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dimanche 3 novembre 2013

Hiatus Kaiyote – Tawk Tomahawk (Flying Buddha Music/Sony Masterworks)


Hiatus Kaiyote – Tawk Tomahawk (Flying Buddha Music/Sony Masterworks)

Comme quoi une ballade chez son disquaire réserve encore des surprises… Une pochette étrange montrant le dessin d’un coyote gueule grand-ouverte (façon esprit vengeur de la Princesse Mononoké d’Hayao Miyazaki), le regard jaune et menaçant, derrière deux grues représentées en origami le narguant avec un serpentin rouge… Une couverture assez énigmatique mais plutôt efficace car la curiosité me met le casque à l’oreille… Puis là, deuxième effet Kiss Cool

Né sous l’impulsion de la chanteuse, guitariste et songwriter Nai Palm, Hiatus Kaiyote est la vision futuriste d’une Soul éclairée, cultivée, généreuse et organique. Rejoint par le bassiste Paul Bender, le touche-à-tout Perrin Moss et le claviériste Simon Mavin, l’alchimie opère et le projet prend forme attirant comme un aimant le soutien des plus grands comme le batteur chevelu des Roots, Questlove ou le Dj anglais Gilles Peterson (BBC Radio 6 Music).

L’album « Tawk Tomahawk » est paru pour la première fois en 2012 sur Bandcamp, il débarque cette année sous la signature Flying Buddha du label Sony Masterworks.

Le quartet australien basé à Melbourne est parvenu à extraire la « substantifique moelle » du courant NuSoul, dont les mètres étalons furent mis en place dés les 90’s par les immenses Erikah Badu, Bilal et autres Raphael Saadiq ou Music Soulchild. Mais son génie est d’avoir autant puisé son répertoire musical dans l’opéra que dans les musiques urbaines et électroniques. En effet, le titre « Malika » est tiré de Lakmé composé par le français Léo Delibes à la fin du XIX° siècle, il s’inspire de ce fameux air immortalisé entres autres par Natalie Dessay : « Le Duo des Fleurs ». On note par ailleurs que l’instru du morceau est un montage abstract hip-hop des plus délectables (à rapprocher des travaux du producteur américain Flying Lotus), avec les lignes de basse clé-de-voûte de Bender soutenant l’ensemble par son groove imparable.

En ouverture, c’est le très atmosphérique et mystérieux « Mobius Streak » (le fameux ruban rouge de la pochette ?) qui nous mène en bateau entre ballade électro-soul et ambient experimentale. Nai Palm y dévoile une voix touchante,  approchant celle d’une Lauryn Hill dans ses meilleures heures, tandis que les claviers de Simon Mavin nous enivrent et nous transportent vers des contrées délicatement syncopées par le broken beat éblouissant de Perrin Moss.

« The World It Softly Lulls » nous offre ensuite une ambiance néo-soul  feutréeD’Angelo pourrait facilement y poser ses mots doux et son groove sensuel façon « Spanish Joint ». La chanteuse choisi pourtant d’y imposer  un flow tranchant et revendicatif, un slam tempétueux sur une rythmique funk éthérée aux accents de guitare jazz.

Un interlude instrumental interstellaire « Leap Frog » nous fait glisser vers « Malika » puis « Ocelot » et « Boom Child », deux courtes plages aux beats hip-hop brutaux et crasseux (pas bien éloignées de certaines productions de Madlib).

« Lace Skull » déverse ensuite sa Soul électrisante et tumultueuse, s’amorçant avec un arpège de guitare et quelques accords de piano puis se terminant par un déferlement psychédélique.

C’est Jay Dilla (RIP), énorme producteur de Détroit, qui semble avoir tissé les trames de ces trop brefs « Rainbow Rhodes » et « Sphynx Gate », où Fender Rhodes, MPC, choeurs et basses font leur office dans ces célébrations légères et groovy à la musique promue par des labels tels que Stone Throw Records et Okayplayer.

Enfin « Nakamara » vient clore ce pur bijou. Un titre coloré et nusoul en puissance, sans boîte à rythme ni nappe électronique, du groove à l’état brut, faisant directement allusion à l’identité australienne du groupe. Le rappeur QTip (des Tribe Called Quest) fait une apparition dans une version exclusive présente dans la toute récente ré-édition du disque.
 
 

dimanche 1 septembre 2013

Krystle Warren - « Circles » (Because Music)


Krystle Warren - « Circles » (Because Music)

Remarquée par Keziah Jones alors qu’il venait saluer son producteur Russell Elevado (D’Angelo, Alicia Keys…) à New York, l’histoire de Krystle Warren est celle d’une jeune femme originaire de Kansas City qui décide à 13 ans, devant un documentaire TV sur les Beatles, de devenir musicienne. Influencée par Bill Withers pour sa folk métissée de soul, par Nina Simone et la tessiture si profonde et expressive de sa voix ou encore par la légende texane de la country music Willie Nelson, cette jeune américaine commence à se produire dès ses 20 ans et se forme au gré de rencontres extraordinaires dans les clubs de sa ville natale. Accompagnée de son groupe The Faculty formé à New York, elle enregistre ses premiers morceaux au fameux Electric Lady Studio, et un premier album s’annonce, « Circles ». Proche de l’intensité et de la puissance naturelle de Tracy Chapman, Krystle Warren se lance à l’assaut du public américain armée de sa guitare folk et d’une voix chaude et rocailleuse imbibée de soul et de blues, le succès ne tarde pas ! Elle arrive en France avec sa sensualité discrète et sa timidité maladive pour assurer la première partie de la tournée du prince du Blufunk. Une réelle émotion dès la première écoute !
 
 

Sandrine Mallick - Lucioles (City Record/Frémaux & Associés)


Sandrine Mallick - Lucioles (City Record/Frémaux & Associés)

L'énergie du jazz manouche et du swing gipsy trouve en la voix de Sandrine Mallick une beauté particulière façonnée dans la chanson avec quelques rehauts de scat. L'ambiance de son second opus y est festive à l'image de son dynamisme. L'infatigable jeune femme, déjà vue et entendue dans de nombreux spectacles musicaux depuis près de quinze ans, ressort des studios d'enregistrement avec Luciolles. Epaulée par l'accordéoniste Ludovic Beier qui signe toutes les musiques du disque, la chanteuse s'entoure de son ami le guitariste Philippe Doudou Cuillerier et du contrebassiste Antonio Licusati. Elle met ainsi en musique ses textes évoquant avec humour le statut d'artiste, les vertus de la cigarette ou la galère des petits jobs... Léo Ferré se fait même piquer Le Jazz Band sur un air d'accordéon haletant et conclut un disque divertissant baladant l'auditeur entre une valse, un foro et un tango. À noter la présence à la guitare du géant Angelo Debarre sur deux titres dont l'amusant Pas Touche au Manouche...

vendredi 30 août 2013

Interview Spleen pour la sortie de "Comme Un enfant"


Depuis maintenant quelques années on croise Spleen au détour d’un plateau TV, sur les planches d’un théâtre ou en concert, puis dernièrement dans les bacs avec son dernier opus « Comme un enfant » dont sont issus les singles « Tu l’aimeras » et « Love Dilemme. Personnage sincère, accessible et sensible, Spleen se livre et nous explique très simplement la genèse de son dernier album ainsi que son parcours artistique, il nous fait alors entrevoir quelques bribes de la personnalité de ce futur grand monsieur de la chanson française…

 
 
Pour quelles raisons as-tu choisi ce nom d’artiste « Spleen » ?

Spleen : Mélancolie sans cause apparente.

Spleen est un mot qui a une connotation émotionnelle assez forte et qui caractérise bien ma personnalité ainsi que ma démarche artistique…En plus c’est un mot très mélodieux, très planant, il marque les esprits et c’est justement ce que je veux : rester gravé dans les têtes et donner des émotions.

Que s’est-il passé depuis le premier album sorti en 2005 « She was a girl » ?

Plusieurs projets dans la musique, le théâtre, l’écriture et aussi des rencontres…J’ai participé aux albums de Cocorosie, j’ai aussi joué dans deux pièces de théâtre, dans un téléfilm puis j’ai rencontré des musiciens exceptionnels comme Sébastien Martel ou Pauline Croze, Laurent Garnier et bien d’autres, qui m’ont fait comprendre qu’il fallait que je m’investisse davantage dans la composition et les arrangements de mes morceaux. De là, j’ai rencontré deux pointures de la production Marc Lumbroso et Marlon B.

Quel est le point de départ de « Comme un enfant », quel est le détonateur qui t’a poussé à écrire de cette manière et à traiter de ces thèmes ?

C’est mon enfance ! Je ne savais jamais quoi répondre à cette question, puis en y pensant sérieusement la réponse est apparue clairement, mon instinct musical vient de ces années et ma manière d’appréhender la musique aujourd’hui est toujours aussi instinctive, ça ce fait toujours avec les moyens du bord…

Quel cap as-tu franchi avec ce deuxième album ?

Je ne crois pas encore avoir l’âge de raison, mais j’ai acquis une certaine maturité : le fait d’accepter de me faire aider par exemple, d’être entouré par des professionnels et des personnes intègres qui me guident afin de me faire toucher un public plus large sans pour autant me fourvoyer dans de mauvais projets.

Tes textes racontent-ils des histoires et décrivent-ils des sentiments vécus par Pascal Oyong-Oly (ton vrai nom) ou bien sont-ils écrits pour un rôle, celui de Spleen ?

La réalité couchée sur du papier n’est pas suffisante à mon goût, il faut la sublimer comme au cinéma. Je cite souvent en exemple cette anecdote : avant il y avait au sein des orchestres classiques et des fanfares militaires un musicien pour la caisse claire, un autre pour la grosse caisse et encore un pour les cymbales…etc. puis l'apparition de la batterie (en tant que regroupement de ces divers instruments), directement liée à la naissance du jazz, a changé la donne et a élevé cet instrument au statut de soliste. Pour en revenir à mes textes, ça part d’une histoire racontée ou vécue puis je la transcende afin de décrire une réalité plus belle, plus pure, plus intense, plus profonde…

Tu as parlé du jazz, quelles sont tes influences ?

Le jazz, la soul…j’admire les musiciens comme le saxophoniste Steve Coleman et notamment ses projets hip-hop avec les Metrics, ou encore Ornette Coleman et son Free Jazz…je me sens d’ailleurs très proche de la trompette car elle permet de traduire toute une gamme d’émotions que j’essaie moi d’obtenir grâce à un travail sur les différentes textures de ma voix.

On remarque tes influences hip-hop notamment sur ton premier album, quels sont donc les artistes qui t’inspirent ?

Cela dépend de mes travaux en cours, de mes rencontres, de mes découvertes…Pour « She was a girl », mes références étaient le hip-hop des Roots, et la new-soul de D’Angelo. Sur le second album « Comme un enfant », ce sont les artistes de la grande variété française comme Jacques Brel ou ceux, plus jeune, comme Mathieu Boogaerts (pas assez connu à mon goût) qui m’ont intéressé…Puis il y a « Off The Wall » de Mickael Jackson sorti en 1979, album fondateur pour moi, où l’on sent toute l’énergie des musiciens mise au service d’une voix. La production est parfaite, le son est chaud…

Tes derniers CDs achetés ?

L’album « Third » de Portishead, leur meilleur à mon goût, et « The Movie » de Clare & The Reason qui est une jeune artiste pop à la voix jazzy reprenant les ambiances de film des années 30.

Tes derniers concerts en tant que spectateur ?

NTM évidemment ! et Hugh Coltman, un artiste faisant parti de mon collectif « The Black & White Skins ».