lundi 2 novembre 2015

Fresh Sounds from Les Chroniques de Hiko (October/November 2015)


Fresh Sounds from Les Chroniques de Hiko (Aout/Septembre 2015)


Céu – Live (Six Degrees)


Céu – Live (Six Degrees)

La chanteuse brésilienne Céu, que nous écoutions il y a peu sur l’excellent Tempo & Magma de Tigana Santana nous revient avec un album Live intimiste capté en aout 2014 chez elle à Sao Paolo, au Centre Culturel Rio Verde. Le disque, composé de 15 titres, reprend l’essentiel de ses 3 premiers opus et marque ainsi 10 années d’une carrière ponctuées notamment de 4 nominations aux Grammy Awards.

Accompagnée de Lucas Martins à la basse, de Dustan Gallas à la guitare et au Fender Rhodes, de Dj Marco à la programmation et aux scratches ainsi que de Bruno Buarque à la batterie, Céu nous invite dans son univers MPB fusionnant samba et rock psyché aux accents méxicains (Falta de Ar), ballade pop (Chegar Em Mim) et reflets électroniques (Contados), blues rugueux (Grains de Beauté) et cumbia (Retrovisor), tropicalisme (Cangote), instants reggae (Concrete Jungle) et soul (Lenda) ou encore rythmiques afrobeat (Rainha) et swing jazzy (Amor De Antigos). Sa voix, à la tessiture si subtile, a la clarté et la profondeur de son aînée Gal Costa. Elle survole avec élégance et maitrise, en portugais et parfois en anglais (Streets Bloom), un répertoire multicolore au grain vintage, plantant une atmosphère chaleureuse et conviviale.

jeudi 29 octobre 2015

Get The Blessing – Astronautilus (Naim Jazz/Modulor)


Get The Blessing – Astronautilus (Naim Jazz/Modulor)

Dédié au saxophoniste précurseur du free jazz Ornette Coleman, disparu en juin dernier à New York, Astronautilus est le 5° opus de la section rythmique de Portishead, Get The Blessing. Composé depuis ses débuts en 2000 du saxophoniste Jake Mucmurpchie, du trompettiste Pete Judge, du batteur Clive Deamer et du bassiste Jim Barr, le quartet post-jazz de Bristol nous offre 9 titres sombres aux ambiances punk tendues et électriques. Les sonorités cuivrées désarticulées, distordues et renforcées d’FX noisy sont soutenues par des lignes de basse massives et des beats tranchants et crasseux. Si l’improvisation y occupe une place importante, Astronautilus combine habilement les rythmiques marquées aux atmosphères cinématiques et embrumées, habitées de mélodies lancinantes parfois accrocheuses et d’autres fois dissonantes et complexes. Get The Blessing évolue aux frontières du jazz, se frottant à l’ambient, au post-rock, à l’electro et à la musique de film.

Antiquarks – KÔ le libre album (Mustradem/InOuie Distribution)


Antiquarks – KÔ le libre album (Mustradem/InOuie Distribution)

La compagnie Antiquarks est à l’initiative depuis sa création il y a une dizaine d’années d’une quinzaine d’œuvres originales et de plus de 300 performances artistiques, concerts, spectacles, conférences ou workshop, délivrés en France et à travers le monde. Le collectif humaniste, tentaculaire et à géométrie variable, nous présente son dernier projet intitulé (« corps » en créole), une œuvre musicale, graphique et poétique se dressant avec vigueur, humour et folie contre une industrie du disque standardisée et omnipotente.

Offert comme un « humanifeste du corps ordinaire » sous la forme d’un livret de près de quarante pages, d’un disque de 8 titres et d’un show anticonformiste et débridé, convie son public devenu auditeur, spectateur et lecteur dans un univers singulier où se « rassemblent une pluralité de mondes musicaux ». La chanteuse tuscarora militante Pura Fé (Western Dark Side) côtoie ainsi la cantatrice de l’orchestre national de Lyon Sophie Lou (Papageno Papagena), le percussionniste Ismael Mesbahi (Aman) et le danseur/chanteur burkinabé Bouréima Kiénou (Rockya Couba) dans une musique « interterrestre » comme le dit l’un des piliers d’Antiquarks, l’artiste-sociologue chanteur, percussionniste et compositeur, Richard Monségu. Entre les rythmes d’Afrique de l’ouest, le punk/rock (Pigs Bridge), la musique orientale, le world jazz (Shake It) ou les ambiances créoles (Dyab), se joue des codes, prend le risque d’être une œuvre foisonnante et plurielle, sans à priori mais gorgée de convictions.

G!rafe & Bruno Girard - L’Ami que j’Aimais Bien (Discobole Records)


G!rafe & Bruno Girard - L’Ami que j’Aimais Bien (Discobole Records)

Quel est donc cet animal étrange, qui, animé par une énergie post-rock, joue une musique sombre marquée par les mots d’un poète maudit nommé Alain Peters ? G!rafe est une formation menée par le chanteur Bruno Girard (membre de Bratsch, groupe historique français aux influences jazz, tziganes, russes et arméniennes) et composée du bassiste Théo Girard, du batteur Eric Groleau, du guitariste Stéphane Hoareau et du clarinettiste Nicolas Naudet. Son projet intitulé L’Ami que j’Aimais Bien est un hommage à l’auteur et musicien réunionnais Alain Peters, qui fusionnait dans les années 70 psychédélisme, rock et maloya. Bruno a choisi de dire en français 6 poèmes de l’artiste disparu précocement en 1995, ils expriment tantôt l’espoir puis le désespoir, tantôt la déception amoureuse et la solitude puis l’injustice sociale… Bref autant de divagations souvent mélancoliques et parfois amères que son chant grave et imposant, qui s’apparenterait presque au slam de Grand Corps Malade, extirpe avec calme et vigueur d’un amas rocheux en fusion.

mercredi 28 octobre 2015

Fidel Fourneyron - High Fidelity (Umlaut Records)


Fidel Fourneyron - High Fidelity (Umlaut Records)

Le trombone a toujours été un instrument fascinant, de par son allure et sa mécanique, mais rarement mis en premier plan. On garde cependant en mémoire quelques noms illustres comme le jazzman J J Jonhson, l’immortel Fred Wesley des JB’s, plus récemment le suédois Nils Landgren ou le tout jeune Trombone Shorty, natif de la Nouvelle Orléans.

Fidel Fourneyron, originaire d’Albi dans le sud ouest de la France, nous présente son premier opus solo intitulé High Fidelity. Bien loin des sentiers battus par ses aînés, le tromboniste virtuose invite son auditoire à partager l’intimité qui le lie à son instrument, duquel il parvient à extirper des sonorités inédites et surprenantes. Passionné par les grands orchestres de swing et amateur de rumba cubaine, c’est véritablement dans les milieux du jazz moderne, de la musique improvisée et contemporaine qu’il se fait remarquer. High Fidelity n’a d’ailleurs rien à voir avec un disque de jazz au sens classique, c’est une suite de 9 titres pour trombone seul, où bruits, souffles, grincements, grognements, cris, murmures, monologues et répétitions entêtantes se succèdent, se chevauchent et se causent, laissant parfois échapper quelques phrasés familiers.