mardi 21 février 2017

Derya Yildirim & Grup Simsek - Nem Kaldi (Bongo Joe/Catapult Records/L'Autre Distribution)

Derya Yildirim & Grup Simsek - Nem Kaldi (Bongo Joe/Catapult Records/L'Autre Distribution)

Que dire de ce trip psychédélique dans l'espace et le temps, de cette aventure singulière et novatrice flirtant avec les sonorités électriques du rock anglo-saxon des 70's, les folklores bordant le Bosphore et le groove africain ? De prima bord, l'ambiance rétro-vintage pourrait nous faire penser à la BO d'un vieux film turc puis, insidieusement, les mélodies pop empreintes de traditions s'immiscent dans nos esprits grâce aux arabesques du zaz et aux ondulations de la voix envoutante de Derya Yildirim. Les notes virevoltantes et les accords corrosifs de l'orgue de Graham Mushnik se mêlant aux effets wah wah de la guitare électrique du flutiste Antonin Voyant, se devaient d'être soutenus par une section rythmique à toute épreuve, massive et imposante. C'est chose faite avec le solide duo formé par la batteuse londonienne Greta Eacott et le bassiste italien Andrea Piro. Dans ce tout premier EP de 4 titres baptisé Nem Kaldi, le quintet balaye les frontières et fusionne le rock anatolien, la psych-pop, l'afro-jazz et la poésie turque moderne...  Belle découverte!

Hayes McMullan - Every Day Seem Like Murder Here (Light In The Attic/Pias)

Hayes McMullan - Every Day Seem Like Murder Here (Light In The Attic/Pias)

Reconnu comme une véritable sommité dans l'étude du Blues et de ses pionniers - notamment Robert Johnson, Willie Brown et Charlie Patton (son idole absolue) - l'historien américain Gayle Dean Wardlow nous présente grâce à l'entremise du label de Seattle Light In The Attic, un bluesman du delta du Mississippi à l'héritage et au talent malheureusement trop mésestimés, une mémoire vivante du blues originel née en 1902, devenu homme d'église dans les années 30 et militant pour le mouvement des Droits Civiques en 1966. Il s'agit de Hayes McMullan, guitariste et chanteur qui a disparu en 1986 et qui a, au cour de sa courte carrière de musicien, joué aux côtés des maîtres du delta blues.
C'est un heureux hasard qui mit Hayes sur le chemin de Gayle par un mois d'Aout 1967 à Summer, village du comté de Tallahatchie dans le Mississippi. Après quelques rencontres autour d'une bouteille de whisky et d'un enregistreur, le journaliste proposa au diacre de reprendre la guitare et c'est ainsi qu'à l'hiver 1968, quelques titres furent captés sur de vieilles bandes dans un petit studio de Jackson. En 2015, avec un autre historien John M. Miller, allait débuter le projet Every Day Seem Like Murder Here. Prenant la forme d'un disque largement enrichi de notes, l'hommage se compose de 21 chansons racées, dépouillées et inédites, remasterisées à partir des bandes originales, où s'exprime dans le plus simple appareil toute l'âme du blues rural. Un témoignage rare et vibrant entrecoupé de passages d'interviews mais aussi de moments où l'artiste présente lui-même ses reprises favorites de standards qu'il personnalise avec une approche technique et harmonique riche et sophistiquée.

lundi 20 février 2017

Lost Midas - Kayla's Lullaby Feat. Kalispell (Tru Thoughts)

Lost Midas - Kayla's Lullaby Feat. Kalispell (Tru Thoughts)

Le 24 Février prochain paraîtra chez Tru Thoughts le nouvel extrait du second opus de Jason Trikakis alias Lost Midas, beatmaker, auteur et multi-instrumentiste basé à Los Angeles. "Kayla's Lullaby Feat. Kalispell" est tiré du long format Undefined, il succède à l'excellent Off The Course, sorti en juillet 2014. Album qui avait d'ailleurs retenu notre attention grâce au titre éponyme  et "Head Games", nous faisant alors entrevoir l'univers musical subtil et savoureux d'un producteur influencé par le hip-hop, la bass music, l'electronica, le R&B, le jazz ou la pop...

Cette nouvelle petite perle aux sonorités hybrides touchantes et accrocheuses est interprétée par Josh Wood alias Kalispell, auteur, chanteur et arrangeur très demandé (Janet Jackson, Pitbull, Krewella...) qui déploie ici une voix douce et fragile gorgée d'émotion et de langueur. L'anglais Wrongtom nous en offre un remix planant aux saveurs dub hypnotiques, où dominent effets de réverbération et ligne de basse ronflante. En plus des versions "A Cappela" et "Instrumental", le pack comporte un autre trésor, le très beau "San Jacinto" où Lost Midas collabore avec Ken Nana, producteur et moitié du duo R&B alternatif, Miknna. L'ambiance y est magique et chill, conduite par un beat hip-hop racé, rehaussé d'un clavier funky et de nappes de synthés nébuleuses.


Wolf + Lamb - After We're Gone (Classic Music Compagny)

Wolf + Lamb - After We're Gone (Classic Music Compagny)

Les deux Djs/producteurs/patrons de labels new-yorkais Zev Eisenberg et Gadi 'Baby Prince' Mizrahi forment le versatile Wolf + Lamb, duo emblématique qui a fait émerger depuis une dizaine d'années bon nombre d'artistes notables de la scène électronique underground comme Nicolas Jaar, Soul Clap ou encore Seth Troxler. Publiant le sensuel "After We're Gone" en 2015 chez Strictly Rhythm, c'est sur Classic Music Compagny que le titre paraitra de nouveau le 24 Février prochain, enrichi du délicat remix des anglais Lowheads. Amplifiant les reflets cinématiques et adoucissant les reliefs deep house de la production originale, ils nous offrent l'alternative atmosphérique et langoureuse d'un moment envoutant et sensuel, calibré pour les fins de soirées décontractées. Le pack contient par ailleurs les versions "Acappella" et "Higher Power Dub" d'un "After We're Gone" définitivement hypnotique qui, dès la première écoute, s'immisce insidieusement  dans nos esprits captivés par une ligne de basse accrocheuse.


vendredi 17 février 2017

Ray Okpara - Satin Curtain EP (Mobilee)

Ray Okpara - Satin Curtain EP (Mobilee)

Le Dj/producteur d'origine nigériane Ray Okpara est depuis le début des années 2000 l'un des artistes les plus emblématiques de la scène électronique underground berlinoise. Affilié depuis des années à l'exigeant Mobilee, label allemand fondé en 2005 par Anja Schneider et Ralf Kollmann, il publie aujourd'hui son nouvel EP baptisé Satin Curtain. Les 3 productions aux sonorités deep house ("Take 4") et techno ("Satin Curtain" et "Love Fool") sont enrichies de 2 remixes du titre éponyme, orchestrés par deux légendes aux signatures house bien distinctes, l'anglais Darius Syrossian et l'inclassable américain Kevin Yost.






Harleighblu X Starkiller - Save Me EP (Tru Thoughts) “Live Fast, Die Young (Phrāim Chicago Remix)”

Harleighblu X Starkiller - Save Me (Single) (Tru Thoughts)

Début Novembre 2016 paraissait l'album Amorine, fruit de la rencontre entre la diva anglaise Harleighblu et le tandem basé à LA Starkiller, composé des producteurs C.E. Garcia et Alfredo E. Fratti. Pensé comme la bande originale d'un film de science fiction inspiré par les univers barrés du duo Jodorowsky/Moebius et du maître de la force George Lucas, le disque allie le timbre de voix profondément soul de la chanteuse à des ambiances retro tendances psychédéliques. Les sonorités futuristes qui s'extirpent de ce magma épais sont empruntes de rythmiques hip-hop tranchantes et d'atmosphères trip-hop envoutantes.
Aujourd'hui (le 17 Février 2017) l'écurie Tru Thoughts en publie un second extrait intitulé "Save Me". Succédant à "Killing My Heart", il est accompagné du "Chicago Remix" de "Live Fast, Die Young" orchestré par Phrāim, beat maker emblématique de la scène hip-hop de Chicago...



 
 

mercredi 15 février 2017

Metamethod - Exoshift EP (Nightime Drama)

Metamethod - Exoshift EP (Nightime Drama)

Vétéran de la scène électronique underground, l'australien Metamethod signe pour la seconde fois chez Nightime Drama un nouvel EP de 3 titres intitulé Exoshift. Succédant à Earthshock paru en 2015, le moins que l'on puisse dire dès les premières secondes d'écoute, c'est qu'il envoie du pâté...! C'est en 1995 chez Undefined Recordings que le mystérieux producteur Simon Haynes publiait sous cet alias un premier EP baptisé Polifonetik. On y retrouve ici le même arsenal génétique, embarquant dans ses bagages un groove puissant doté de sonorités proches de la musique industrielle.
Le titre éponyme est le parfait exemple de ce retour aux fondements de l'ère techno, austère, abrasive et mécanique, ne laissant s'exprimer que le rythme et les infimes variations ou distorsions de la machine pilotée par l'artiste. "Aufofac", même s'il est bâti du même bois, a quelque chose de plus tribal; laissant échapper quelques accents organiques, il nous plonge dans une atmosphère deep aux contours plus arrondis. Enfin "SuperLifter" bannit une fois pour toute, au cas où on ne l'aurait pas compris, toute idée de mélodie, son beat régulier y est lourd et même assommant, pas d'artifice ni de nappe, un seul effet semble dominer, c'est le filtre passe-haut et passe-bas... Le traitement low-fi de la bass drum me rappelle les battements de cœur du fœtus résonnant lors d'une des premières échographies de la maman: un bpm élevé, des basses saturées, des frissons et de la sueur!