jeudi 12 mars 2015

The Empire Of Sound – Out Of The Norm (L’Autre Distribution)


The Empire Of Sound – Out Of The Norm (L’Autre Distribution)

Forcément, quand Mattic est dans la place on ne peut que s’attendre à un déferlement de grooves jazzy et de flows old-school des plus classieux. Le projet Empire Of Sound est né de la collaboration entre le MC américain et le beatmaker français Juke, claviériste addict de la chaleur analogique. Leur passion commune pour la black music, notamment le jazz, la néo soul et le hip-hop, ainsi que leur désir de jouer et d’enregistrer en live, les poussent à s’entourer d’un véritable jazz band. Rejoint par le batteur Romain Joutard, le bassiste Julien Hermé, le guitariste Benoît Medrykowski et le saxophoniste /Dj Lucas Saint Cricq, le duo nous proposent 12 compositions séduisantes et inspirées, dont les références sont puisées dans le jazz teinté d’accents urbains des excellents Roy Hargrove et Robert Glasper, le rap east-coast de The Roots et Talib Kweli sans omettre la référence R&B absolue, D’Angelo, incarné par la voix sensuelle de Gimenez E dans le brulant Lost My Soul Into You. Outre le crooner soul originaire du sud-ouest, Out Of The Norm nous présente les chanteuses Lil Swan et Mafé, les rappeurs Racecar et Justin Percival… Du très beau monde en somme pour un disque qui enjambe l’Atlantique, fusionnant deux univers aux trajectoires distinctes mais s’accordant  comme une évidence !

mardi 10 mars 2015

John Milk – Treat Me Right (Underdog Records)


John Milk – Treat Me Right (Underdog Records)

John Milk, incarnation française d’un son onctueux et roots publie Treat Me Right. Influencé par les plus belles années de la Motown et le répertoire des légendes jamaïcaines Bob Marley et Peter Tosh, ce premier opus racé nous évoque forcément les sonorités philly soul au groove sensuel et efficace des 60’s 70’s, un peu à la manière des récentes sorties de Silk Rhodes et Tuxedo chez Stones Throw Records. Originaire de Lyon, le claviériste et chanteur à la voix de velours, dont le timbre se compare aisément à celui de Mayer Hawthorne, s’est associé au producteur et bassiste parisien Bruno ‘Patchworks’ Hovart (Metropolitan Jazz Affair, The Dynamics…), leur rencontre a produit un disque soul nébuleux sans artifice, bardé d’énergie P-funk (Till Our Soul Gets Up), d’accents reggae vintage (Talk Is Cheap) et habité de ballades survolées par les spectres bienveillants de Curtis Mayfield et des Delfonics (Give More Than Time). Après les Dafuniks et leur univers hip-hop/soul/funk, le label basé à Paris Underdog Records nous présente sa nouvelle recrue qui, d’emblée, tire en plein mille !

 

lundi 9 mars 2015

Yilian Canizares – Invocacion (Naïve)



Yilian Canizares – Invocacion (Naïve)

La toute jeune violoniste et chanteuse installée en Suisse Yilian Canizares nous présente son second opus intitulé Invocacion. Originaire de la Havane, elle allie avec fougue et passion les folklores afro-cubains au jazz moderne, y intégrant quelques accents de musique classique et des éléments de la culture Yoruba. Elle élabore au violon un swing dont le lyrisme nous ramène irrémédiablement vers celui de notre modèle absolu Stéphane Grapelli, un petit faible pour la France qu’elle manifeste d’ailleurs en reprenant un air immortalisé par Edith Piaf, Non Je Ne Regrette Rien. Sa voix puissante et délicate à la fois, effleure de sublimes ballades aériennes et ensorceleuses comme Breoni Abebe Osun et Toi Mon Amour ou accompagne les ambiances brulantes aux rythmes plus soutenus de titres comme Mapucha ou Laïla, dans lequel ses vocalises prennent la forme d’un scat presque guerrier doublé par un jeu virtuose et incisif au violon. Entourée de ses trois comparses - Daniel Stawinski au piano, David Brito à la basse et contrebasse, Cyril Regamey à la batterie et aux percussions - avec qui elle partage la scène et les studios, Yilian forme le quartet Ochumare (du nom de Ochun, orisha des eaux et rivières, déesse de la beauté dans la santeria) qu’elle agrémente en toute fin d’Invocacion, par l’invitation de la poétesse à la vibe hip-hop/jazz Akua Naru, sur un Iya Mi envoutant teinté d’un groove urbain auréolé de volutes caribéennes.

Belle découverte !


vendredi 6 mars 2015

Magic Drum Orchestra - Crunked Up (Tru Thoughts Records)

Magic Drum Orchestra - Crunked Up (Tru Thoughts Records)

Le Magic Drum Orchestra dont nous parlions  lors de la parution de MDO Sessions 1, publie Crunked Up, single extrait de son EP paru en 2014 chez Tru Thoughts. Largement influencé par les batucadas brésiliennes, la drum & bass et le hip-hop, l'ensemble de percussions basé au Royaume-Unis interprète ici un titre de Benga, figure importante du dubstep, en y incorporant quelques accents bien sentis de samba et d'afrobeat.
Pas de logiciels ni de MPC, juste un sifflet, quelques dizaines de peaux tendues et un sens aiguisé du groove et du partage !

mercredi 4 mars 2015

Naïssam Jalal & Rhythms Of Resistance - Osloob Hayati (Les Couleurs du Son/L’autre Distribution)


Naïssam Jalal & Rhythms Of Resistance - Osloob Hayati (Les Couleurs du Son/L’autre Distribution)

La jeune flutiste parisienne d’origine syrienne Naïssam Jalal, accompagnée de son ensemble cosmopolite Rhythms Of Resistance, nous présente Osloob Hayati. Après des études au Conservatoire, elle entreprend un voyage initiatique pour Damas afin d’y étudier les richesses musicales de ses racines, puis pour l’Egypte du maître et violoniste Abdu Dagher et du pianiste FathI Salama. Cette formation lui permit de bâtir un répertoire singulier, à la croisée des influences arabes et européennes, posé sur des bases traditionnelles et s’élevant vers un langage où le sens du mot Liberté résonne plus que nulle part ailleurs ! Exploratrice engagée et aventurière résistante, Naïssam donne forme à son projet lors des révoltes du monde arabe en 2011, il vise à lutter contre le repli identitaire en s’ouvrant au métissage, au partage et à la rencontre. Elaborant de larges plages contemplatives et méditatives (Osloob Hayati, Om Alshahid), dressant de grands espaces où la moiteur de l’Orient et la frénésie de ses transes (Etrange Samaï, Beirut) rencontre le groove ardent et fougueux du jazz contemporain (Parfois C’est Plus Fort Que Toi, Visite Matinale, Nomades), Naïssam Jalal & Rhythms Of Resistance tracent dans le sable les contours d’une terre d’accueil sans Frontières strictes où rien ni personne ne s’oppose.

mardi 3 mars 2015

Tal National – Zoy Zoy (Fat Cat/Differ-Ant)


Tal National – Zoy Zoy (Fat Cat/Differ-Ant)

C’est une explosion de sonorités urbaines hypnotiques et de rythmes brulants issus des steppes ouest africaines que nous propose d’écouter le nouvel opus Zoy Zoy, du groupe ancré à Niamey, Tal National. Succédant à Kanni qui, grâce au producteur américain Jamie Carter, eut une écoute internationale en 2013, il fut lui aussi enregistré de façon roots et artisanale dans un studio poussiéreux de la capitale du Niger. En croisant les sonorités du Nigéria (afrobeat), du Mali (culture mandingue) et du Ghana (highlife) côtiers, ainsi que les différents folklores composant l’identité nigérienne, le leader Almeida (guitariste, enseignant, juge, greffier et ancien footballeur) inonde les 8 titres de riffs véloces d’une guitare congolaise énergique, inspirée par la tradition des grands orchestres d’Afrique de l’Ouest. Tal National, formation pluriethnique puisqu’y sont présents des musiciens Arabes, Touaregs, Songhais, Fulanis ou encore Hausas, interprète un répertoire traditionnel largement réactualisé et engagé, dont le propos est souvent d’honorer la femme et sa condition dans une société nigérienne malheureusement écrasée par le poids du religieux.

samedi 28 février 2015

Tuxedo – Tuxedo (Stone Throw Records)

Tuxedo – Tuxedo (Stone Throw Records)

Retour au son sophistiqué du disco funk des années 80 avec les 12 pépites de deux américains tirés à 4 épingles, Tuxedo. Le duo se compose de deux poids lourds de la nouvelle scène hip-hop/soul/R&B, l’excellent multi-instrumentiste/chanteur originaire de Détroit Mayer Hawthorne (propulsé en tête des charts en 2009 grâce à son délicieux Just Ain't Gonna Work Out inspiré des Delfonics) et le Dj/beatmaker de Seattle Jake One (qui a notamment produit pour Drake, Rick Ross ou 50 Cent…). C’est sur le label californien de Peanut Butter Wolf, Stone Throw Records (Madlib, J Dilla, Snoop Dogg, Aloe Blacc …), que nos deux larrons, baignant dans l’héritage du hip hop de Public Enemy et de la Motown, publient leur premier opus au titre éponyme. Michael Collins et Sasha Desree avec leurs sonorités soul minimalistes nous avaient déjà enthousiasmé lors de la toute récente sortie sur ce même label du sublime Silk Rhodes, c’est dans une veine plus funky et dancefloor, dans l’esprit de Chic, The Whispers ou Shalamar, que Tuxedo nous présente un disque au groove efficace et contagieux, dont certains titres comme R U Ready, Watch The Dance ou Do It, auraient facilement trouvé leur place dans la tracklist des nuits folles du Studio 54 à New York.

Rien de neuf, c'est sûr, puisqu’il s’agit d’un retour aux sources que les Daft Punk ont largement contribué à mettre en lumière avec leur Random Access Memories, et que d’autres ont aussi exploré avec brio comme Mark Ronson, Bruno Mars ou Pharrell Williams… Mais qu’importe tant que c’est bon !