mercredi 18 janvier 2017

Vincent Bourgeyx - Short Trip (Fresh Sound Records/Socadisc)

Vincent Bourgeyx - Short Trip (Fresh Sound Records/Socadisc)

Le pianiste bordelais Vincent Bourgeyx, sans doute le plus américain des jazzmen français, nous offre son nouvel opus intitulé Short Trip. Membre actif de la scène new-yorkaise depuis la fin des années 90, puis hexagonale dès son retour en France fin 2001, il a fait ses armes aux côtés du tromboniste légendaire Al Grey (ancien de l'orchestre de Count Basie) et de la saxophoniste avant-gardiste Jane Ira Bloom, deux grandes sources d'inspiration qui lui soufflèrent son sens du swing et son goût du risque.
S'étant illustré outre atlantique auprès d'artistes majeurs comme Ravi Coltrane, Mark Turner, Bobby Durham, Jane Monheit ou Elizabeth Kontoumanou, il s'acoquine à Paris avec les non moins talentueux Sylvain Beuf, Médéric Colignon ou David Elmalek et retrouve son fidèle ami Karl Jannuska, avec qui il publie en 2007 le disque Un Ange Qui Ricane.

Aujourd'hui, celui qui considère que "la musique doit parler de la vie" et que le jazz est davantage une histoire de cœur plutôt qu'une posture, se livre dans un nouveau recueil de 13 titres, entouré des américains Matt Penman à la basse (complice depuis l'époque du Berklee College à Boston) et Obed Calvaire à la batterie. Ce trio d'expert devient parfois quartet, avec les participations du saxophoniste ténor de haut vol David Prez ou de la chanteuse Sarah Lazarus, héritière de la grande tradition du jazz vocal et de ses divas Carmen McRae ou Shirley Horn.
Constitué de 8 compositions et de 5 reprises allant du "Tune Up" de Miles Davis au "This Is New" de Kurt Weill, Short Trip est un album radieux à l'énergie débordante. Vincent y exprime son jazz inspiré et contagieux où swing, groove et musicalité s'enlacent avec fougue et élégance. Son jeu ample, instinctif, incisif et sensuel touche l'auditeur de l'ouverture avec le titre éponyme où brille d'ailleurs le cuivre étincelant de David, jusqu'au touchant solo de clôture "For All We Know", une merveilleuse ballade. De par sa spontanéité et son désir de partager, le trio parvient à y élaborer des ambiances tamisées, chaudes et conviviales, nous projetant dans un club imaginaire à l'espace intimiste. Lorsque résonne la voix sobre et délicate de Sarah la magie n'en est que plus vibrante...

lundi 16 janvier 2017

J-Silk - WWWD (EP)

J-Silk - WWWD (EP)

Le trio néo-soul J-Silk nous présente son premier EP baptisé WWWD. Issue de la scène bordelaise et largement inspirée par les sonorités hybrides d'entités telles que The Internet (Los Angeles), Portishead (Bristol), Hiatus Kayote (Melbourne) ou Little Dragon (Goteborg en Suède), la formation distille une musique intimiste façonnée par une batterie de claviers analogiques, de rythmiques trip-hop (Didier Bassan), de guitares planantes, de lignes de basse hypnotiques (Louis Gaffney), le tout sublimé par une voix sensuelle et singulière, celle de Joanna Rives. Flirtant avec le groove, la pop, la soul, le hip-hop et l'électro, J-Silk signe 4 titres captivants.

"WWWD" nous embarque d'emblée dans un univers west coast aux accents future soul et G-funk, le décors étant planté, le vibrant "If You Leave" déploie son ambiance un brin plus pop, bien que gorgée d'une soul racée façon Amy Winehouse.
"Regrets" inonde ensuite son auditoire d'une douce lumière carioca et le berce au son d'une guitare bossa. La chanteuse y exprime sa nostalgie, si palpable qu'elle en donne des frissons... Là encore le spectre de la regrettée diva du club des 27 est bien présent.
En clôture, "Humminbird" dévoile son bourdonnement de basse captivant, la guitare se fait nébuleuse et la batterie martèle un tempo lent sur lequel vient s'étaler le timbre fragile d'une voix chargée en émotions.

Très belle entrée en matière pour J-Silk dont l'EP WWWD est prévu dans les bacs en Mars prochain.


Elida Almeida - Di Mi Ku Di Bo (Single) (Lusafrica)

Elida Almeida - Di Mi Ku Di Bo (Single) (Lusafrica)

Nous découvrions en Avril 2015 le délicat Ora Doci Ora Margos de la chanteuse et compositrice capverdienne Elida Almeida. Un single nommé "Txika" paraissait près d'un an après, en juillet 2016 avec aux arrangements l'excellent guitariste Hernani Almeida, déjà présent sur les 13 morceaux du premier album. Lusafrica nous dévoile aujourd'hui un nouveau titre baptisé "Di Mi Ku Di Bo", enregistré à l'automne lors du premier voyage d'Elida à la Havane. Arrangé par Emilio Da Veiga, ce petit bijou aux saveurs cuivrées fusionne avec grace les sonorités cubaines à celles de la coladeira. Après sa participation courant 2016 au RFI Découvertes Tour en Afrique ainsi qu'à une 50aine de concerts à travers le monde, l'artiste prépare une tournée européenne qui débutera après la sortie de son prochain EP prévu en Mars 2017, ce dernier sera bien sûr suivi d'un long format attendu pour l'été à venir.
Un emploi du temps serré donc, pour cette jeune maman dont la carrière naissante a le vent en poupe.


vendredi 13 janvier 2017

Bargrooves Après Ski 6.0 (Bargrooves)

Bargrooves Après Ski 6.0 (Bargrooves)

Une nouvelle année s'amorce avec un hiver qui bat son plein et pour célébrer l'ouverture de la saison de ski le label Bargrooves publie pour la sixième édition de sa série Après Ski une collection de 30 titres house et deep house triés sur le volet et spécialement choisis, puis compilés, pour animer l'heure de l'apéro en bas des pistes des prestigieuses stations des Alpes ou des Rocheuses.
S'y enchaînent ainsi les tubes emblématiques dernièrement fournis par la crème des DJs et producteurs en vue ces derniers temps, je pense à Dennis Ferrer avec son "Right Thing Featuring Ben Westbeech", ATFC et son incontournable "No Victim Song Featuring Hannah Williams", Red Rack'em et sa bombe "Wonky Bassline Disco Banger" ou encore Nomumbah avec "Words". Outre les versions originales de ces véritables perles pour le dancefloor, Bargrooves Après Ski 6.0 rassemble aussi quelques remixes notables devenus classiques, comme le "Funky Club Mix" de "Funky People" (Funky People featuring Cassio Ware) orchestré par Knee Deep ou bien le "Más Jugo’ Dub" de l'excellent "Piña" (Metro Area) par SWAG.
Bref, que du beau monde... La compilation sera disponible à partir du 03 Février prochain en streaming ou bien en téléchargement sur toutes les bonnes plateformes.


 
 

jeudi 12 janvier 2017

Milareva - Search For The Light (Mo Wonder Records)

Milareva - Search For The Light (Mo Wonder Records)

La toute jeune formation néo-soul Milareva nous offre son premier EP très accrocheur baptisé Search For The Light. Signé sur le label parisien Mo Wonder Records, le disque composé de 6 titres en dit gros sur le potentiel d'un quartet soul-jazz très prometteur, construit autour de la chanteuse et auteure toulousaine Ruth Eva Lemarchand alias Evalem et du pianiste/compositeur stéphanois Etienne Bally. Ses sonorités racées imprégnées de funk, de hip-hop et de R&B made in US, sont à rapprocher des expérimentations jazzy de musiciens tels que Robert Glasper, Austin Peralta ou Gretchen Parlato. Elaborant un groove chaud, profond et contagieux, que la section rythmique formée par le bassiste Sunny Adroit et le batteur Yoann De Danier contribue largement à faire briller, Milareva se distingue par la sophistication de ses arrangements et l'ambiance intimiste et envoutante qu'il dégage aussi bien en studio qu'en live. La voix suave et délicieuse de la diva, qui rappelle à bien des égards celle de Meshell Ndegeocello, se prête à merveille aux compositions du claviériste dont les mélodies, délicatement posées sur des rythmiques alliant P-Funk, accents urbains et contemporains, séduisent dès la première écoute.



mardi 10 janvier 2017

Roberto Occhipinti - Stabilimento (Melodica Music)

Roberto Occhipinti - Stabilimento (Melodica Music)

Le producteur Roberto Occhipinti, reconnu comme l'un des meilleurs contrebassistes canadiens s'exprimant aussi bien dans le répertoire jazz que dans la musique classique, nous présente son album Stabilimento, paru le 01 Novembre 2016 sur son propre label Melodica Music. Parmi les 9 titres aux saveurs cuivrées de l'opus, 6 sont des compositions de l'artiste enregistrées en quartet ou en nonet augmenté d'ensembles à de cordes.
Au travers d'elles il mêle à son jazz classique aux orchestrations luxueuses et souvent flamboyantes ("Tinacria"), les sonorités world issues d'Amérique latine et d'Afrique du Nord ("Tuareg", "Que Bolla", "Markato"), l'écriture de Beethoven et la sensibilité de John Coltrane ("Opus 132"), sans oublier la fusion de Zawinul ("Stabilimento") et l'audace de Charles Mingus...
Les 3 autres morceaux du disque marquent la richesse du jeu et des influences d'un compositeur et arrangeur versatileRoberto s'y illustre en effet dans une veine plus smooth et cool jazz : "Penelope" de l'immortel Wayne Shorter"Dom de Illudir" du brésilien Caetano Veloso et "Another Star" de l'immense Stevie Wonder.
Un grand plaisir d'écoute !

vendredi 6 janvier 2017

The Men In The Glass Booth - Ground breaking re-edits and remixes by the disco era’s most influential DJs (BBE Records/Differ-Ant Distribution)

The Men In The Glass Booth - Ground breaking re-edits and remixes by the disco era’s most influential DJs (BBE Records/Differ-Ant Distribution)

Une partie des productions house actuelles semble tendre vers un retour à ses fondations disco, bâties dans les années 1970 en réponse à la domination de la scène rock, il n'y a qu'à écouter, pour s'en rendre compte, les travaux récents d'Eli Escobar, Dimitri From Paris, Red Rack'em, Joe Negro ou Purple Disco Machine. C'est entre Philadelphie et New York que naît et se développe cette nouvelle tendance musicale (accompagnée de ses codes vestimentaires et surtout de ses chorégraphies) tant décriée à l'époque par les tenants d'une contre-culture déclinante.
Fruit d'un habile mélange de soul, de funk et de pop, enrichi de cordes et de cuivres puis de synthétiseurs et de boites à rythmes, le disco est dédié au dancefloor, à la fête, à la légèreté et à l'insouciance. Les clubs foisonnent et la demande en tubes accrocheurs et entraînants fait émerger une nouvelle génération de disc-jokers qui ne se contentent plus de passer des disques, mais qui deviennent véritablement producteurs voire musiciens accomplis, élaborant des techniques de mixages, d'orchestrations et d'enchainements sophistiquées. Ces derniers devaient dénicher la perle rare parmi la myriade de titres mis sous presse hebdomadairement et souvent concevoir des extended versions afin de fournir des sets classieux au mix impeccable et sans temps mort. Ces artisans de la nuit donneront leurs lettres de noblesse au métier de DJ, encore tant envié et adulé aujourd'hui.

Walter Gibbons alias The DJ's DJ, resident au Galaxy 21 de New-York, était un véritable pionnier dans ce domaine et surtout un remixeur de premier ordre, il fut l'un des protagonistes majeurs dans l'éclosion de la scène disco underground, notamment grâce à son "Sunshine Sound Acetate Edit" de "Ten Per Cent" du groupe Double Exposure sorti en 1976 chez Salsoul Records. Foulant le premier la porte d'un studio d'enregistrement, ses initiatives inspireront les icônes de la house music dont les emblématiques Frankie Knuckles alias The Godfather Of House (DJ au mythique Warehouse de Chicago), disparu il y a peu et Larry Levan pilier du célèbre Paradise Garage de New-York.

La carrière de Gibbons était étroitement liée au label légendaire Salsoul Records fondé par les 3 frères Cayre (1974-1985), qui hébergea outre Double Exposure, des formations comme The Salsoul Orchestra, Instant Funk, Inner Life ou First Choice et des artistes comme les divas Loleatta Holloway, Jocelyn Brown ou encore Carol Williams. Originellement orientée musique mexicaine, la maison de disques flaira le bon filon en s'intéressant au disco et en sortant la première, un format de disque vinyle insolite à l'époque : le maxi 45 tours.

Le coffret The Men In The Glass Booth revient sur cette époque glorieuse à travers des remixes et re-edits des Djs les plus influents de l'ère disco. On notera aux côtés de Walter Gibbons, les noms prestigieux d'artistes tels que Jim Burgess, John Morales (toujours dans le circuit à 62 ans!), Bobby DJ Guttadaro, Tom Savarese, Jellybean Benitez, Tee Scott ou John Luongo
Les 3 CDs compilés par le DJ écossais Al Kent - fidèle collaborateur du label anglais BBE et fan inconditionnel de Walter Gibbons - seront accompagnés d'un généreux livret de 40 pages nous renseignant sur l'histoire de ces magiciens des platines, passés maître dans l'art d'enflammer les pistes de danse !

A noter que le label Barely Breaking Even (BBE), actif depuis 1996, rassemble un panel de musiciens assez exceptionnel, en effet Masters At Work, Paul Weller et Black Coffee y sont passés comme d'ailleurs J Dilla, Will I Am, Ty, Dj Spinna ou Dj Jazzy Jeff...
Une référence absolue!