lundi 3 octobre 2016

Vieux Kanté - The Young Man's Harp (Sterns/Harmonia Mundi)

Vieux Kanté - The Young Man's Harp (Sterns/Harmonia Mundi)

Il y a quelques jours nous parlions du disciple Abou Diarra avec la parution de son vibrant Koya produit par Nicolas Repac, aujourd'hui c'est au tour du maitre, le virtuose Noumoussa Soumaoro dit Vieux Kanté ou Moussa Kanté, de faire parler de lui avec son oeuvre posthume baptisée The Young Man's Harp.
Cette fameuse harpe à 6 cordes dont il est question dans le titre est le kamélé n'goni, instrument emblématique de la culture wassoulou au sud de Mali. Malgré sa cécité, Vieux a su intégrer dès son plus jeune âge le folklore de la confrérie des chasseurs et son désir d'expérimentation le pousse même à rajouter six autres cordes à son arc, histoire de développer un jeu plus sophistiqué, enrichissant ainsi sa signature blues malien de notes jazzy (l'ouverture instrumentale "Sans Commentaire" l'exprime à merveille)
Disparu subitement en 2005 des suites d'une maladie, le label Sterns sort enfin de l'oubli une vieille cassette de 7 morceaux enregistrée il y a 11 ans avec ses 6 musiciens à Bamako, dans les célèbres studios Moffou de Salif Keita. Il s'agit de l'unique projet solo connu du chanteur et mentor natif de Niesmala, qui est accompagné aux chœurs du guinéen Kabadjan Diakité (présent sur 3 titres), devenu son fidèle acolyte depuis leur rencontre dans les années 90 et leur collaboration dans l'orchestre de l'Hôtel Les Arbres.

John Brown's Body - Fireflies (Easy Star Records)

John Brown's Body - Fireflies (Easy Star Records)

Formé à New York dans le milieu des années 90, le groupe John Brown's Body est un des précurseurs de la scène reggae américaine, il publie 21 Octobre prochain son 11° album studio baptisé Fireflies. Tirant son nom d'un chant de la fin du 19°siècle rendant hommage à l'abolitionniste John Brown qui en appelé à l'insurrection armée pour mettre fin l'esclavage, la formation aujourd'hui dirigée par le chanteur Elliot Martin et le batteur Tommy Benedetti se plaît à marier sonorités caribéennes organiques dites à l'ancienne et vibrations modernes dans un style qu'elle appelle Future Roots ou New Roots. Faisant références à la génération dancehall des années 80, John Brown's Body aime l'idée d'apporter ses couleurs chaudes et apaisantes à l'auditeur d'aujourd'hui. Leur premier single "New Fashion", extrait des 10 titres de ce nouvel opus, nous fait entrevoir l'ambiance positive d'un disque habité de cuivres majestueux et de basslines envoutantes, le tout légèrement rehaussé d'effets dub discrets.
Pour cette dernière mouture, toujours chapeautés par leur producteur de longue date Craig "Dubfader" Welsch, les deux membres historiques Elliot et Tommy s'entourent des musiciens Jay Spaker (guitare/chant), John Petronzio (Claviers), Dan Africano (Basse), Sam Dechenne (trompette), Tj Shaper (trombone), Mike Vitale (sax) et appellent en renfort pour les séances d'enregistrements qui ont eu lieu entre Boston et Denver, au bassiste Nate Edgar, au saxophoniste Drew Sayers, aux trombonistes Scott Flynn et Alex Asher, au guitariste Mike Keenan et percussionniste Bill Carbone. Une fine équipe...!

vendredi 30 septembre 2016

The Olympians - The Olympians (Daptone Records/Differ-Ant)

The Olympians - The Olympians (Daptone Records/Differ-Ant)

La célèbre maison de disques de Brooklyn Daptone Records pourra désormais compter parmi son excellent catalogue une nouvelle formation instrumentale aux sonorités 70's baptisée The Olympians. Dirigé par le pianiste et vibraphoniste Toby Pazner, le projet s'inscrit dans la lignée des orchestres de l'écurie new-yorkaise Menahan Street Band et The Budos Band (dont certains membres se retrouvent embarqués ici), à la différence que son leader se focalise davantage sur une empreinte sonore soul jazz directement héritée de la Motown, évitant toutes contaminations aux beats afro de Fela ou aux grooves éthio de Mulatu.

En 2008, le groupe nous offrait déjà un avant-goût de sa signature avec le 45t "How Can I Love You (Now That You're Gone)" publié chez Truth & Soul, disparu aujourd'hui.

L'album au titre éponyme se compose de 11 pièces somptueuses et majestueuses servies par l'élite de la famille Daptone, à savoir les musiciens de Lee Fields, Sharon Jones, Charles Bradley. S'y côtoient ainsi Thomas Brenneck à la guitare, Dave Guy à la trompette, Leon Michels et Neal Sugarman aux saxophones, Nicholas Movshon à la basse, Homer Steinweiss et Evan Pazner à la batterie, lesquels sont rejoints par des violonistes, violoncellistes et harpistes. Une équipe de haut vol managée par Michael Leonhart, ayant œuvré à la direction musicale, aux arrangements ou à la trompette aux côtés de Donald Fagen, Mark Ronson, David Byrne, Meryl Streep, Aloe Blacc, Yoko Ono, Rufus Wainwright...J'en passe et des meilleurs.

Souhaitant raconter l'histoire des dieux de l'Olympe après avoir été inspiré par un mystérieux messager venu hanter ses nuits lors d'une tournée dans les îles grecques, Toby a imaginé la bande-son de cette aventure mystique, un joyau instrumental d'une quarantaine de minutes à peine (seul regret) qui personnellement me fait plus penser à Lalo Schifrin ou à la musique d'un film de la période Blaxploitation façon Curtis Mayfield ou Isaac Hayes ("Sirens Of Jupiter" par exemple) plutôt qu'à un hommage au panthéon gréco-romain, bien que j'admette que des morceaux comme "Apollo's Mood", "Neptune" ou "Europa and the Bull" nous fassent prendre de la hauteur... Un petit faible pour la ballade intimiste et mélancolique "Pluto's Lament".

Gros coup de cœur pour ce très bel effort...!



jeudi 29 septembre 2016

Defected In The House Amsterdam 2016 (Defected)

Defected In The House Amsterdam 2016 (Defected)

Pas de repos pour les braves... Après une saison riche et mouvementée à Ibiza, l'équipe du label londonien Defected se focalise sur le prochain évènement majeur de la scène électro, à savoir l'ADE: l'Amsterdam Dance Events qui réunit chaque années depuis 20 ans la crème des DJs et les acteurs majeurs du segment, sans oublier bien sûr un public de clubbers attentifs aux nouvelles galettes et réactifs aux succès ayant déjà animés leur été.
La compilation Defected In The House Amsterdam 2016 nous donne un bref aperçu de la programmation que nous réserve la maison de disque lors de son passage à cette grand messe de la house music. Elle réunit ainsi pas moins de 30 titres essentiels, récents ou classiques, parfois présentés dans des versions remixées inédites.
Y sont rassemblées parmi d'autres pépites les dernières productions de Dennis Ferrer, Honey DijonDuke Dumont, Red Rack'em, Eli Escobar ou Lee Walker... Mais aussi celles, plus anciennes, de Matthias Meyer "Infinity", de Barbara Tucker "Stay Together" (Armand's 'Crazy' Trauma Mix) ou de DJ Gregory & Gregor Salto "Canoa"...

Un piqure de rappel pour les retardataires... ou ceux qui auraient passé l'été sur une autre planète...

Rhythm Express - Kingston Blues Feat. Maiko Watson (Side Door Records)

Rhythm Express - Kingston Blues Feat. Maiko Watson (Side Door Records)


La sublime chanteuse canadienne Maiko Watson, originaire de Toronto, pose sa voix grave et sensuelle dans "Kingston Blues", extrait du dernier album au titre éponyme du collectif reggae aux sonorités cuivrées Rhythm Express. Mélangeant ska et blues dans une esthétique des plus roots, le morceau allie lumière caribéenne, chaleur créole et moiteur du bayou.

Black Riot - A Day In The Life (Fourth Floor Records)

Black Riot - A Day In The Life (Fourth Floor Records)

Il est certain que ce titre d'anthologie a subi les outrages du temps mais il demeure tout de même un classique parmi les classiques et l'une des toutes premières publications du label légendaire Fourth Floor Records, acteur emblématique de la scène house américaine dans les années 80 et 90. "A Day In The Life" que l'immense Todd Terry a produit en 1988 sous son alias Black Riot est devenu un mètre étalon du sampling et de la production avec ses différents mouvements bourrés d'empreints au disco, au funk et à l'afro groove. A peine âgé de 21 ans à l'époque, ce shaman de la rythmique devenu roi de l'acid house a su créer un son unique et nouveau qui influença toute la génération dance music qui suivit.

L'écurie anglaise Defected annonce la réédition du maxi original dont la sortie digitale est prévue le 14 Octobre prochain. Il se composait à l'époque du titre éponyme et de sa version "bonus dub", ainsi que du "club mix" de "Warlock" et de son "rubber dub". Le duo anglais Full Intention agrémente le package d'un remix musclé et punchy d'un "A Day In The Life"  significativement actualisé et le rendu plus attractif et dansant dans les clubs d'aujourd'hui.

David Nesselhauf - Afrokraut (Légère Recordings/Kudos Records/Broken Silence)

David Nesselhauf - Afrokraut (Légère Recordings/Kudos Records/Broken Silence)

Dans un shaker, ajoutez à une bonne dose de grooves afro une pincée de rock allemand puis de funk et mixez le tout à l'ancienne... Vous obtiendrez Afrokraut, un cocktail original détonnant et vivifiant saveur 70's, disponible à partir du 30 Septembre chez Légère Recordings. Le compositeur et multi-instrumentiste basé à Hambourg David Nesselhauf revient en effet sur ce courant expérimental très bref qui traversa la musique populaire germanique dans les années 70.

Le premier single intitulé "Come Along Bintang Bolong" nous donne d'emblée un avant-goût de l'album distribué par Kudos Records et Broken Silence. Sur une cadence afrobeat marquée par les frappes inspirée du batteur Lucas Kochbeck (acolyte de David au sein de la formation funk Diazpora), le chant racé du Gambien Amadou Bah nous replonge dans la fusion psychédélique irrésistible opérée en son temps par le maître Fela Kuti. Plus loin c'est "Open Up!" qui capte l'attention avec sa rythmique funky très JB's et la voix au groove assassin de Kinga Lizz épaulée par Nabil Atassi aux chœurs. Si l'esprit funk du Godfather of Soul plane aussi dans des morceaux instrumentaux comme "Dirt Track", tous sont habités de sonorités krautrock qui se manifestent par l'usage d'effets de distorsion à la guitare ("The Routine"), de nappes de synthés planantes ("Passport Check") et d'une touche d'électro ("Bosso Fataka").

Afrokraut n'est pas figé sur une ligne directrice, il explore un tas d'influences souvent plus complexes, un titre marquant cette ouverture est "A Route Obscure" avec sa syncope l'éloignant un temps de l'afrobeat, du funk ou du rock pour le rapprocher d'un jazz fusion très actuel, ou bien "Wait For Me" avec sa touche vintage rappelant l'esprit des compositions pour le cinéma de François de Roubaix.

Une riche et belle aventure musicale...