Deja Mu - The
Work's All Done (Grandmas Records/Differ-ant)
Deja Mu, projet
mené pat le multi-instrumentiste Philippe
Bellet, publie son second opus baptisé The
Work's All Done. Rejoint par le musicien touche-à-tout Ludovic Montet, le duo
guitare-batterie déjanté, coloré et parfois même un brin psyché, fusionne
les sonorités vintage du rockabilly
avec des éléments folk, country et jazzy,
le tout rehaussé de reflets latins
penchant vers la cumbia. Les deux
acolytes chantent en anglais sur des
mélodies joyeuses et fleuries mais souvent brinquebalantes. C'est précisément
cette impression de fraîcheur qui
donne au disque son côté touchant et attachant, comme si deux ados répétaient de
vieux titres des années 50 dans la cave en désordre de mamie, en s'enregistrant
sur un vieux magnétophone.
Le musicien sud-africain Jeremy Loops nous présente son premier opus Trading Change, à paraître en France le 26 février prochain. L'intro
de Sinner géo localise d'emblée la
musique de ce jeune conteur des temps modernes, le chœur d'inspiration zoulou nous invite en effet à parcourir sa
terre natale au sud d'une Afrique qu'ilprotège
ardemment avec son association GreenPop engagée
contre la déforestation. Armé de sa guitare et de son looper, il
bâtit son univers musical en juxtaposant rythmes
urbains et folk mélodieuse aux
accents corrosifs. Mêlant sonorités
acoustiques afro-roots et reflets électroniques, Jeremy crée ses boucles,
souffle dans son harmonica, gratte
ses guitares et banjos, chante bien
sûr mais scande aussi, tel un MC as
du beatboxing. L'activiste emprunte autant
à la country et à la pop qu'au hip-hop et au surf rock,
maîtrisant l'art de l'homme orchestre
tel un Ed Sheeran.
Le jeune chanteur belge Ivan
Tirtiaux publie son premier opus intitulé L'Envol. Et quelle meilleure entrée en matière que son titre
d'ouverture Charlatan, révélant un
univers musical country-folkdominé par la guitare et une écriture subtile?
Il manie un répertoire de mots justes faisant mouche à tous
les coups et maîtrise à merveille une voix profonde allant aussi bien chercher les aigus
de -M- (Je me Brûle les ailes) et la douceur de Matthieu Boogaert que les grains de Dick Annegarn (Présage) ou
d'Arthur H.
Ses mélodies solaires
aux accords sophistiqués et aux rythmiques chaloupées explorent les
sonorités latines et notamment brésiliennes, en témoignent les bossa nova La Marche du Soleil et Ta
Tristesse ou le très nordestinoPourquoi Remettre à Demain. Dans Les Océans il fait même une halte au
Cap-Vert, empruntant à la regrettée Césaria les saveurs saudade d'une morna.
Graines d'Arbres et
son blues nous invite sur les bords
du Mississippi, un somptueux quatuor à cordes y ajoute une touche cinématique
des plus prenantes avant que l'hypnotique Berceuse
fasse son œuvre. Dans La Guitare, ce sont les mots de Louis Aragon qui expriment le lien si intime et particulier qu'ilentretient avec son instrument. Ses arrangements plantent le décor, la finesse de sa plume et la matière autobiographique font le reste. Pour ce baptème de l'air Ivan a su s'entourer de musiciens
d'exception, Raphael Dumas
à la mandoline et au banjo, Stéphane
Poujin à la batterie et aux percussions, puis Eric Bribosia au piano. Le songwriter redonne
aux chansons à textes leurs lettres de noblesse, insufflant une brise plus
contemporaine de spleen, de doute et de mélancolie à un genre trop souvent borné aux vénérables Gainsbourg, Brassens et autres Ferré.
Ian Shaw -
The Theory Of Joy (Jazz Village/Harmonia Mundi)
Le crooner anglais Ian
Shaw nous présente son nouvel opus baptisé The Theory Of Joy et dès les premières mesures de Small Day Tomorrow le chanteur (auteur,
compositeur, humoriste, animateur radio et producteur) impose un swing radieux, soutenu par son trio jazz 'so british' composé du
pianiste Barry Green, du bassiste Mick Hutton et du batteur Dave Ohm.
Le quartet nous présente une suite de 12 titres aux délicats reflets pop, étant pour la
plupart des reprises d'icônes du monde de la chanson. On remarque bien sûr la
sublime interprétation en forme de ballade émouvante du Where Are We Now de David
Bowie (RIP) qui résonne aujourd'hui d'une façon toute particulière…!
Joni Mitchellfigure elle aussi au programme avec une version très soul d'In France They Kiss On Main Street, ailleurs
c'est Michel Legrand qui est à
l'honneur avec une autre hymne romantique, How
Do You Keep The Music Playing dans laquelle Ian déploie une voix douce
et touchante maîtrisée avec nuance et retenue…
Plus loin le fantôme de Jacques
Brel surgit d'un de ses thèmes à l'universalité avérée, If You Go Away/Ne
Me Quitte Pas, qui date de 1959. Ian
la joue seul, assis devant son piano il chante ce texte emblématique du poète
belge avec la sensibilité qui s'impose. L'exercice est pourtant devenu périlleux
depuis que la diva Nina Simone s'en
est emparée en 1971, lui conférant une profondeur insondable!
Toujours attaché à l'univers de la variété internationale, il enrichie son répertoire avec You've Got To Peak A Pocket Or Two, succès
de l'anglais Lionel Bart extraite de
sa comédie musicale Oliver! (inspirée
par la nouvelle Oliver Twist de Dickens) ou encore Everything de l'auteur américain Paul Williams.
Le rock progressif de la formation britannique Traffic figure lui aussi dans ce Theory Of Joy avec le titre The Low Sparks Of High Heeled Boys dans
lequel Ian s'autorise quelques coups
de voix à la manière de Steve Winwood !
L'artiste aux multiples facettes reprend aussi le standard du jazzYou Fascinate Me So écrit en 1958 et que l'immense Blossom Dearie immortalisait aux côtés notamment
de Ray Brown et Kenny Burrell.
Il écrit et compose 3 morceaux, le touchant My Brother qui raconte l'histoire de son
frère Gareth décédé avant sa naissance, l'énergique All This And Betty Too (un grand moment de jazz vocal) et la bossa nova Somewhere Towards Love.
Ian Shaw s'impose
comme un chanteur de jazz majeur, qui s'inscrit aux côtés de ses compatriotes Mark
Murphy (son mentor) et Kurt Elling parmi les étoiles du jazz actuel.
Le Dj/producteur Greg Sawyer, chargé de communication pour le label londonien Defected Records depuis plus de 8 ans, publie chez Falk Recordings une nouvelle collection de 3 titres plutôt orientés deep-house, aux ambiances chill, aériennes et un brin dark. L'EP baptisé Home dégage, malgré son mode mid-tempo cinématique, une exigence house bien affirmée, le titre éponyme dévoile une trame mélodique tissée au travers de nappes de synthés vaporeux, qui tend à s'assombrir dans le cosmiqueCaedmon. Misunderstood est pour moi la plus belle réussite de l'EP, il étale progressivement son groove contagieux et organique pour finalement imposer ses reflets soulful des plus sensuels.
Pino Arduini & Javier Bollag - Los Pueblos (Remixes by Copyright & Pablo Fierro) (DFTD)
C'est sur l'excellent label DFTD que le titre 'Los Pueblos' produit en 2013 par le suisse Pino Arduini (boss du label Balance Music/Deep Bros. Productions) et son acolyte Javier Bollag, fait aujourd'hui peau neuve grâce à l'expertise du duo anglais Copyright et du Dj/producteur espagnol Pablo Fierro (patron de Vida Records).
Les résidents de Defected Records Sam Holt et Gavin Mills accouchent d'une version de Los Pueblos nettement plus musclée et orientée dancefloor, l'atmosphère deep et soulful house cède sa place à un Revolution Remix aux sonorités 90's plus franches et incisives.
Le Pablo Fierro Remix offre quant à lui une vision plus tribale du track avec un accent mis sur les percussions et les reliefs afro-caribéens... Un rework épatant au groove hypnotique !
Le Dj/producteur Carlos Mena, patron d'Ocha Records et digne représentant de l'excellente écurie Yoruba Records fondée dans le milieu des années 2000 par Osunlade, est natif de Porto Rico et a grandi à Brooklyn qu'il quittait pour la République Dominicaine durant les vacances d'été. Depuis tout jeune il absorbe donc une large palette de sonorités allant des rythmes de la salsa au hip-hop, qu'il dispense aujourd'hui dans des titres calibrés deep-house gorgés de soul et d'accents afro-cubains.
Ayant produit des tracks pour Arrested Development ou Pharcyde, il en signe bon nombre d'autres sur différents labels house dont Phuture Soul et Vega Records et brille par la confection d'instrus planantes dominées par un groove enivrant rehaussé de percussions roots et de claviers jazzy.
Dans son dernier EP baptisé Deep Forever More, Carlos nous livre 3 titres house séduisants et entraînants dont le punchyBang It destiné à enflammer le dancefloor avec sa rythmique entêtante, le délicat et orgasmique Elegba, avec ses pulsations tribales et enfin le titre éponyme avec sa ligne de basse hypnotique et ses reflets jazz.
Que du bonheur!
ci-dessous un lien vers les productions de son label Ocha Records, elles reflètent la touche de l'artiste...