lundi 22 juin 2015

Daymé Arocena - Nueva Era (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Daymé Arocena - Nueva Era (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Nous découvrions au printemps dernier le magnifique EP The Havana Cultura Sessions de la jeune chanteuse cubaine Daymé Arocena, dernier talent déniché par le Dj anglais Gilles Peterson. Sa voix puissante et parfaitement maîtrisée malgré ses 22 ans imposait alors le respect et l'admiration, exploitant un répertoire coloré d'accents yoruba, de rythmes afro-cubains et de jazz.

Le label Browswood Recordings publiait le 08 juin dernier son premier album intitulé Nueva Era.

Composé de 10 titres, il fut enregistré à Londres en à peine quelques jours et laisse deviner au fil de son écoute toutes les influences qui nourrissent l'identité musicale de Daymé, invoquant Yemaya (divinité de la mer) dans un Madres aux reflets funky, emplissant son timbre d'une mélancolie déchirante dans le très jazzy Sin Empezar, et délaissant l'espagnol pour l'anglais dans Don't Unplug My Body où elle fusionne les percussions africaines à sa voix gorgée de soul, le tout rehaussé d'une énergie pop entraînante.

Dust, à la profondeur insondable s'ouvre sur une mélodie sombre et lancinante interprétée à l'archet, la contrebasse bientôt rejointe par un arpège de piano enivrant laisse la voix de la chanteuse nous porter le coup de grâce, chargée d'émotions elle vibre et nous assomme avant que les percussions et battements de mains élèvent la complainte vers une ballade jazz des plus délicates et envoutantes.

Avec El Ruso, Daymé nous fait danser la rumba et recentre son propos sur ces sonorités caribéennes si familières à son île natale. Si le texte aborde une époque assez obscure de l'histoire cubaine (celle des années 80 où l'on y enseignait le russe de force) le rythme y est chaloupé et enjoué à souhait.

Son passé de chef de chœur rejaillit aux travers de titres comme Nueva Era et Nino, dans l'intro de ce dernier on croirait même entendre le body drumming de Bobby McFerrin qui progressivement laisse place à une plage aérienne et vaporeuse très estivale.

Nueva Era signe l'entrée en lice d'une grande dame de la musique cubaine, les pieds bien ancrés dans ses racines africaines Daymé Arocena tend à rejoindre à sa manière la fine équipe des divas insulaires Omara et Célia...


vendredi 19 juin 2015

Space Captain - Easier/Remedy (Single) (Tru Thoughts Recordings)

Space Captain - Easier/Remedy (Single) (Tru Thoughts)

Tru Thoughts nous régale une fois de plus avec le single de sa toute nouvelle signature nommée Space Captain. La formation basée à Brooklyn est un collectif de jeunes musiciens plutôt orientés néo-soul.

Easier/Remedy paraîtra fin juillet 2015 annonçant (peut-être) un album dans un futur proche.
Le titre Easier fut lancé en 2013 via Bandcamp, son succès donna lieu un an après à la parution de Remedy sur la même plateforme.

Leur musique étant une subtile combinaison de sonorités R&B, hip-hop, soul et électro, il est logique que Space Captain soit tombé dans l'escarcelle de la maison de disque anglaise, comptant déjà dans ses rangs les fameux QuanticAlice Russell ou Harleigblu.

La voix de la chanteuse Maralisa Simmons-Cook hypnotise littéralement son auditoire tandis que la section rythmique dirigée par le producteur/guitariste Alex Pyle (co-fondateur du groupe) distille un son délicat et ouaté, largement imprégné d'accents jazzy, que nous délivrent par simonie la trompette de Lessie Vonner. Influencé par les beats de Madlib et Jay Dilla, les mélodies et les arrangements d'Erikah Badu, Jill Scott ou D'Angelo (dans sa période Brown Sugar), Space Captain se réclame tout autant d'un héritage plus classique, à chercher du côté du blues de Taj Mahal et du jazz de Nina Simone.

A suivre de très près !

DâM Funk - STFU (EP) (Stones Throw Records)


DâM Funk - STFU (EP) (Stones Throw Records)


 
 
Le messie du modern funk et du boogie funk, DâM Funk aka Damon G. Riddick, n’aura pas tardé à refaire parler de lui après son excellente collaboration avec le prince du G-Funk, Snoop Dogg en 2014, sur l’album 7 Days Of Funk, qui nous replongeait dans les sonorités West Coast des 90’s. Il nous offre en téléchargement gratuit depuis le site de son label Stones Throw Records un EP de 4 titres baptisé STFU, plantant un décor instrumental nous rendant nostalgique du gangsta rap classieux de Warren G et Nate Dogg (RIP) dans Regulate.

jeudi 18 juin 2015

Chico Trujillo – Reina de Todas Las Fiestas (Barbès Records/Differ-Ant)


Chico Trujillo – Reina de Todas Las Fiestas (Barbès Records/Differ-Ant)

Il y a peu, le label new-yorkais Barbès Records nous faisait (re)découvrir les rythmes de la chicha péruvienne avec ses compilations The Roots Of Chicha Vol.1 et Masters Of Chicha : Juaneco Y Su Combo. On écoutait alors cette fusion des 70’s alliant les sonorités de la cumbia colombienne, de la guaracha cubaine et du rock psychédélique…
Chico Trujillo nous présente quant à lui sa vision de la cumbia chilienne, en effet le groupe formé voilà plus de 15 ans publie son nouvel opus baptisé Reina De Todas Las Fiestas. Enregistré entre la Colombie, l’Argentine, le Chili et le Mexique, le disque emprunte ses reflets festifs à toutes ces régions sud-américaines, en s’appuyant plus particulièrement sur la tradition préhispanique des carnavals du nord du Chili (les carnavals Aymara) qu’il restitue grâce à la collaboration de Chico Trujillo avec la mythique fanfare Wiracocha, composée d’une trentaine de musiciens. Empli de chaleur et de sueur latine Reina De Todas Las Fiestas est une invitation à la fête, à la danse et la transe. Les roulements de tambours, les cuivres et les guitares, les percussions, le piano, la basse et les voix nous transportent littéralement sous les cieux andins, un verre de Pisco Sour à la main (cocktail national au Chili).


mercredi 17 juin 2015

Ajoyo – Ajoyo (Ropeadope/Sol Mondo)


Ajoyo – Ajoyo (Ropeadope/Sol Mondo)

Ajoyo fait parti de ces disques magiques qui provoquent un engouement dès la première écoute. Le saxophoniste virtuose Yacine Boulares, diplômé de la Sorbonne en philosophie, du Conservatoire de Paris en jazz et musique improvisée puis de la New School for Jazz de New-York, nous invite à partager une aventure musicale jubilatoire teintée  d’afrobeat (Jekoro), de rythmes camerounais (Chocot’ basé sur le Bikutsi) et haïtiens, de jazz bien sûr mais aussi de soul (Idanwo). Le groove y est contagieux et se déploie aussi bien dans de longues plages instrumentales que dans des chansons somptueuses (à l’instar de la sublime ballade Houb Ouna) interprétées par la divine Sarah Elizabeth Charles parfois rejointe par les chœurs, composés du trompettiste de la Nouvelle Orléans Linton Smith, du guitariste israélien Alon Albagi ou encore du percussionniste Foluso Mimyle, des batteurs français Guilhem Flouzat et Thierry Arpino, ainsi que Yacine en personne. A leurs côtés sont aussi présents le bassiste camerounais Fred Doumbe et le claviériste allemand Can Olgun.

Le compositeur et producteur franco-tunisien a pensé ce projet comme un hommage vibrant et vivant à une Afrique joyeuse, riche et plurielle qui, bien que meurtrie par une histoire qui a tendance à se répéter, résiste grâce à une culture aux multiples visages. C’est cette culture que l’artiste perçoit et restitue avec maestria à travers le prisme de la scène jazz new-yorkaise, bouillonnante, créative et engagée, qu’il côtoie depuis plus de 5 ans, accompagnant Placido Domingo, Tabou Combo, Sheila Jordan ou Ben E. King.

Entouré de son groupe Ajoyo, qu’il forme en 2012 avec l’envie de fusionner les sonorités ouest africaines et occidentales, Yacine Boularès célèbre la vie, l’amour et la justice grâce à une musique sophistiquée et entraînante aussi bien adressée au corps qu’à l’esprit.

Dédié à son père Mourad Boularès, Ajoyo réunit les spectres de Fela Kuti, Charlie Parker, Oum Khalsoum et Donnie Hathaway et bénéficie du soutien de la maison de disque indépendante Ropeadope (Snarky Puppy et anciennement Antibalas ou Medeski, Martin & Wood…) ainsi que de l’expertise du producteur/saxophoniste Jacques Schwarz-Bart (présent au sax ténor dans Soke Ijo).

Une belle aventure humaine et musicale !

lundi 15 juin 2015

Henri Tournier – Souffles du Monde (Accords Croisés/Harmonia Mundi)


Henri Tournier – Souffles du Monde (Accords Croisés/Harmonia Mundi)

(SORTIE PREVUE LE 22 SEPTEMBRE PROCHAIN)

Musicien français spécialiste de musique classique indienne et de musique contemporaine, Henri Tournier nous présente son dernier projet intitulé Souffles du monde. Armé de sa flûte traversière en bambou appelé flûte bansuri, le disciple du maître septuagénaire Hariprasad Chaurasia nous invite à participer à un voyage autour du monde et à travers le temps, mêlant d’une part les sonorités venues d’Inde, d’Orient, d’Asie et d’Occident, et bâtissant d’autre part un pont entre les traditions médiévales et les improvisations contemporaines.

L’artiste invite 10 chanteurs issus d’univers et d’horizons bien distincts, on y retrouve par exemple l’iranien Alireza Ghorbani (qui nous plongeait récemment dans l’ivresse du chant persan avec son disque Eperduement…), la tunisienne Dorsaf Hamdani (qui rapprochait dernièrement les textes des deux divas Barbara et Fairouz, assistée de son complice accordéoniste Daniel Mille) ou encore le mongol E. Dandarvaanchig et son chant diphonique. Que ce soit avec les pratiques vocales propres au Japon, à la France médiévale et contemporaine, à l’Afghanistan ou au Pakistan, le flûtiste a su élaborer de véritables dialogues entre voix et flûte, des connexions magiques misent en relief par une section rythmique polymorphe où se distinguent les empreintes sonores d’instruments folkloriques mythiques tels que la vièle, le koto, le luth, les tablas ou le dolak (percussion iranienne).

jeudi 4 juin 2015

Quantic Presents The Western Transient - Creation (East L.A.) Single (Tru Thoughts Records)

Quantic Presents The Western Transient - Creation (East L.A.) Single (Tru Thoughts Records)

L'immense producteur Quantic, véritable légende de l'écurie anglaise Tru Thoughts nous propose un nouveau disque à paraître fin juillet 2015 et baptisé A New Constellation. A peine remis de son flamboyant Magnetica, très axé sur les voix ainsi que sur les sonorités afro, latino et électro, nous voilà plongés dans un album cette fois-ci instrumental, orienté funk,soul et jazz. . Will Holland l'a enregistré à Los Angeles réunissant pour l'occasion le projet The Western Transient, composé de fidèles acolytes comme le batteur Wilson Viveros, l'arrangeur et flutiste Sly5thAve (que l'on retrouvait il y a peu au côté de Jesse Fischer dans un EP hommage à Herbie Hancock, Vein Melter), le trompettiste et saxophoniste Todd Simon, le pianiste Brandon Coleman, le bassiste Gabe Noel et enfin le percussionniste Alan Lightner.

Ce premier single intitulé Creation (East L.A.) qui paraîtra le 10 juillet, nous expose d'emblée la teneur de ce que sera le LP, en effet avec ses couleurs rayonnantes et une composition célébrant le son classique, riche, effervescent et un brin nostalgique des 70's, il privilégie le grain des enregistrements live et des synthés vintage. Les accents caribéens des steel drums, la rythmique de guitare funky et la mélodie obsédante jouée par les cuivres nous transportent instantanément en mode disco up-tempo sous le soleil de la côte ouest américaine.

Le titre est accompagné de son remix Reflex Revision orchestré par l'excellent The Reflex aka Nicolas Laugier, producteur français installé à Londres et spécialisé dans la réédition de tubes disco. Enfin l'enivrant A New Constellation nous en dit un peu plus sur l'état d'esprit back to the classics de Quantic, il nous fait prendre de la hauteur et se rapproche des ambiances délicates des Delfonics.