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mardi 22 novembre 2016

Gilles Peterson Presents Havana Cultura Anthology (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Gilles Peterson Presents Havana Cultura Anthology (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Le très respecté Gilles Peterson n'est plus à présenter, sa réputation de Dj/producteur, son aura de programmateur radio et son flair de patron de label (Acid Jazz Records, Talkin' Loud et Brownswood Recordings) le précèdent depuis maintenant plusieurs décennies. Recruté par la BBC en 1998 pour sa radio 1, il crée son fameux concept baptisé Worldwide et passe en 2012 sur l'excellente BBC 6Music animant une émission-fleuve de 3 heures tous les samedi après-midi (rediffusée en France sur la prestigieuse Radio Nova). L'anglais, à l'initiative d'une quantité de compilations thématiques (Gilles Peterson Presents: Sonzeira, Bossa Nova and the Rise of Brazilian music in the 1960s, Horo: A Jazz Portrait, The Kings of Jazz, Gilles Peterson in Africa, ...) ou bien plus éclectiques (Brownswood Bubblers Ten, Gilles Peterson: Worldwide - A Celebration of His Syndicated Radio Show, Gilles Peterson In The House, ...) mêle savamment sonorités world, électro, soul, funk, hip-hop, R&B, jazz et underground, d'ici et d'ailleurs, d'antan et d'aujourd'hui.


Invité à Cuba en 2009 par Havana Cultura, Gilles Peterson livre depuis lors et la première collection Gilles Peterson Presents Havana Cultura: The New Cuba Sound, le meilleur de la scène musicale contemporaine de la Havane. En 2015, l'EP Havana Cultura Sessions de la chanteuse Daymé Arocena marquait le 6° partenariat du tastemaker avec le label. Le 18 Novembre dernier, paraissait Gilles Peterson Presents Havana Cultura Anthology, un recueil de 23 titres originaux que l'intéressé lui-même décrit comme le Buena Vista Social Club du 21ième siècle.


Il s'agit là du fruit d'un travail de longue haleine amorcé en 2008 que le producteur a réalisé en collaboration avec la crème des musiciens et chanteurs cubains, ainsi qu'avec quelques remixeurs de génie tels que MalaMotor City Drum Ensemble, Poirier, Owiny Sigoma ou encore Michel Cleis. Formant autour de lui le Gilles Peterson's Havana Cultura Band, il a ainsi convié les interprètes Danay Suarez, Telmary & Elain Morales, Mayra Caridad Valdes, Dreiser & Sexto Sentido et bien d'autres, dressant le portrait d'une culture insulaire vivante aux multiples visages, ancrée dans la tradition des rythmes afro-caribéens ("Ipacuba", "Arroz con Pollo") mais aussi largement empreinte de musiques urbaines ("Check La Rima", "La Mulata Abusadora"...) d'influences broken beat ("Calle F") et house ("La Plaza (Poirier Remix", "Rezando (Michel Cleis Remix"), "La Rumba Experimental (Motor City Drum Ensemble)"), de couleurs jazz ("Orisa", "Rezando")...

Voilà une pierre de plus apportée par Gilles Peterson à l'immense édifice musical qu'il bâtit sans relâche et avec passion pour le bonheur des aficionados de sono mondiale.


lundi 22 juin 2015

Daymé Arocena - Nueva Era (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Daymé Arocena - Nueva Era (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Nous découvrions au printemps dernier le magnifique EP The Havana Cultura Sessions de la jeune chanteuse cubaine Daymé Arocena, dernier talent déniché par le Dj anglais Gilles Peterson. Sa voix puissante et parfaitement maîtrisée malgré ses 22 ans imposait alors le respect et l'admiration, exploitant un répertoire coloré d'accents yoruba, de rythmes afro-cubains et de jazz.

Le label Browswood Recordings publiait le 08 juin dernier son premier album intitulé Nueva Era.

Composé de 10 titres, il fut enregistré à Londres en à peine quelques jours et laisse deviner au fil de son écoute toutes les influences qui nourrissent l'identité musicale de Daymé, invoquant Yemaya (divinité de la mer) dans un Madres aux reflets funky, emplissant son timbre d'une mélancolie déchirante dans le très jazzy Sin Empezar, et délaissant l'espagnol pour l'anglais dans Don't Unplug My Body où elle fusionne les percussions africaines à sa voix gorgée de soul, le tout rehaussé d'une énergie pop entraînante.

Dust, à la profondeur insondable s'ouvre sur une mélodie sombre et lancinante interprétée à l'archet, la contrebasse bientôt rejointe par un arpège de piano enivrant laisse la voix de la chanteuse nous porter le coup de grâce, chargée d'émotions elle vibre et nous assomme avant que les percussions et battements de mains élèvent la complainte vers une ballade jazz des plus délicates et envoutantes.

Avec El Ruso, Daymé nous fait danser la rumba et recentre son propos sur ces sonorités caribéennes si familières à son île natale. Si le texte aborde une époque assez obscure de l'histoire cubaine (celle des années 80 où l'on y enseignait le russe de force) le rythme y est chaloupé et enjoué à souhait.

Son passé de chef de chœur rejaillit aux travers de titres comme Nueva Era et Nino, dans l'intro de ce dernier on croirait même entendre le body drumming de Bobby McFerrin qui progressivement laisse place à une plage aérienne et vaporeuse très estivale.

Nueva Era signe l'entrée en lice d'une grande dame de la musique cubaine, les pieds bien ancrés dans ses racines africaines Daymé Arocena tend à rejoindre à sa manière la fine équipe des divas insulaires Omara et Célia...