De prima bord, il s'agit d'un disque d'une autre époque, celle du temps glorieux des monstres sacrés américains, qui ont écrit à coups de chefs-d’œuvres l'histoire du jazz, balisant les sentiers du swing, du be-bop, du hard-bop et du jazz modal. Entre élégance intemporelle, chaleur et grain des timbres, tout semble aller dans le sens donné par notre première écoute... Mais il n'en est rien!
En effet, le saxophoniste ténor Jon Boutellier, jeune artiste trentenaire, est bel et bien un musicien d’aujourd’hui. Fidèle à une certaine tradition, il appartient à cette génération de musiciens européens émergente, qui se distingue par sa volonté de bousculer et de surprendre sans faire table rase du passé.
Son second opus en tant que leader, intitulé On Both Sides Of The Atlantic!, rafraîchit 9 standards plus ou moins oubliés de l'American Songbook et aligne une composition originale ("Quite Sides"), largement imprégnée par les sonorités si singulières de la scène new-yorkaise et du jazz straight ahead, qu'il apprécie tout particulièrement. Arrangés par ses soins, au gré de ses humeurs et en fonction du jeu de ses sublimes complices, ces 10 titres nous bluffent de par l'authenticité, l'enthousiasme et la maîtrise avec laquelle ils sont interprétés. Pour nous immerger dans sa musique aux aspirations transatlantiques - évoluant à mi-chemin entre ici et la côte Est des Etats-Unis, entre hier et aujourd'hui - Jon s'est taillé un casting sur mesure avec des invités prestigieux comme le pianiste vétéran de Détroit, Kirk Lightsey (Chet Baker, Dexter Gordon...), le trompettiste belge Jean-Paul Estievenart (Goldwin Louis, Antoine Pierre et Eric Legnini) et la vocaliste lyonnaise Célia Kaméni (The Amazing Keystone Big Band, Alfio Origlio, Bigre!...). Ils viennent enrichir le trio de base que forme le saxophoniste avec les tout jeunes musiciens américains: Alexander Claffy à la contrebasse (Kurt Rosenwinkel, Seamus Blake...) et Kyle Poole à la batterie (Cécile McLorin Salvant, Emmet Cohen...).
On Both Sides Of The Atlantic est paru sur Gaya Music le 31 janvier dernier... Incontournable!