Sam Beam
and Jesca Hoop - Love Letter For Fire (Sub Pop/Pias)
L'excellent label basé à Seattle Sub Pop (Nirvana, The Rapture, Cansei de Ser Sexy, Beach House…)
nous présente le projet country/folkLove Letter For Fire, fruit de la
collaboration des songwriters Sam Beam
et Jesca Hoop. Tombé sous le charme
de la voix cristalline de son acolyte (qui collabora avec Peter Gabriel sur
l'album New Blood) le chanteur connu aussi sous son alias Iron & Wine, a souhaité l'inviter à partager la composition et
l'écriture de chansons d'amour acoustiques, poursuivant ainsi la longue
tradition américaine du duo notamment marquée par les
collaborations de Dolly Parton &
Kenny Rodgers ou encore George Jones
& Tammy Wynette, dont les mélodies accompagnèrent son enfance. L'album distille au travers de ses 13
titres délicats et finement interprétés, une
musique folk des plus intimistes et introspectives ("One Way To Pray" ou "Bright
Lights And Goodbyes"), parcourue d'accents
pop ("Every Songbirds Says" et "Chalk It Up to Chi") et
country ("Kiss Me Quick",
"Valley Clouds"). Dominée par le jeu des guitares acoustiques et la
majesté de deux voix touchantes, l'ambiance de Love Letter For Fire est bucolique et paisible, un moment d'écoute
en apesanteur pour une virée musicale dans les grands espaces ruraux de
l'Amérique profonde.
Imaginez la fine fleur de la house italienne
reprenant le classique de Bill Withers"Who Is He (And What Is He To You?)"…
Forcément c'est alléchant et évidemment que cela fonctionne! Pour leur
début chez Soul Heaven, le duo Alaia & Gallo fait très fort en signant la rencontre parfaite d'une soul la
plus sensuelle qui soit et d'une house au groove funky des plus efficaces. Le
résultat est hypnotique et la voix de Kevin
Haden bluffante d'émotion, la
ballade intemporelle de Bill devient une véritable machine à remuer, sonnant
bien sûr comme un succès estival assuré!
Le label américain Strictly
Rhythm nous offre une nouvelle pépite aux sonorités house, il s'agit du dernier EP Arrival du Dj/producteur new-yorkais Tommy Bones. Dans le milieu depuis plus d'une vingtaine d'année,
celui que l'on connait aussi sous l'alias The
Dancer's Dj nous gratifie de 2 titres irrésistibles menés par un groove funky/soul. "Aisha" est une véritable bombe aux reflets tech houseorientée dancefloor qui n'a
d'ailleurs pas échappé aux pointures Pete
Tong, Sandy Rivera et Doorly, sans doute séduits par ses vocaux sensuels livrés par la torride Aisha
Koswara. "T's Jazzy Joint"
est plus deep avec ses saveurs 90's, la légende Terry Farley ne s'y trompe pas en le plaçant
dans son top 10 du mois d'avrilsur Traxsource.
Rosemary
Standley - A Queen of Hearts (Jazz Village/Harmonia Mundi)
Le projet A Queen of
Hearts est d'abord l'histoire d'une voix, intemporelle et reconnaissable
entre toutes, devenue si familière depuis quelques années grâce au succès de la
formation franco-américaine Moriarty
(on se souvient de leur sublime single "Jimmy" extrait de l'album Gee
Whiz But This Is a Lonesome Town paru en 2007). En effet la chanteuse Rosemary Standley, qui jusque là nous
avait habitué à un registre plutôt blues, country et rock acoustique, nous
plonge ici dans le répertoire glamour du
"tour de chant" à l'américaine, cette tradition du cabaret grande époque plus ou moins perdue,
que les divas Monroe, Holiday, Dietrich, Simone et
autres Rita Hayworth ont indélébilement
marqué de leur empreinte.
Beauté, élégance,
décadence et mélancolie font partie de ces ingrédients nécessaires qui
tamisent le timbre d'une voix, la rendent vibrante et profonde. Les 23 titres
que Rosemary interprète accompagnée
du pianiste Sylvain Griotto sont largement
imprégnés de jazz, de musique classique et de chansons populaires influencées par le cinéma des années 40, 50 et 60. On y
retrouve les standards incontournables
du XX° siècle écrits, joués ou composés par Gershwin, Nina Simone, Lennon et McCartney, Kurt Weill, Henry Purcell mais aussi Margueritte
Duras, Alain Bashung ou Francis Poulenc.
A Queen of Heats
est à l'origine un spectacle de music-hall mis en scène par Juliette Deschamps et qui tourne depuis déjà 3 ans. Ce CD est
complété d'un DVD permettant de découvrir ou redécouvrir cet hommage à ces héroïnes insatisfaites et malheureuses
qui connurent le firmament, mais finirent empoisonnées par la solitude…
En duo sur scène, Rosemary
et Sylvain sont épaulés par le bassiste
Vincent Talpaert et le
batteur/percussionniste Eric Dubessay en
studio.
Energie punk, pop sauvage et rock pugnace aux relents électro, les influences du duo genevois Hyperculte sont aussi bien à chercher
du côté de l'avant-gardisme de Russell
et des expérimentations minimalistes et
répétitives de Reich ou Glass, que des transes
chamaniques ancestrales. Formé par la féroce Simone Aubert (guitariste et co-fondatrice de Massicot) à la batterie et le manitou Vincent Bertholet (chef de file de l'anticonformiste Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp)
à la contrebasse/looper/effets, le groupe sort son premier opus ravageur et audacieux, jouant la carte des rythmiques frénétiques, des textes azymutés, des chants électrisants et des ambiances psychédéliques.
Basel Rajoub Soriana Project - The Queen Of Turquoise (Jazz
Village/Harmonia Mundi)
Le compositeur et saxophoniste Basel Rajoub est originaire de la ville d'Alep en Syrie, aujourd'hui
sinistrée et toujours prise entre deux feux. C'est à Damas durant son
adolescence que la trompette fixe toute
son attention, le jazz de Miles Davis et Louis Armstrong s'impose alors à lui jusqu'à son immersion dans les
musiques orientales et l'adoption (malgré lui) du saxophone ainsi que du duclar
(instrument russo-allemand récent, se situant entre la clarinette et le doudouk).
Il publie en 2007 un premier disque Kamir (accompagné de la trinité piano, basse, batterie) et, souhaitant
s'investir davantage dans les sonorités propres à l'héritage musical de son
pays natal, amorce en 2009 son projet Soriana
("notre Syrie") avec Asia,
second effort qu'il enregistre en trio avec le percussionniste Khaled Yessin et Feras Charestan, virtuose du qanûn.
C'est véritablement à cette période que l'artiste se plonge dans le folklore syrien en composant notamment pour
cet instrument perse de la famille des cithares sur table. "Il combine
ainsi les myriades de modes mélodiques et les subtilités micro-tonales de la
musique arabe traditionnelle à son écriture contemporaine", enrichie de
son expérience de jazzman.
Toujours entouré de Feras
Charestan au qanûn, il fait cette fois-ci appel au joueur de oud Kenan Adnawi, au percussionniste Andrea Piccioni et à la chanteuse Lynn Adib, pour nous offrir The Queen Of Turquoise, traduction
littérale du nom de son épouse Malika
Fairouz. L'improvisateur nous invite à le suivre à travers 9 compositions
aérées et inspirées, où le silence est d'or, laissant flotter des notes surgies
d'un autre temps. La voix de Lynn, poignante
dans les enivrants "Hamam"
et "Ya Tha Elqawam", est bouleversante
de pureté, convoquant bien sûr le souvenir de ses illustres aînées d'Egypte, du
Liban et d'ailleurs. Les percussions d'Andrea
nous mettent en transe dans l'excellent "11:11"
qui s'ouvre pourtant très lentement par quelques notes en suspension de Basel. Rejoint par Kenan et sa virtuosité, le rythme s'accélère, le tambourin entame alors
sa ronde hypnotique virevoltant côte à côte avec le saxophone…
Une très belle ballade dans la Syrie imaginaire d'un esprit
rêveur et surement mélancolique.
David Linx & Brussels Jazz Orchestra - Brel (Jazz Village/Harmonia Mundi)
Avant même d'écouter le nouveau projet de David Linx et tout fraîchement débarqué de son précédent enregistrement avec Fresu et Wissels, on est interpelé par son titre et forcément curieux de savoir si l'artiste habitué aux prises de risques (Follow The Songlines) en réchappe grandi ou pas! Lorsque le crooner belge décide de chanter les titres emblématiques de son illustre compatriote Jacques Brel, la question essentielle du SENS se pose. En effet comment aborder une personnalité si complexe et complète sans tomber dans l'écueil du pathos?
Collaborant avec l'un des plus fameux orchestres de jazz au monde, le chanteur acrobate a répondu présent à l'invitation du Brussels Jazz Orchestra, formulée conjointement par son directeur artistique Franck Vaganée et son manager Koen Maes. Ensemble ils révèlent les talents d'auteur sensible et profond d'un compositeur raffiné et sophistiqué, un monstre sacré de la chanson aux succès intemporels et universels.
Plus que révélées, les mélodies de "La Valse à Mille Temps","Mathilde","Quand on a que l'amour", "Vesoul - Amsterdam"sont réarrangées de manière à en extirper un swing captivant, le pittoresque et l'intime se dévoilent au grand jour avec grandiloquence et élégance, si les mots demeurent toujours aussi percutants et vrais, ils s'allègent, s'arrondissent et rebondissent. Jazz orchestral, scat et textes géniaux fusionnent pour le meilleur.
"Ne me quitte pas" devient une comptine, douce et délicate, "Isabelle" et "Le Plat Pays" deux ballades romantiques où la chaleur des cuivres est persistante tandis que "Ces gens là" perd ses accents...
La reprise de "Bruxelles" résonne bien sûr de manière toute particulière suite aux évènements tragiques du 22 Mars 2016, enjouée et virevoltante elle fait plus que jamais un pied de nez à la terreur...