Le producteur écossais basé à Melbourne Jonny Faith nous séduisait en Mars dernier avec la parution de Neon, second single de son premier opus
baptisé Sundial. Il nous présente
aujourd’hui par l’entremise du label Tru
Thoughts son dernier extrait intitulé LeSucre, accompagné du titre inédit Dapple City ainsi que de 3 nouveaux
remixes orchestrés par les australiens Roleo,
Anomie et Snare Thief.
Souvent comparé, et à juste titre, aux célèbres Flying Lotus et Bonobo grâce à ses productions électro largement empreintes de hip-hop, de dub et de D&B, Jonny Faith nous livre avec son délicat
Le Sucre et ses nappes de synthés hypnotiques, une pause
atmosphérique dans un paysage sonore ouaté, rythmé par les cymbalettes d’un tambourin charmeur et les beats d’un future garage paisible.
Dans Dapple City
la collusion avec l’univers organique de Bonobo
est d’emblée audible, le son intimiste du carillon et les accords envoutants du
clavier se déploient sur une assise hip-hopdown-tempo jouée aux balais.
Dans une même veine immersive et soyeuse, le producteur de
Sidney Roleo s’est attaqué au remix
de Dust Settles, Anomie lui a préféré Zheng et
ses accents asiatiques renforcés par un beat drum & bass massif et trippant. Snare Thief s’empare quant à lui de fameux Neon, pièce maîtresse de Sundial,
y incorporant aussi une solide rythmique D&B
véloce et tranchante.
Harleighblu - Futurespective EP 2 (Tru Thoughts Records)
La jeune diva Harleighblu nous avait agréablement surpris début Mai 2015 avec la parution de son premier EP de la série Futurespective, elle revient avec sa soul mâtinée de hip-hop et de future beats dans un second volume composé de 3 titres et prévu pour le 25 Septembre prochain.
Real Good, qui est accompagné de sa version a cappella et instrumentale, nous plonge dans l'univers syncopé, organique et crasseux des producteursSpectraSoul, fait de cliquetis mordants et de samples craquelés de flûtes andines. La voix enivrante et sensuelle d'Harleighblu nous propulse quant à elle dans une ambiance R&B moite et sombre.
Dans Forget (lui aussi prolongé de sa versions a cappella et instrumentale), la chanteuse invite le producteur basé à Los Angeles Captain Supernova qui, d'emblée, nous impose ses synthés cosmiques, son beat hip-hop aux grains analogiques et sa ligne de basse massive et groovy. L'héritière d'Amy Winehouse et de Macy Gray nous présente le versant néo-soul de sa sensibilité de crooneuse avec ce track empli de lumière, d'énergie et de fraîcheur.
Enfin Another One est sans aucun doute le plus sexy de l'EP, orchestré par Audio Sparks (Bugz In The Attic) il dévoile son swing façon Barry White, disco et envoutant, sous la forme d'une lente complainte des plus chaloupées, où Harleighblu vient déposer d'une voix délicieuse son flow langoureux et légèrement blessé.
Une fois de plus cette valeur montante de l'écurie Tru Thougths nous a littéralement conquis!
Baba Sissoko - Three Gees (Blind Faith Records/Differ-Ant)
Le griot malien Baba Sissoko, héritier des cultures millénaires d'Afrique de l'Ouest, s'efforce à travers tous les moyens qui lui sont donnés, de transmettre son savoir ancestral. Installé en Calabre depuis 1998, le conteur, percussionniste, enseignant et conférencier publie son dernier opus baptisé Three Gees, dans lequel il fait intervenir "la voix merveilleuse" de sa mère Djeli Mah Damba Koroba et le timbre "chaud et brillant" de sa fille Djana Sissoko... Une histoire de famille en somme qui réunie 3 générations avec en toile fond l'étonnante formation The Pignetophonics, renforcée de quelques guests comme le fameux Fernando Velez Bugaloo, percussionniste des Dap Kings (groupe de la diva Sharon Jones).
Le projet confronte les sonorités propres aux traditions maliennes comme l'amadran (Kélé Kélé, Dhé Dhé Dhé) à celles du blues (Doni Doni) et de l'afrobeat (Kali Baba, Black Rock), souvent réhaussées d'une touche de psychédélisme (Il Faut Pas Ecouter) apportée entre autres par le claviériste Emiliano Pari et le son des guitares électriques de Pietro Nicosia et Larry Guaraldi.
(L'amadran, une des influences majeures de l'artiste, est une structure musicale hypnotique et répétitve typiquement malienne à partir de laquelle serait naît le blues!)
Le poète/chanteur et multi-instrumentiste (guitare, balafon, ngoni, kamalengoni, calebasse...) ne confond pas entretien des traditions et conservatisme, bien au contraire il chante aussi bien ce que certains nomment la "soul bambara mystique" dans sa langue natalequ'en anglais ou qu'en français, appréçiant depuis ses débuts les collaborations avec des musiciens d'horizons lointains comme les cubains Ibrahim Ferrer, Roberto Fonseca ou Omar Sosa. Malgré cette modernité et cette ouverture d'esprit, il n'est pas si loin le temps où le jeune Baba jouait du tamani (ou "tambour parlant") en acompagnant son grand-père qui chantait ou jouait du ngoni pour les villages qu'ils visitaient, racontant des histoires que le jeune griot allait définitivement graver dans sa mémoire.
Various Artists - Daptone Gold II (Daptone Records/Differ-Ant)
Le désormais mythique label Daptone Records, basé à Brooklyn depuis sa création en 2001 par le bassiste Gabriel Roth et le saxophoniste Neal Sugarman, publie sa seconde compilation intitulée Daptone Gold II.
Spécialisée dans les sonorités soul et funkdes années 60 et 70, la maison de disque entretient les méthodes d'enregistrement et de mixage de l'époque, misant tout sur le grain de l'analogique et l'acoustique "poussiéreuse" de leur studio.
En 20 titres piochés parmi les parutions de ces 6 dernières années, Daptone nous présente l'étendue et la richesse de son répertoire parmi lequel se trouve de jeunes formations devenues phares dans cette quête retro soul et deepfunk revival comme The Budos Band (Unbroken, Unshaven ou Aphasia), qui intègre des cuivres éthio-jazz ou Menahan Street Band (The Traitor ou Keep Coming Back) et leur soul instrumentale parsemée d'afro-beat.
Mais Daptone sait aussi remettre en scène des acteurs oubliés de ces années folles où Stax et Motown dominaient quasiment sans partage. On redécouvre ainsi la soul torride de Charles Bradley sosie presque parfait de James Brown (Stricly Reserved For You, Heartaches And Pain) et la "musique de l'âme" de Naomie Shelton imprégnée du gospel de son Alabama natal (Sinner, You Got To Move).
Il serait impensable d'aborder Daptone sans parler de la dure à cuire Sharon Jones et de son groupe magique les Dap Kings (Better Thing To Do, Inspiration Information ou Little Boys With Shiny Toys). En effet, la chanteuse ex-surveillante pénitencière et convoyeuse de fonds (mais surtout survivante d'un cancer du pancréas) est devenue l'égérie de l'écurie new-yorkaise avec sa voix si puissante et sa section rythmique sans pareille, qui en 2006 enregistra d'ailleurs aux côtés de la regrettée diva Amy Winehouse dans son immense Back To Black. Ensemble ils nous mènent dans leur soul sublime, violente, enivrante et originelle habitée des spectres de Marvin Gaye, Sam Cooke ou Bobby Womack.
Oeuvrant dans les choeures de Sharon lors de ses débuts, les ex-Dapettes Saun & Starrsont aussi à l'honneur dans Daptone Gold II (Hot Shot, Look Closer (Can't You Sess The Signs?)) grâce à leur récente actualité Look Closer au groove radieux et survitaminé.
Antibalas, formation installée à Brooklyn, nous plonge quant à elle dans les percussions et l'énergie afrobeat (Dirty Money) de Fela Kuti.
Le trio gospel originaire du Mississippi The Como Mamas (Out Of The Wilderness), toute nouvelle signature de Daptone Records, vient parfaire une compilation des plus classieuses et indispensables pour tous les amoureux de soul comme elle se pratiquait à son apogée, il y 50 ans !
Le Dj producteur londonien Wrongtom publie sur le label de Brighton son dernier EP baptisé Possessed. Les sonorités reggae/dub/dancehallgavées de reverbeset dotées d'uneligne de basse ronflante et massive sont issues du titre Suzy Hangs Out extrait de son album In East London paru en 2013. L'artiste y décline ici son fameux théme à travers 8 pistes aux couleurs estivales et convie un bon nombre d'invités de choix: Tippa Irie, JC Lodge, The Ragga Twins, Deemas J, Desta Zion, The Correctional Horns et The Stoneleigh Mountain Rockers.
Nicole
Willis & The Soul Investigators - Happiness In Every Style (Timmion
Records/Differ-Ant)
La diva originaire de Brooklyn mais finlandaise d’adoption Nicole Willis nous revient en compagnie
de son groupe The Soul Investigators
pour un troisième volet de leur collaboration amorcée en 2005 avec Keep Reachin’ Up et ses sonorités soul/funksurgies des 60’s. Happiness In Every Style succède donc au sombre et troublant Tortured Soul paru en 2013, nous
baignant dans une atmosphère bien plus positive et chatoyante, où se déploient la
voix puissante et racée de Nicole et
les arrangements résolument modernes et dansants du batteur/producteur Jukka Sarapaaet du bassiste/producteur Sami Kantelinen. Comme précédemment, la touche de Jimi Tenor (époux de la chanteuse) est
perceptible à plusieurs reprises et notamment dès l’ouverture, où il arrange
les cuivres du sublime One In A Million.
Paint Me In The
Corner est le premier single du disque dont la sortie est prévue courant
Octobre 2015, il est accompagné sur sa face B de l’exquis Where Are You Now etévoquent
à eux deux l’esthétique global de l’album, définitivement placé sous le signe d’une nothern soul optimiste… Les
instrumentations y sont plus légères et apaisées, donnant lieu aux ballades
délicates Angel, Open Sky ou encore Thief In
The Night. Les mélodies plus
sophistiquées n’enlèvent cependant rien à l’énergie raw funk que dégagent certains morceaux comme Let’s Communicate.
Nicole Willis &
The Soul Investigators nous offrent un disque aussi bien dédié aux danseurs
qu’aux mélomanes sensibles à la pop soul classique. Ils développent avec
maturité un son sur lequel le temps n’a plus d’emprise !
J-Felix - Keep On (We Ain't Here For Long (Single) (Tru Thoughts)
Le jeune chanteur et multi-instrumentiste natif de Bristol, J-Felix, nous régale d'un second extrait de son premier disque 101 Reasons paru chez Tru Thoughts en Juin dernier. Toujours à nous ballader autour de sa néo soul sensuelle et granuleuse parcourue d'accents P-funk et de beats hip-hop, le single Keep On (We Ain't Here For Long) succède à l'excellent Patience, dont nous vous parlions en Mai dernier. Composé du titre éponyme, où le producteur pose sa voix de velour sur une instrumentation boogie funk très orientée dancefloor, il est accompagné de Black Little Box où l'on peut écouter la voix soul/jazz de la diva canadienne Kinny (J-Felix nous présentait déjà l'excellente chanteuse Abi Flynn dans Patience), d'un remix très deep de 101 Reasons orchestré par El Train, originaire de Brighton et d'un autre de Lady T, repensé par Si Tew dans une veine down-tempo à la rythmique complètement enivrante.