Musicalement,
HiKo
"MUSIC CREATES ORDER OUT OF CHAOS" (Yehudi Menuhin) hiko.events@gmail.com www.mixcloud.com/hikoevents
L’immense multi-instrumentiste Michael Eugene Archer alias D’Angelo marquait indélébilement l’histoire de la black music lorsqu'en 2000 paraissait sur Virgin Records le mythique Woodoo (classé par le magazine Rolling Stone parmi les 500 meilleurs albums de tous les temps).
Black Messiah était bien sûr attendu au détour! Les fans, tout d'abord, espéraient de nouvelles chansons, loin d'être satisfaits par les compilations The Soul Of D’Angelo (en 2006) par Dj Ameldabee et The Best So Far (en 2008). Les critiques, ensuite, dubitatives sur un éventuel retour, attendaient un peu plus que ses quelques apparitions disséminées ça et là, comme en 2002 dans l’excellente reprise de Fela Kuti Water No Get Enemy ou encore dans Imagine en 2006 avec Dr Dre et Snoop Dogg…
Lui qui excellait aux claviers (le piano étant son premier instrument) est apparu armé d'une guitare sur Woodoo, mais visant la perfection il a étudié ces dernières années avec le guitariste et producteur Jesse Johnson, apparu entre autres aux côtés de Prince, Janet Jackson, Paula Abdul et même Les Rita Mitsouko. Ses influences ont nettement déteint sur un D'Angelo reconnaissant!
L'hostile 1000 Deaths nous noie ensuite sous une déferlante de beats tonitruants où les coups de baguettes accompagnent, en introduction, un sample de sermon sur Jésus enregistré en mauvaise qualité, et plus loin une voix torturée semblant hurler son texte couvert de larsens à travers un mégaphone défectueux. Ce morceau coup-de-gueule pourrait à lui seul illustrer ce que ?uestlove pense de Black Messiah : un "Apolypse Now of black music".
Sugah Daddy nous réconcilie enfin avec l'univers chaud, sexuel et groovy de l'ange déchu, on retrouve en effet ses accords de piano flirtant avec les arrangements cuivrés du maître Roy Hargrove, la rythmique de guitare y est funky à souhait... Bref tous les ingrédients d'un futur succès sont réunis !

C'est certain, D' alias Modern Day Marvin Gaye accouche d’un nouveau chef d’œuvre soul aux sonorités expérimentales, vintages, rugueuses et brutales, survolé d’une voix toujours aussi ensorceleuse. L'Apollon noir qui posait à moitié-nu devant les objectifs est désormais quarantenaire, il troque ses abdos contre les costumes moins bling-bling du bluesman écorché et du Mr P-Funk abrasif. L'accent est mis sur le contenu, les messages politiques alternent avec les histoires d'amour, de perte et de trahison, l'apparent désordre d'une ébauche brossée sur une toile de jute trouve sa place au côté d'une étoffe délicate brodée de fil d'or.
Au-delà du simple renouveau musical, Black Messiah se veut être un écho à l’actualité, notamment aux évènements tragiques que connurent les villes de Ferguson (avec le décès du jeune Michael Brown, abattu par un policier inexpérimenté) et de New-York (où Eric Garner perdit la vie sous les coups inconscients des forces de l’ordre). Il est un cri de révolte, sauvage et violent, celui d'un Phénix renaissant de ses cendres et voulant apporter sa pierre à un édifice ébranlé par ses vieux démons...
Le label allemand basé à Hanovre Agogo Records nous présente le second opus du projet de David Hanke, Renegades Of Jazz. Paradise
Lost est un condensé d’énergie funk/hip-hop/soul/electro
piloté par un ex-resident du célèbre Mojo
Club à Hambourg, obsédé par l’esprit vintage des vieux disques de jazz, le rock’n’roll des 90’s, la culture du sampling, le funk et le breakbeat. Invitant la diva Karin Ploog sur un Flemish Cap au swing classieux, Jane Kennaway sur un Neverday
brûlant et haletant, le groupe hip-hop de Bristol Aspects sur un Fire aux
sonorités rap-rock ou encore le Mc Chima Anya sur un Death Grip plutôt dark et
le chanteur soul Greg Blackman sur
un Imperial Breed très gospel, David nous lance un obus sonique ravageur et débordant de groove où
les voix, les beats et les ambiances rappellent la grande époque de l’Acid Jazz !
Découvert réellement en 2011 avec son second opus No Na Orelha, album sacré plusieurs
fois disque de l’année, le MC brésilien Kleber
Gomes aka Criolo nous revient avec un nouveau projet baptisé Convoque Seu Buda. Reconnu et respecté dans
le milieu hip-hop de Sao Paulo
depuis ses débuts en 1989 dans les fameuses `Rinha dos Mc’s’, Criolo
se forge une envergure internationale à partir de 2012, on découvre alors un quadragénaire socialement engagé
(ancien éducateur), un poète urbain à l’écriture
tranchante et au timbre de voix proche de celui de notre Akhenaton national. Aussi bien à l’aise
avec les ambiances jazzy (Casa De Papelao), G-Funk (Cartao De Visita),
afrobeat (Pegue Pra Ela), reggae/dub
(Pé De Breque) ou psyché (Fio De Prumo Padé Ona), qu’avec les rythmes chaloupées de la samba pagode (Fermento Pra Massa) et les instrus typiquement rap old school (Convoque Seu
Buda), l’artiste slam ou chante pour dénoncer les travers de son Brésil
natal avec ses inégalités sociales et ses injustices.
Le brillant producteur basé à Los Angeles Jason Trikakis alias Lost Midas nous propose un troisième single extrait de son album Off The Course. Nous parlions ici de son premier extrait Head Games distribué par Tru Thoughts, c'est au tour de Dream Of Me/Off The Course d'illustrer le talent et la force du jeune américain, avec un double A-side présentant un Dream Off Me électro barré orienté dancefloor et un re-work organique et mélodique du titre Off The Course livré par The Seshen, groupe basé à San Francisco mixant enregistrements live et éléments électroniques.