drifter", "Zodiac Black" ou "Beast That Never Was", atmosphères ambient et reflets space disco. Ailleurs, les rythmiques y sont plus dansantes et les accents plus acidulés. En effet, les morceaux "Anymore", "Systemagic" ou "Ocean" se font plus urgents, bouillonnants et incantatoires.
Le disque fourmille d’images mystiques et dramatiques de la nature, de visions désolées mais aussi intenses, contemplatives et mystérieuses hantées de personnages fantastiques comme l'homme qui se métamorphose en bête grimpant les collines éclairées par une lune argentée dans "Tigerman" ou les montagnes dotées d'yeux dans "Everything Is Never Enough"...
Bref, une vision mystique et perchée, portée par la voix suave et sensuelle de la sulfureuse Alison, évoluant à grands renforts d'effets sur les productions léchées de Will. En studio et au mixage, le tandem s'est entouré de nouveaux visages, tous plus prestigieux les uns que les autres: le producteur américain John Congleton (Nelly Furtado, Clap Your Hand Say Yeah et Papier Tigre), le compositeur britannique Bobby Krlic alias The Haxan Cloak (Bjork) et de son compatriote Leo Abrahams (Brian Eno, Jarvis Coker, John Hopkins, Paul Simon).