vendredi 16 janvier 2015

Antonio Castrignano - Fomenta – Ilenu De Taranta (Ponderosa/Harmonia Mundi)


Antonio Castrignano - Fomenta – Ilenu De Taranta (Ponderosa/Harmonia Mundi)

Nous découvrions il y a peu le dernier opus de la chanteuse Maria Mazzotta, qui faisait un clin d’œil à sa région natale du Salento avec le violoncelliste Redi Hasa, c’est au tour d’un autre natif des Pouilles dans le sud de l’Italie de nous transmettre la vitalité de ce folklore enjoué datant du XVII° siècle et baptisé Tarantelle. Le chanteur Antonio Castrignano est un de ces rares artistes à interpréter ces rythmes effrénés et ces mélodies endiablées. Avec Fomenta – Ilenu De Taranta, il nous montre la musicalité, l’énergie et l’esprit festif que dégage cette tradition qui donnait lieu à de grandes fêtes païennes où la danse « Pizzica » conduisait à la transe ! On y retrouve ces sonorités fougueuses de nos médiévales farandoles, colorées d’accents orientaux et balkaniques.

 

Wang Li – Past . Present . Future (Zaman Prod/Buda Musique)


Wang Li – Past . Present . Future (Zaman Prod/Buda Musique)

 
 

Il est des projets musicaux qui, au premier abord, semblent bien éloignés de ce que l’on considère, la plupart du temps, comme chose musicale. Past . Present . Future, du musicien basé à Paris Wang Li, est un de ces projets aux accents expérimentaux qui surprend et repousse pour finalement happer l’auditeur au gré de ses explorations méditatives entre tradition et avant-garde… En effet, ce spécialiste de la guimbarde chinoise et de la flûte à calebasse nous plonge dans un espace sonore aux frontières floues, les ambiances y sont sombres et mystérieuses, parasitées par des effets électroniques diaphoniques aux résonnances à la fois intimistes et hypnotiques. La musique de Wang Li rappelle parfois celle des aborigènes australiens et leurs didgiridoo, mais évoque aussi la diphonie des chants tibétains… Les pulsations sourdes et amplifiées émises par les vibrations de la guimbarde dans la bouche de l’artiste engendrent même des beats métallisés proches de ceux de certaines productions électro minimal.


jeudi 15 janvier 2015

Raphaël Faÿs - Circulo De La Noche (Label Ouest/L’Autre Distribution)


Raphaël Faÿs - Circulo De La Noche (Label Ouest/L’Autre Distribution)

Raphaël Faÿs est un musicien virtuose qui anime les nuits parisiennes depuis le début des années 70, faisant sonner sa six-cordes dans les bars et restaurants prestigieux de la capitale. Il excelle aussi bien dans le répertoire jazz hérité de son père, que dans celui de son idole Paco De Lucia (RIP) ou encore des maîtres classiques. Le guitariste nous présente son nouveau projet intitulé Circulo De La Noche, distribué sous la forme d’un triple album. Passionné très tôt par la musique de Django Reinhart, il s’abandonne au flamenco à la fin des années 80 se faisant notamment remarquer par sa technique véloce au médiator dite « poua ». Synthétisant les styles manouche et hispano-andalou, le guitar-héro, habitué aux pièces jouées en solo, donne ici au chant « cante » et à la danse « baile » une dimension bien plus importante, enracinant davantage sa vingtaine de compositions dans la grande tradition flamenca.
Enregistré courant 2014, c'est suite au décès de Paco que Raphaël décida de lui dédier sa laborieuse trilogie, clôturant son troisième volume avec le fameux Concierto d'Aranjuez de Joaquin Rodrigo, repris brillamment en 1991 par Paco lui-même et immortalisé auparavant par Miles Davis dans son fabuleux Sketches Of Spain, arrangé par Gil Evans rn 1960.
 
 

jeudi 8 janvier 2015

Pura Fé – Sacred Seed (Nueva Onda Records/Harmonia Mundi)


Pura Fé – Sacred Seed (Nueva Onda Records/Harmonia Mundi)

Pura Fé est une chanteuse américaine issue d’un peuple amérindien nommé Tuscanora. Artiste complète, activiste écologiste militant pour la survie de son patrimoine culturel, elle publie sur le label français Nueva Onda Records son cinquième opus baptisé Sacred Seed. Influencée par le blues de Charley Patton ou Taj Mahal (Spirit In The Sky), la musique folk de Joni Mitchell (My People My Land), le jazz de Duke Ellington (In A Sentimental Mood) et la soul de la Motown (Hiyo Stireh), Pura Fé nous livre un recueil de 12 titres largement imprégnés du chant et des rythmes des Native Peoples (Pigeon Dance), « ayant fait partie de l’évolution de la musique américaine ». A noter la participation des français Jean Jacques Milteau à l’harmonica et Mathis Haug aux guitares et à la production.

 

Redi Hasa & Maria Mazzotta – Ura (Finis Terre/Orkhêstra)


Redi Hasa & Maria Mazzotta – Ura (Finis Terre/Orkhêstra)

Voulant bâtir des passerelles entre la musique populaire d’Italie du sud et le folklore des balkans, la chanteuse Maria Mazzotta et le violoncelliste Redi Hasa en revisitent les fondamentaux, de manière singulière et profondément moderne, y intégrant des ingrédients empruntés à la musique de chambre et au jazz. Le duo formé en 2010 nous présente leur dernier projet baptisé Ura (se traduisant par « pont » en albanais). Véritable voyage sonore, on y (re)découvre par exemple un traditionnel de la région des Pouilles Maria, sublimé par un dialogue de cordes complices tissées entre les deux virtuoses et l’enivrant Ederlezi, un classique du folklore rom, imprégné de l’expressivité naturelle du violoncelle et de la fluidité cristalline d’une voix au vibrato maîtrisé à la perfection. Tous deux parviennent en effet à traduire en mélodies et en rythmes tous les paysages, toutes les couleurs et les émotions que dégage leur univers onirique, bâti à partir de leurs racines respectives.

 

mercredi 7 janvier 2015

Hommage aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo



Un acte sidérant perpétré contre un symbole de la liberté de penser et de s'exprimer... Les mots aujourd'hui ne seront malheureusement pas à la hauteur... Mais demain l'intelligence, l'humour et la caricature devront reprendre leur combat contre l'obscurantisme !

Manu Théron, Youssef Hbeisch, Grégory Dargent – Sirventès (Occitan Protest Songs) (Accords Croisés/Harmonia Mundi)


Manu Théron, Youssef Hbeisch, Grégory Dargent – Sirventès (Occitan Protest Songs) (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

Le sirventès est un texte en vers chanté par les troubadours du XIII° siècle en Provence, il s’agit d’une poésie contestatrice à caractère satirique s’en prenant aux puissants et à l’église de l’époque. L’art poétique du Trobar, redécouvert au XIX° par des auteurs tels que Mistral ou Mallarmé, nous est présenté ici par Manu Théron, considéré comme un pilier du renouveau musical de l’héritage occitan. Le chanteur est accompagné du joueur de oud et arrangeur Grégory Dargent ainsi que du percussionniste Youssef Hbeisch. S’inspirant des mélodies médiévales originales, le trio nous livre un recueil de 10 poèmes incisifs et enragés du Pays d’Oc, extraits du patrimoine populaire d’une société rebelle.