Le Dj/producteur niçois Onelight, co-fondateur de Musique Large, auteur en 2016 d'un premier EP baptisé Tuggspeedman (salué par les emblématiques Busy P, Gilb’R, Machinedrum ou encore Teki Latex), puis d'un second en 2017 intitulé Silver (avec en invité la légende californienne Egyptian Lover), publie en cette fin d'année sur le label parisien Pschent (Ghost Of Christmas, Stéphane Pompougnac, Sorg, Scratch Massive, ...), Vanderlay, son tout premier long format. L'artiste nous y présente à travers 11 morceaux captivants un univers musical riche et singulier, mâtiné d'influences funk, R&B, hip-hop, french touch, bass music et pop. Annoncé le 30 Août dernier par le sensuel "Tonight", alignant une instru funky aux synthés 80's et le featuring de la chanteuse américaine Alexandria (réincarnation d'Aaliyah), l'effort à paraître le 07 Décembre prochain, nous réserve d'autres belles surprises. "Newmanium (Let's Get It)", second single prévu pour le 29 Septembre, nous livre sur fond d'ambiance trip-hop planante et embuée le flow narcoleptique du MC d'Atlanta Rome Fortune (on pense à la fois à Tricky et Mos Def, tout un programme!). Ce titre exprime l'importance du rap dans la culture du jeune musicien, initié grâce à son frangin aux sonorités urbaines d'MC Solaar, des Sages Poètes de la Rue, de Tribe Called Quest et autres Slum Village.
Un autre guest prestigieux figure également au casting de Vanderlay, il s'agit du délicieux Benny Sings, orfèvre néerlandais aux multiples facettes qui s'illustre ici avec brio dans un "Aldehyde" rappelant les saveurs boogie/electro-funk des californiens dePlantlife... Bref, que du bonheur.
L’américain Travis
Stewart aka Machinedrum est un
dompteur de sequencers, de boîtes à rythmes, de samplers, de claviers et autres
merveilles technologiques, démocratisées jadis par les prophètes de l’air
électronique Kraftwerk.
Basé à Berlin et tout juste entré dans l’escarcelle du
prestigieux label anglais Ninja Tune,
il impose sa nouvelle touche Junglepost Dub-Stepversatile et mélancolique.
Ayant grandi en Caroline du Nord, il commence sa carrière
musicale comme batteur dans la fanfare de son école et percussionniste dans un ensemble
africain. Plus tard, des études d’ingénieur
du son le mènent à exercer son savoir-faire de beatmaker à New York, pour d’autres artistes.
Son premier disque « Now
You Know » paraît en 2001 chez Merck
Records, âgé de seulement 19 ans il expose alors son goût pour le Hip-Hop (façon Abstract de Prefuse73),
l’Electronica (telle qu’elle est
pensée par ses mentors Alphex Twin et Autechre du label Warp) et les expérimentations sonores (à grands
renforts de glitchs et de Fx). Influencé par les sonorités urbaines, il s’éprend
plus tard de la frénésie des courants électro musclés (fortement dotés en Bpm)
comme la Juke de Chicago (vision
accélérée de la Ghetto House), la Ghettotech de Détroit et autre Footwork.
Revisitant les 90’s et leurs lots de Hardcore, de Jungle et de
Rave, Travis enregistre en 2011 son septième
disque « Room(s) », ce
dernier marque alors un tournant décisif dans sa carrière musicale l’élevant
d’ailleurs au statut de star de la scène
électro underground. Au lieu de s’orienter vers un style qui le séduit, il
préfère rester immerger dans son melting-pot d’influences et produire des morceaux composites, alliant des phases
down-tempo nappées de synthés hypnotiques et mélodiques à des moments up-tempo
effrénés, percussifs et dynamiques.
« Vapor City » s’inscrit par bien des aspects dans
la continuité deses 10 années de syncrétisme stylistique,
mais il exprime pourtant une évolution notable. Stewart y introduit en effet davantage
de complexité dans les enchaînements de ses différentes textures. C’est ainsi
que les touches contemplatives d’Ambient
(soufflées, paraît-il, par le duo écossais Warpien Boards Of Canada) saupoudrées de samples vocaux quasi omniprésents,
de quelques accents jazzy, ragga et R&B, ornent les cendres encore
brûlantes d’une Drum & Bass classique
et racée. Loin de la musique expérimentale cherchant à innover au-delà de
toutes considérations esthétiques, le beau « Vapor City » sonne comme
un revival d’une époque sous acide
révolue, mais regrettée. Plein de nostalgie donc, mais pas seulement… L’expert
signe une galette emplie de magie, de
retournements, de surprises et de clairvoyance. C’est un projet fertile en
devenir annonçant une suite malgré ses
tonalités mélancoliques, et non pas le constat flamboyant d’une culture
musicale passée à la trappe d’une industrie du disque parfois amnésique.
Machinedrum prolonge l’expérience de son album-concept par un site interactif et participatif, mis en ligne à l’adresse
suivante : http://machinedrum.net/et représentant le plan d’une ville numérique
- Vapor
City - qu’il bâti dans ses rêves depuis déjà plusieurs années. Les 10
titres forment la bande-son de ces
quartiers utopiques.
Autre Petit Prince de la musique électronique, Lapalux aka
Stuart Howard aurait pu n’être qu’un bidouilleur de plus, seulement voilà,
comme certains alchimistes de sa génération, il a trouvé ce subtil mélange, cet
équilibre si rare qui fait d’un disque une pierre philosophale.
Le jeune anglais publie son premier opus intitulé
« Nostalchic » signé sur le label de Flying Lotus Brainfeeder, basé à
Los Angeles. D’autres choisissent le craquement du vinyle comme toile de fond
pour leur tissu sonore, mais Lapalux lui a préféré le souffle et les
irrégularités de la cassette. Cette fragilité du son enregistré sur bande
magnétique, ce côté éphémère presque volatile, permet au producteur de
manipuler les textures et de dompter à souhait les sonorités qu’il emprunte à
la Black Music et aux musiques électroniques de pointe (IDM).
Tout y passe, de la House down tempo sur « Swallowing Smoke »,
au Glitch-Hop de « IAMSYS », en passant par la Soul sensuelle et adipeuse
de « One Thing » ou au post Dubstep de « Flower ». La patte
du patron FlyLo est présente bien sûr, mais on devine aussi l’influence des
maîtres du genre Glitch, Machinedrum ou Prefuse 73.
Et dans ce dédale de beats et de samples, de clic et de
clac, d’expérimentations en tout genre et de voix déformées par un dictaphone
torturé, se distinguent trois titres essentiels, « Guuurl », «Without
You » et « Walking Words ».
« Guuurl » s’ouvre avec une petite ritournelle
enivrante plaquée sur un synthé épuisé, puis vient une voix auto-tunée façon
R&B, un loop discret de Darbuka et enfin une explosion subaquatique de
beats sensuels qui nous éloignent du dancefloor en nous accompagnant jusqu’au
pied du lit.
« Without You », quant à lui, nous transporte dans
un univers proche de celui de James Blake dans son album éponyme de 2011, où
mélancolie, douceur et chaleur d’une Soul mis au ralenti se marient à
l’implacable rigueur synthétique et inquiétante de la machine. Ressemblant à un
vieil enregistrement ayant pris l’eau, le titre met l’auditeur en apesanteur, bercé
par la voix d’ange de la moitié du duo folk Peter & Kerry, la belle Kerry
Leatham.
Enfin « Walking Words » nous replonge dans la
riche tradition Broken Beat de la scène anglaise, Stuart y pousse la
chansonnette de sa voix fragile et délicate, nous rendant nostalgique de la fin
des années 90, quand la Jungle faisait encore vibrer nos tweeters.
Bref, « Nostalchic » est une véritable réussite et
un premier essai au long format plutôt concluant pour Lapalux.