mercredi 3 février 2016

Ian Shaw - The Theory Of Joy (Harmonia Mundi Jazz Village)


Ian Shaw - The Theory Of Joy (Jazz Village/Harmonia Mundi)

Le crooner anglais Ian Shaw nous présente son nouvel opus baptisé The Theory Of Joy et dès les premières mesures de Small Day Tomorrow le chanteur (auteur, compositeur, humoriste, animateur radio et producteur) impose un swing radieux, soutenu par son trio jazz 'so british' composé du pianiste Barry Green, du bassiste Mick Hutton et du batteur Dave Ohm.

Le quartet nous présente une suite de 12 titres aux délicats reflets pop, étant pour la plupart des reprises d'icônes du monde de la chanson. On remarque bien sûr la sublime interprétation en forme de ballade émouvante du Where Are We Now de David Bowie (RIP) qui résonne aujourd'hui d'une façon toute particulière…!

Joni Mitchell  figure elle aussi au programme avec une version très soul d'In France They Kiss On Main Street, ailleurs c'est Michel Legrand qui est à l'honneur avec une autre hymne romantique, How Do You Keep The Music Playing dans laquelle Ian déploie une voix douce et touchante maîtrisée avec nuance et retenue

Plus loin le fantôme de Jacques Brel surgit d'un de ses thèmes à l'universalité avérée, If You Go Away/Ne Me Quitte Pas, qui date de 1959. Ian la joue seul, assis devant son piano il chante ce texte emblématique du poète belge avec la sensibilité qui s'impose. L'exercice est pourtant devenu périlleux depuis que la diva Nina Simone s'en est emparée en 1971, lui conférant une profondeur insondable!

Toujours attaché à l'univers de la variété internationale, il enrichie son répertoire avec You've Got To Peak A Pocket Or Two, succès de l'anglais Lionel Bart extraite de sa comédie musicale Oliver! (inspirée par la nouvelle Oliver Twist de Dickens) ou encore Everything de l'auteur américain Paul Williams.

Le rock progressif de la formation britannique Traffic figure lui aussi dans ce Theory Of Joy avec le titre The Low Sparks Of High Heeled Boys dans lequel Ian s'autorise quelques coups de voix à la manière de Steve Winwood !

L'artiste aux multiples facettes reprend aussi le standard du jazz You Fascinate Me So écrit en 1958 et que l'immense Blossom Dearie immortalisait aux côtés notamment de Ray Brown et Kenny Burrell.

Il écrit et compose 3 morceaux, le touchant My Brother qui raconte l'histoire de son frère Gareth décédé avant sa naissance, l'énergique All This And Betty Too (un grand moment de jazz vocal) et la bossa nova Somewhere Towards Love.

Ian Shaw s'impose comme un chanteur de jazz majeur, qui s'inscrit aux côtés de ses compatriotes Mark Murphy (son mentor) et Kurt Elling parmi les étoiles du jazz actuel.


 

mardi 2 février 2016

Greg Sawyer - Home EP (Falk Recordings)

Greg Sawyer - Home EP (Falk Recordings)

Le Dj/producteur Greg Sawyer, chargé de communication pour le label londonien Defected Records depuis plus de 8 ans, publie chez Falk Recordings une nouvelle collection de 3 titres plutôt orientés deep-house, aux ambiances chill, aériennes et un brin dark. L'EP baptisé Home dégage, malgré son mode mid-tempo cinématiqueune exigence house bien affirmée, le titre éponyme dévoile une trame mélodique tissée au travers de nappes de synthés vaporeux, qui tend à s'assombrir dans le cosmique Caedmon. Misunderstood est pour moi la plus belle réussite de l'EP, il étale progressivement son groove contagieux et organique pour finalement imposer ses reflets soulful des plus sensuels.

 
 

Pino Arduini & Javier Bollag - Los Pueblos (Remixes by Copyright & Pablo Fierro) (DFTD)


Pino Arduini & Javier Bollag - Los Pueblos (Remixes by Copyright & Pablo Fierro) (DFTD)


C'est sur l'excellent label DFTD que le titre 'Los Pueblos' produit en 2013 par le suisse Pino Arduini (boss du label Balance Music/Deep Bros. Productions) et son acolyte Javier Bollag, fait aujourd'hui peau neuve grâce à l'expertise du duo anglais Copyright et du Dj/producteur espagnol Pablo Fierro (patron de Vida Records).

Les résidents de Defected Records Sam Holt et Gavin Mills accouchent d'une version de Los Pueblos nettement plus musclée et orientée dancefloor, l'atmosphère deep et soulful house cède sa place à un Revolution Remix aux sonorités 90's plus franches et incisives.

Le Pablo Fierro Remix offre quant à lui une vision plus tribale du track avec un accent mis sur les percussions et les reliefs afro-caribéens... Un rework épatant au groove hypnotique !

Ci-dessous la version originale:

Carlos Mena - Deep Forever More (Yoruba Records)

Carlos Mena - Deep Forever More (Yoruba Records)

Le Dj/producteur Carlos Mena, patron d'Ocha Records et digne représentant de l'excellente écurie Yoruba Records fondée dans le milieu des années 2000 par Osunlade, est natif de Porto Rico et a grandi à Brooklyn qu'il quittait pour la République Dominicaine durant les vacances d'été. Depuis tout jeune il absorbe donc une large palette de sonorités allant des rythmes de la salsa au hip-hop, qu'il dispense aujourd'hui dans des titres calibrés deep-house gorgés de soul et d'accents afro-cubains.

Ayant produit des tracks pour Arrested Development ou Pharcyde, il en signe bon nombre d'autres sur différents labels house dont Phuture Soul et Vega Records et brille par la confection d'instrus planantes dominées par un groove enivrant rehaussé de percussions roots et de claviers jazzy.

Dans son dernier EP baptisé Deep Forever More, Carlos nous livre 3 titres house séduisants et entraînants dont le punchy Bang It destiné à enflammer le dancefloor avec sa rythmique entêtante, le délicat et orgasmique Elegba, avec ses pulsations tribales et enfin le titre éponyme avec sa ligne de basse hypnotique et ses reflets jazz.

Que du bonheur!


ci-dessous un lien vers les productions de son label Ocha Records, elles reflètent la touche de l'artiste...
 

lundi 1 février 2016

Anchorsong - Ceremonial (Tru Thoughts)

Anchorsong - Ceremonial (Tru Thoughts)

Le label de Brighton Tru Thoughts a toujours le chic pour dégoter des producteurs de haut-vol captivants, ce second album d'Anchorsong en est la preuve! L'artiste Masaaki Yoshida né à Tokyo et basé à Londres depuis 2007 nous délivre, après ses excellents Chapters (LP) en 2011 et Mawa (EP) en 2014, le très attendu Ceremonial.

Elaborant des textures sonores sophistiquées inspirées par une Afrique sublimée, l'artisan fusionne les sonorités électroniques et traditionnelles dans un assemblage musical organique et accrocheur, où rythmes premiers, pulsions dancefloor et jeux de cordes enivrent un auditoire conquis. Masaaki déclare que sans son immersion dans la musique africaine des années 70, le highlife et l'afrobeat entre autres, Ceremonial n'aurait jamais vu le jour.

La touche 'ethno-electronica' du musicien atteint son paroxysme avec l'entêtant Last Feast et son beat répétitif tribal enrichi d'une ligne de basse entraînante et d'une mélodie aux accents caribéens brulants, pas étonnant que ce titre soit le premier single de l'opus.

vendredi 29 janvier 2016

Borja Flames - Nacer Blanco (Marxophone/Le Saule)


Borja Flames - Nacer Blanco (Marxophone/Le Saule)

Difficile de classer ce premier opus solo de l'artiste touche-à-tout Borja Flames, les compositions qu'il nous présente dans Nacer Blanco ont ce petit je-ne-sais-quoi de captivant voire de déroutant. Les sonorités qu'il façonne semblent parfois s'extraire d'un rite chamanique improbable comme dans El Arte De La Fuga et Vuelta Otra Vezpercussions et voix bouclées surgiraient d'un folklore ancestral d'Amérique du sud.

Moitié du duo June & Jim qu'il forme avec sa compagne Marion Cousin, présente dans les entêtants No Hay Pais et Lazos De Familia construits de loops et basés sur la répétition de phrases lancés en canon, Borja est fortement influencé par l'œuvre de l'anticonformiste et génial Moondog, maître du contrepoint et la fugue entre autres figures de style, qui fréquenta aussi bien Charlie Parker que Steve Reich ou Leonard Bernstein. Il est admiratif de sa manière d'allier complexité rythmique et puissance mélodique mais surtout touché par son goût pour le mélange des saveurs (accents caribéens, sophistication du jazz et avant-garde minimaliste).

Dans cet alliage subtile de chanson pop, de polyphonie et de musique électronique, Borja se plait à semer le trouble affichant une posture rock tout en restant connecté à la puissance mystique des rythmes premiers. Il nous brouille les idées à grand renfort d'échos et de télescopages, comme dans Ojo Avizor où sa ligne de synthé psychédélique et sa rythmique primitive syncopée nous ballade entre les ambiances de The Doors, Gotan Project et Philip Glass.

mercredi 27 janvier 2016

Lucius – Good Grief (Pias)


Lucius – Good Grief (Pias)

Lucius, formation menée par un duo féminin indie-pop basé à Brooklyn, nous présente son dernier opus, le sublime Good Grief, qui succède à leur premier Wildewoman, très bien accueilli par la critique lors de sa sortie en 2013.

Les chanteuses Jess Wolfe et Holly Laesing ont composé ce second disque sur la route, durant ces deux dernières années d'une tournée harassante mais épanouissante. Elles y explorent à travers 11 titres, toujours interprétés en parfaite harmonie, les sentiments de solitude, de tristesse, d'épuisement, d'excitation, de complicité et de joie ressentis durant cette période intense.

Good Grief est produit par Shawn Everett (Weezer, Alabama Shakes) avec Bob Ezrin (Alice Cooper, Kiss ou Pink Floyd) et mixé par Tom Elmhirst (Adele, Beck). On retrouve autour des deux leaders les multi-instrumentistes Andrew Burri, Peter Lalish et Dan Molad.

Le premier single partagé par le groupe fin 2015 était Born Again Teen, il s'agit d'un extrait pop rock survitaminé et pétillant à l'efficacité redoutable, parcouru par des voix légèrement aiguisées et des guitares saturées, le tout monté sur l'assise d'une batterie assommante aux grains vintage. Something About You, Almighty Gosh sont du même acabit punchy.

L'ensemble de Good Grief n'est pas construit autour de cette même veine rythmique orientée dancefloor, en effet le second single Madness est construit sur un mode bien plus sage et ample, une ballade pop aguichante et gracieuse aux atouts mélodiques catchy.

Dans Dusty Trails, Jess et Holly nous offrent une sublime chanson folk aux saveurs acoustiques country; dans l'atmosphérique My Heart Got Caught On Your Sleeve, l'absence de batterie nous fait prendre de l'altitude ne laissant qu'un piano et des cordes accompagner les chanteuses qui œuvrent à l'unisson.

Almost Makes Me Wish For Rain revêt des accents R&B, Truce arbore les reflets chauds d'une soul sensuelle, tandis que Gone Insane nous rappelle les sonorités puissantes de Gossip.

Lucius nous envoie sa nouvelle bombe qui ne manquera pas de ravir les amateurs de sons electro pop.