Chapelier Fou – Invisible (Ici, d’Ailleurs…/Differ-ant)
Multi-instrumentiste combinant les sonorités pop,
électroniques et classiques, Louis Warynski aka Chapelier Fou a su créer un
univers musical singulier classé electronica-acoustique. Sa sphère est peuplée
d’éléments sonores empruntés ça et là au répertoire de la Grande musique avec
des arrangements pour instruments à cordes (et notamment le violon qui est son instrument
de prédilection), à celui de la musique électronique avec quelques incursions
expérimentales barrées programmées grâce à ses machines (boîtes à rythmes,
samplers et autres…) et enfin à celui de
la pop avec ses mélodies accrocheuses et
raffinées tissées grâce à quelques synthés vintage, une guitare et parfois une
voix… Le messin enchanteur nous présente son nouvel opus intitulé sobrement
« Invisible ». Il opère en solo, dressant autour de lui un dispositif
électro-acoustique complexe géré par son fidèle ordinateur, mais il arrive
parfois que des anges s’invitent sur un titre comme Matt Elliott dans le mystérieux
et envoutant « Moth, Flame ». Des bruits captés et bouclés font office
de rythmique organique, une guitare fait sonner
deux cordes sur des mots déprimés et emplis de mélancolie monotone, puis
plus loin un clavier et un violon viennent alléger l’atmosphère et la
complainte lourde et assommante devient une ballade romantique et
cinématographique. Ailleurs c’est Gérald Kurdian qui nous enivre lors d’une
promenade 80’s aux forts accents synthétiques. Le génie du Chapelier Fou réside
dans sa capacité a intégrer dans un même morceau toute une palette d’émotions
et de couleurs qui finissent le plus souvent par déstabiliser l’auditeur sans
jamais le perdre en route, l’équilibre parfait qu’il obtient grâce à sa rigueur
d’écriture et de composition maintient en haleine. De subtiles mélodies que
l’on a l’impression de connaître depuis toujours s’immiscent profondément dans
notre imaginaire et convoquent alors des images fantastiques de paysages
fantasmés habitées d’êtres monstrueux et féériques (« Cyclope & Othello »,
« Le Tricot »)… Ce disque, « Invisible », loin de se
dérober à notre regard, dévoile au contraire toute sa beauté fragile et glacée,
à l’instar de « Fritz Lang », le titre le plus réussi de l’album, il
est hybride, à la croisée des mondes analogiques et numériques. Un pur plaisir
d’écoute pour celles et ceux qui parviendront à trouver le passage secret…
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