vendredi 21 octobre 2016

The Cinematic Orchestra - To Believe Feat. Moses Sumney (Single) (Ninja Tune)

The Cinematic Orchestra - To Believe Feat. Moses Sumney (Single) (Ninja Tune)

 Depuis la fin des années 90 et son premier effort Motion, la formation anglaise The Cinematic Orchestra, menée par l'écossais Jason Swinscoe, distille ses sonorités downtempo inimitables, faites d'influences electro-jazz, soul et folk, en proposant ses B.O. de films imaginaires aux ambiances instrumentales lounge et sensuelles où se croisent les voix singulières de Patrick Watson, Roots Manuva ou Fontella Bass.
De retour avec un prochain opus à paraître d'ici peu sur le label Ninja Tune, le groupe se faisait rare depuis Ma Fleur sorti en 2007. Il a n'a cependant pas chômé avec son Live at The Royal Albert Hall et la bande-son du film The Crimson Wing : Mystery of the Flamingos en 2008, son mix pour la série Late Night Tales en 2010 et In Motion #1 en 2012 (une collection de 7 soundtracks de courts-métrages réalisés avec Austin Peralta, Dorian Concept, Tom Chant et Grey Reverend). Malgré tout on attendait quelque chose de plus solide à se mettre sous la dent...

C'est enfin chose faire avec ce nouveau titre intitulé "To Believe". Le leader Jason, rejoint par son ami et collaborateur de longue date le producteur Dom Smith, y a invité le chanteur basé à Los Angeles Moses Sumney. Sa voix envoutante et fantomatique survole un arpège de guitare acoustique et quelques accords de piano, elle se mêle et s'entrelace avec douceur à des nappes de cordes et de synthés atmosphériques et réverbérés, si familières à l'identité sonore marquée par le cinéma de The Cinematic Orchestra.

jeudi 20 octobre 2016

Urgent Jumping! - East African Musiki Wa Dansi Classics 1972 - 1982 (Sterns/Harmonia Mundi)

Urgent Jumping! - East African Musiki Wa Dansi Classics 1972 - 1982  (Sterns/Harmonia Mundi)

Le Dj londonien John Armstrong nous présente Urgent Jumping!, une collection de 27 perles rares et de pépites classiques des années 70, issues d'une Afrique de l'Est effervescente, décomplexée et libérée. Si l'Ouest rayonnait avec l'afrobeat nigérian et le blues du désert malien, le Kenya, la Zambie, le Zaïr et la Tanzanie n'étaient pas en reste avec leurs rythmes endiablés et métisses. Nairobi était alors le point chaud de toute cette culture émergente, forgeant son identité sur un mélange festif de musiques traditionnelles (comme les benga, chakacha, kitoto et autres zilipendwa), afro-caribéennes (rumba, mambo, salsa...) et afro-américaines (soul, rock).

La compilation paraîtra le 4 Novembre prochain chez Sterns et sera disponible sur un double album.
Elle complètera très bien la série African Pearls parue chez Syllart Production.

 

Nishtiman Project - Kobané (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Nishtiman Project - Kobané (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Nous découvrions le projet Nishtiman en 2013 lors de la sortie de son premier disque intitulé Kurdistan chez Accords Croisés. Il s'agissait alors, avec une légère touche occidentale, d'approcher la richesse et la pluralité d'une musique populaire kurde trop méconnue et pourtant si festive, fédératrice et raffinée.

Dans Kobané, à paraître le 18 Novembre prochain, nous retrouvons toujours aux manettes le brillant Sohrab Pournazeri (composition, tanbur et kamanché) et le percussionniste iranien Hussein Zahawy (direction artistique, daf, dohol et bendir). Entourés des musiciens Ertan Tekin (zorna, balaban et duduck), Robin Vassy (percussions) et Mayar Toreihi (santour), ils ont pour objectif de sauvegarder l'authenticité de ces mélodies millénaires venues des confins de la Chine jusqu'à la mer Méditerranée et de rendre hommage à une culture enracinée entre plusieurs états et dispersée en diaspora à travers le monde (nishtiman signifie patrie).

Du nom de la tristement célèbre citée martyre située au nord de la Syrie, l'album se veut aussi être le témoignage de la persistance d'un peuple souvent opprimé, il relie ainsi tradition et modernité, mythes d'un passé et destinée contemporaine. La voix de la chanteuse Donia Kamali exprime à merveille cette résistance, elle traduit avec ferveur et force cette dualité renforcée par une section rythmique qui, tour à tour, nous entraînent sur des airs de danse véloces et hypnotiques ("Aman Aman","Khor Halat") ou nous invite à la contemplation ("Ghanj Khalil"), au silence ("piste n° 10 cachée") voire au recueillement ("Kobané").

Joie, tristesse, douleur et nostalgie se mêlent, s'enlacent et nous enivrent.

Vakia Stavrou - Alasia (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Vakia Stavrou - Alasia (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Entre fado, bossa nova et MPB savante (Musique Populaire Brésilienne), folk grec et jazz, la chanteuse chypriote Vakia Stavrou déploie sa voix envoutante et cristalline sur des compositions intimistes aux mélodies limpides et aux arrangements acoustiques dépouillés mais raffinés. Elle publie chez Accords Croisés son nouvel opus baptisé Alasia, dans lequel elle est entourée du brésilien Carlos Bernardo à la guitare et aux arrangements, du délicat Guillaume Robert à la contrebasse, du cubain Inor Sotolongo aux percussions et d'Octavio Angarita au violoncelle. Admiratrice des divas Billie Holiday et Ella Fitzgerald, sensible aux timbres si singuliers d'Edith Piaf et Charles Aznavour, Vakia s'exprime aussi bien en anglais et en portugais qu'en grec dans des chansons d'amour vibrantes, où planent les spectres bienveillants de Gal Costa, Maria Bethãnia et Amalia Rodriguez. Courts, déchirants et renversants, les 15 titres à l'éclairage tamisé d'Alasia nous dévoilent leurs lignes pures et leurs couleurs méditerranéennes si attachantes...



mercredi 19 octobre 2016

Jean-Philippe Scali Feat. Glenn Ferris - Low Down (Gaya Music/Socadisc)

Jean-Philippe Scali Feat. Glenn Ferris - Low Down (Gaya Music/Socadisc)


Originaire du sud de la France, plus précisément de Draguignan dans le Var, le saxophoniste baryton Jean-Philippe Scali nous présente chez Gaya Music son second disque intitulé Low Down.
Très tôt initié au jazz par son mentor Ivan Belmondo (père de la fameuse fratrie Lionel et Stéphane), il suit au début des années 2000 les cours de François Théberge, Riccardo Del Fra, Daniel Humair, Glenn Ferris et Hervé Sellin au CNSMDP de Paris, époque à laquelle il se frotte sur scène ou en studio à quelques pointures du milieu dont Martial Solal, Paolo Fresu, Charlie Haden ou encore Chris Potter.
Depuis ses classes, il n'a de cesse en tant que musicien, arrangeur et compositeur de participer ou de diriger une multitude de projets, le dernier en date doit paraître le 04 Novembre prochain. Entouré de son nouveau quintet formé par l'immense Glenn Ferris au trombone (autre de ses mentors, Frédéric Nardin aux claviers (orgue Hammond B3, piano, Fender Rhodes), Samuel Hubert à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie, il nous présente un recueil de 10 compositions originales et inédites empreintes des héritages de Charles Mingus et Duke Ellington. Succédant à son premier Evidence paru en 2012, Low Down est clairement dominé par la signature grave et rugueuse de son sax baryton et parcouru de sonorités blues, entre autres influences musicales afro-américaines. La participation de Glenn, référence incontestée du trombone, est elle-aussi déterminante dans les couleurs et les ambiances qu'élabore Jean-Philippe, guidé et obsédé par la recherche du groove.



La rondeur du trombone, le piqué du baryton, l'efficacité d'une section rythmique tout terrain font de cet album un concentré jouissif d'énergie et de jazz old-school. Jean-Philippe marie avec fougue et passion les tessitures imposantes aux grains bien épais, dans des morceaux vibrants et brulants mâtinés de New-Orleans, de bebop et de swing. Une pensée particulière pour le radieux "Reflections" et son changement de tempo en dernière partie...



Sarathy Korwar - Day To Day (Ninja Tune/Pias)

Sarathy Korwar - Day To Day (Ninja Tune/Pias)


Une très belle découverte que ce premier opus paru en juillet 2016 du percussionniste, batteur et producteur américain Sarathy Korwar. D'origine indienne, il est issu de la communauté Sidi, descendante de populations d'Afrique de l'Est déplacées majoritairement entre le XV° et le XVII° siècle. Aujourd'hui installé à Londres avec une solide formation à la programmation et aux tablas - acquise auprès des maîtres Shri Rajeev Devasthali et Pandit Sanju Sahai - il ambitionne de marier ses 2 cultures, adaptant sa technique à la batterie occidentale: folklore indien, jazz et musique électronique communiquent ainsi dans un langage sophistiqué, élégant et poétique.

Imaginé pendant un périple dans la région rurale de Gujarat, suivi de séances aux Studios Dawn à Pune, Day To Day a été réalisé à partir d'enregistrements captés auprès de La Troupe Sidi de Ratanpur. Cette dernière dispose de cinq batteurs dont les polyrythmies reflètent son héritage africain, contrairement aux batteurs indiens traditionnels qui jouent à l’unisson. Leurs tours de chants hypnotiques (mélange de traditions bantu, gnawa et soufi) et leurs percussions répétitives constituent ainsi la substance, la matière première du disque que l'artiste enrichie ensuite de sonorités plus occidentales, glanées auprès des recherches free et cosmic jazz d'Alice Coltrane, de sessions avec la nouvelle scène jazz londonienne et nourries de rencontres musicales décisives, Karl Berger et Ingrid Sertso, Cara Stacey (Kit Records) ou encore Arun Gosh.


A la batterie, aux tablas et à la programmation, Sarathy s'entoure pour l'occasion du précieux saxophoniste Shabaka Hutchings (Sons of Kemet), du claviériste Al Mac Sween, des italiens Giuliano Modareli à la guitare et Domenico Angarano à la basse. Ensemble ils élaborent de sublimes textures sonores tantôt ambient ("Eyes Closed") et chill ("Dreaming"), tantôt jazz-rock ("Bhajan", "Indefinite Leave to Remain") aux accents free ("Mawra"), afro ("Bismillah"), astral ("Hail"), psychédéliques et organiques ("Lost Parade").
Un voyage initiatique au départ de l'Inde et à destination de l'Afrique, avec escales aux Etats-Unis et en Europe.

A noter que le projet est le fruit d'une collaboration entre le label Ninja Tune et la Fondation Steve Reid parrainée par Gilles Peterson, Four Tet, Floating Points, Emanative et Koreless.

mardi 18 octobre 2016

Otis Stacks - Otis Stacks EP (Underdogs Records/Diifer-Ant)

Otis Stacks - Otis Stacks EP (Underdogs Records/Diifer-Ant)

C'est vrai qu'habituellement on a tendance à se méfier des départs en trombes et des critiques élogieuses trop unanimes... Seulement voilà, en diffusant savamment ses sonorités hip-hop/soul analogiques le duo Otis Stacks fait mouche dès son premier effort avec un EP accrocheur paru le 10 Octobre dernier chez Underdog Records.

C'est sût qu'avec un nom pareil, aucun faux pas ni aucune fausse note n'auraient su être tolérés, on imagine assez bien comment les aficionados du son de Shuggie Otis ou d'Otis Redding et la célèbre maison de disque de Memphis Stax Records l'auraient accueilli s'il n'avait pas été à la hauteur!

Mené par un tandem de choc déjà rompu à ce type d'exercice au sein du collectif explosif Dafuniks, le projet prend forme entre le Danemark et les Etats-Unis quelquepart vers Nice, Montpellier et Paris. Le producteur danois Michael Munch alias Just Mike et le soulman californien Elias Wallace ont en effet donné vie à Otis Stacks au cours d'une tournée française avec la formation danoise, débarquée dans l'hexagone en 2008 grâce à l'entremise de radio Nova.

Posés sur des mélodies touchantes et efficaces, les textes abordent les notions de perte, de douleur, de nostalgie et ne manquent pas de souligner les travers de la nature humaine.

Le titre "Fashion Drunk" nous immerge d'emblée dans l'univers soul intimiste, épuré et vintage du duo... Des synthés d'époque, les craquements d'un vinyle, une guitare rétro et le flow racé et posé du MC américain Gift of Gab de Blackalicious et Quannum Projects s'immiscent insidieusement dans nos esprits pour ne plus en sortir.

"The Game" est plus aérien, radieux et enivrant. La voix sensuelle et puissante d'Elias inonde une production cousue main au groove cool et envoutant, conduit par une ligne de basse à tomber par terre.

S'enchaîne ensuite une collection de remixes de "Fashion Drunk" orchestrés par Frankie Motion, Straybird et The Architect, ainsi qu'un rework du morceau "So Raw" de Scratch Bandits Crew qu'Otis Stacks a élaborer pour clore cet avant-goût prometteur.

On attend le long format avec impatience!