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lundi 21 mars 2022

Kokoroko - Could We Be More (Brownswood Recordings)

Kokoroko - Could We Be More (Brownswood Recordings)

 Devenue incontournable, lorsque l'on s'intéresse à l'effervescente scène UK jazz, la formation Kokoroko accouchera au milieu de l'été prochain de son tout premier album long format, baptisé Could We Be More. Enfin une belle nouvelle qui émerge de cette année 2022 décidément mal engagée. Bien campée sur son héritage ouest africain et afro caribéen, la soul nébuleuse aux incursions funk de l'octet londonien mêle avec tendresse et maestria le highlife d'Ebo Taylor, l'afrobeat révolté de Fela Kuti, le jazz ethnique de Pharoah Sanders et l'approche plus spirituelle de John Coltrane.

 C'est lorsque résonnent les mélodies astrales et envoutantes de thèmes tels que "Dide O", "Age Of  Ascent" (tous deux présents dans cet opus) ou "Abusey Junction" (petit chef d'œuvre extrait de son premier EP paru en Février 2018) que Kokoroko révèle pleinement son phrasé inégalable et ses sonorités si captivantes, gorgées de vibrations groove positives et parcourues d'harmonies cuivrées immersives.

 Rares sont les artistes actuels qui transcendent si bien les genres sans faire table rase du passé et des racines. Kamasi Washington, génie américain du saxophone ténor, possède lui aussi cette capacité à bâtir des mélodies virales émouvantes et intemporelles, qui fédèrent et font voyager un auditoire toujours plus large (je pense surtout à "Desire", mouvement issu du concept-album Harmony Of Difference sorti en 2017 sur Young Turks). 

 Brownswood Recordings a toujours eu le chic pour dénicher des talents hors norme, il a su attendre patiemment que murisse cet album précieux, tout en égrainant au cours des 4 dernières années quelques pépites, qui ont su créer un buzz immédiat autour de l'emblématique formation pilotée par Sheila Maurice-Grey (trompette et voix)

 Alors même que sa sortie est prévue dans plusieurs mois, Could We Be More est déjà l'une des sensations fortes de l'année 2022, avec son message d'espoir, de paix et d'amour...

ESSENTIEL et vivement recommandé!



mardi 22 novembre 2016

Gilles Peterson Presents Havana Cultura Anthology (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Gilles Peterson Presents Havana Cultura Anthology (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Le très respecté Gilles Peterson n'est plus à présenter, sa réputation de Dj/producteur, son aura de programmateur radio et son flair de patron de label (Acid Jazz Records, Talkin' Loud et Brownswood Recordings) le précèdent depuis maintenant plusieurs décennies. Recruté par la BBC en 1998 pour sa radio 1, il crée son fameux concept baptisé Worldwide et passe en 2012 sur l'excellente BBC 6Music animant une émission-fleuve de 3 heures tous les samedi après-midi (rediffusée en France sur la prestigieuse Radio Nova). L'anglais, à l'initiative d'une quantité de compilations thématiques (Gilles Peterson Presents: Sonzeira, Bossa Nova and the Rise of Brazilian music in the 1960s, Horo: A Jazz Portrait, The Kings of Jazz, Gilles Peterson in Africa, ...) ou bien plus éclectiques (Brownswood Bubblers Ten, Gilles Peterson: Worldwide - A Celebration of His Syndicated Radio Show, Gilles Peterson In The House, ...) mêle savamment sonorités world, électro, soul, funk, hip-hop, R&B, jazz et underground, d'ici et d'ailleurs, d'antan et d'aujourd'hui.


Invité à Cuba en 2009 par Havana Cultura, Gilles Peterson livre depuis lors et la première collection Gilles Peterson Presents Havana Cultura: The New Cuba Sound, le meilleur de la scène musicale contemporaine de la Havane. En 2015, l'EP Havana Cultura Sessions de la chanteuse Daymé Arocena marquait le 6° partenariat du tastemaker avec le label. Le 18 Novembre dernier, paraissait Gilles Peterson Presents Havana Cultura Anthology, un recueil de 23 titres originaux que l'intéressé lui-même décrit comme le Buena Vista Social Club du 21ième siècle.


Il s'agit là du fruit d'un travail de longue haleine amorcé en 2008 que le producteur a réalisé en collaboration avec la crème des musiciens et chanteurs cubains, ainsi qu'avec quelques remixeurs de génie tels que MalaMotor City Drum Ensemble, Poirier, Owiny Sigoma ou encore Michel Cleis. Formant autour de lui le Gilles Peterson's Havana Cultura Band, il a ainsi convié les interprètes Danay Suarez, Telmary & Elain Morales, Mayra Caridad Valdes, Dreiser & Sexto Sentido et bien d'autres, dressant le portrait d'une culture insulaire vivante aux multiples visages, ancrée dans la tradition des rythmes afro-caribéens ("Ipacuba", "Arroz con Pollo") mais aussi largement empreinte de musiques urbaines ("Check La Rima", "La Mulata Abusadora"...) d'influences broken beat ("Calle F") et house ("La Plaza (Poirier Remix", "Rezando (Michel Cleis Remix"), "La Rumba Experimental (Motor City Drum Ensemble)"), de couleurs jazz ("Orisa", "Rezando")...

Voilà une pierre de plus apportée par Gilles Peterson à l'immense édifice musical qu'il bâtit sans relâche et avec passion pour le bonheur des aficionados de sono mondiale.


lundi 22 juin 2015

Daymé Arocena - Nueva Era (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Daymé Arocena - Nueva Era (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

Nous découvrions au printemps dernier le magnifique EP The Havana Cultura Sessions de la jeune chanteuse cubaine Daymé Arocena, dernier talent déniché par le Dj anglais Gilles Peterson. Sa voix puissante et parfaitement maîtrisée malgré ses 22 ans imposait alors le respect et l'admiration, exploitant un répertoire coloré d'accents yoruba, de rythmes afro-cubains et de jazz.

Le label Browswood Recordings publiait le 08 juin dernier son premier album intitulé Nueva Era.

Composé de 10 titres, il fut enregistré à Londres en à peine quelques jours et laisse deviner au fil de son écoute toutes les influences qui nourrissent l'identité musicale de Daymé, invoquant Yemaya (divinité de la mer) dans un Madres aux reflets funky, emplissant son timbre d'une mélancolie déchirante dans le très jazzy Sin Empezar, et délaissant l'espagnol pour l'anglais dans Don't Unplug My Body où elle fusionne les percussions africaines à sa voix gorgée de soul, le tout rehaussé d'une énergie pop entraînante.

Dust, à la profondeur insondable s'ouvre sur une mélodie sombre et lancinante interprétée à l'archet, la contrebasse bientôt rejointe par un arpège de piano enivrant laisse la voix de la chanteuse nous porter le coup de grâce, chargée d'émotions elle vibre et nous assomme avant que les percussions et battements de mains élèvent la complainte vers une ballade jazz des plus délicates et envoutantes.

Avec El Ruso, Daymé nous fait danser la rumba et recentre son propos sur ces sonorités caribéennes si familières à son île natale. Si le texte aborde une époque assez obscure de l'histoire cubaine (celle des années 80 où l'on y enseignait le russe de force) le rythme y est chaloupé et enjoué à souhait.

Son passé de chef de chœur rejaillit aux travers de titres comme Nueva Era et Nino, dans l'intro de ce dernier on croirait même entendre le body drumming de Bobby McFerrin qui progressivement laisse place à une plage aérienne et vaporeuse très estivale.

Nueva Era signe l'entrée en lice d'une grande dame de la musique cubaine, les pieds bien ancrés dans ses racines africaines Daymé Arocena tend à rejoindre à sa manière la fine équipe des divas insulaires Omara et Célia...


lundi 6 avril 2015

Daymé Arocena – The Havana Sessions (Havana Cultura/Brownswood Recordings)


Daymé Arocena – The Havana Sessions (Havana Cultura/Brownswood Recordings)

L e dénicheur de perles rares et de nouveaux talents Gilles Peterson nous revient via son projet The Havana Cultura, avec un sublime EP de 4 titres nous présentant une toute jeune chanteuse cubaine nommée Daymé Arocena. Véritable révélation d’à peine 22 ans, elle impressionne dès son premier tour de chant grâce à une voix puissante et précise, gorgée d’un groove R&B éblouissant, d’une maîtrise vocale digne des divas historiques du jazz et d’une énergie latine puisée dans les traditions afro-cubaines du boléro et de la salsa. L’écouter donne l’impression d’avoir en face de soi un chœur formé de Gregory Porter et Concha Buika, une association parfaite de passion, de soul, de vécu et de métier !

Fraichement signé sur le label du DJ/producteur anglais Brownswood Recordings, la jeune artiste a fait parti du projet Havana Cultura Mix en Mai 2014. Ce dernier consistait à inviter plusieurs producteurs émergeants de musique électronique à la Havane et établir ainsi des collaborations avec les musiciens locaux (on se souvient notamment de l’ouvrage Mala In Cuba du fondateur du dubstep, réalisé en 2012 lors de l’édition Havana Cultura – The Search Of…). 
Après 3 featurings dans la compilation et une prestation live lors du lancement du disque à Londres, il est apparu logique et souhaitable qu’elle enregistre son propre album !

Son génie s'écoute d’emblée sur le vibrant Drama, ouverture resplendissante de ce Havana Cultura Sessions, qui démarre comme une complainte délicate et intimiste interprétée par Daymé et le pianiste Rob Mitchell, mais qui se pare très vite d’un groove enivrant mis en scène par les percussions d’Oli Savill, Simbad et Maître Samsou, ainsi que par la ligne de contrebasse de Neil Charles.

La jeune prodige à la carrure de Jill Scott, immense héroïne de la scène néo soul U.S., opère une fusion majestueuse des musiques jazz et caribéennes ancrées dans un héritage africain vivace et sauvegardé, notamment grâce à la religion Santeria et ses rythmes de transe. Cet héritage est d’ailleurs marquant dans le jeu des percussions du titre Cry Me A River, reprise étonnante du standard immortalisé par Ella Fitzgerald.

Ce morceau est un des classiques du jazz les plus joués mais ici, il nous est livré dans une version magique et dépouillée, à la croisée du chant gospel et de l’incantation chamanique. Quinto et Matador jouent les claves, chékérés et autres tres-dos tandis que Dagoberto Arocena et Yosvani Diaz l’accompagnent au chœur.

Dans Sin Empezar, Daymé se met au piano et entame une merveilleuse ballade aux reflets mélancoliques servis par la trompette au son feutré de Yelfris Valdes. Le culte qu’elle voue à feu Whitney Houston s’y manifeste alors pleinement, mâtinant son jazz d’une sensualité R&B touchante.

Avec ses rythmes chaloupés et son invitation à la danse dignes de la grande Célia Cruz, El Ruso demeure le titre le plus ‘cubain’ de cet EP qui annonce un album Nueva Era des plus intéressants de ce début d’année. Les talents d’interprète et de compositeur de Daymé confirment une fois de plus que Gilles Peterson a vu juste en la plaçant sous l’aile bienfaitrice de Brownswood Recordings, comme il le fît par le passé pour José James, Ben Westbeech, Zara McFarlane ou les japonais de Soil & ‘’Pimp’’ Sessions.