Forcément la comparaison de Lo Fang avec Jeff Buckley sur cette sublime reprise You're The One That I Want peut paraître grossière, et pourtant...
Comment ne pas tomber sous le charme de ces accents folk délicieusement romantiques ou de cette voix angevine, délicate et fragile, sensuelle et lancinante, qui ne cesse de faire écho à l'Hallelujah de la défunte rock star des années 90, un génie bêtement disparu par noyade le 29 Mai 1997?
Comment ne pas penser au chanteur islandais Asgeir et son prodigieux In The Silence, opus en suspension pris dans la glace de Laugarbakki?
Matthew Hemerlein alias Lo-Fang, chanteur et multi-instrumentiste comme l'était Jeff, interprète avec une douceur troublante le succès interplanétaire de John Farrar (guitariste des Shadows) You're The One That I Want. Paru en 1978, il fait partie de la bande originale du film culte Grease et était à l'époque interprété par John Travolta et Olivia Newton-John en personne.
Le jeune américain, qui enseigna la musique à des enfants sur Baltimore, publiait le 25 Février 2014 son premier projet electro-pop baptisé Blue Film, en Octobre dernier il était choisi par le producteur de film australien Baz Luhrmann pour participer au nouveau clip publicitaire de Chanel N°5, dont le rôle principale est tenu par l'actrice brésilienne Gisele Bündchen.
Lo-Fang est inspiré par le cinéma et notamment par Le Grand Bleu de Luc Besson. Il joue tous les instruments présents sur le disque, guitare, violon, violoncelle, claviers... L'artiste y distille, avec une mélancolie contagieuse, des arrangements riches et aériens (ou aquatiques!) influencés par ces périples autour du monde, du Cambodge jusqu'en Islande en passant par Nashville et Londres.
Le producteur et compositeur basé à Los Angeles est enrôlé par Lorde dans sa tournée US, il s'apprête ainsi à franchir une étape supplémentaire dans sa carrière, lui qui à 5 ans entamait une formation musicale classique avant de se passionner pour le jazz puis de voguer vers d'autres horizons. Préoccupé par l'arrangement des cordes, qui plantent l'atmosphère primordiale de son travail et qu'il exprime par la particule Lo de son nom d'artiste, Matthew symbolise l'aspect électronique de ses productions par Fang, deux entités maintenues en équilibre et servant d'écrin à des histoires subtiles, parfois autobiographiques ou parfois inspirées de ses observations.
Belle découverte!
Et pour le plaisir...: Jeff Buckley et Asgeir