mardi 5 janvier 2016

Baaba Maal - The Traveller (Marathon Artists/Pias)


Baaba Maal - The Traveller (Marathon Artists/Pias)

Le chanteur sénégalais Baaba Maal publie son 11ième opus baptisé The Traveller. Avec Youssou N'Dour et Ismaël Lô, il élève depuis plusieurs années la culture musicale de son Pays vers les plus hauts sommets des charts internationaux.

Porté par ses racines africaines et influencé par la pop occidentale, le musicien nous invite à partager sa vision positive du monde actuel dans une épopée riche en sonorités acoustiques et numériques où instruments traditionnels (kora, tama, …) côtoient boîtes à rythme, guitares et synthés dans un dédale de mélodies enivrantes et de nappes électroniques vaporeuses. Le tempo varie, tapageur dans l'ouverture Fulani Rock et tranchant dans l'hymne War (où le poète Lemm Sissay scande son texte engagé et militant), il s'assagit dans le chatoyant One Day ou la délicieuse ballade Kalaajo.

La contradiction entre tradition et modernité n'existant pas chez Baaba, la star sexagénaire devenu Emissaire pour la Jeunesse auprès des Nations Unis, a choisi pour la réalisation de son album de faire appel à l'expertise du jeune Dj/beatmaker Johan Karlberg Hugo, moitié de Radioclit qui forme avec le chanteur du Malawi Esau Mwamwaya, le combo électro/afro/pop The Very Best.

vendredi 1 janvier 2016

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (December 15 Week 03)



Juste un petit tour du côté des dernières actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... David Linx/Paolo Fresu/Diederick Wissels, Sofiane Saidi, Kandia Kouyaté, Franck Vigroux, Enrico Pieranunzi,Bareto, Philippe Petrucciani & Nathalie Blanc, The James Hunter Six, Michael Fulberbaum, Bareto, Moonchild

Fresh Sound From Les Chroniques de Hiko (December 15 Week 04)



Juste un petit tour du côté des dernières actualités musicales abordées dans mon blog Les Chroniques de Hiko... Adrian Younge, Jamie XX, Henri Texier, Franck Vigroux, Mood II Swing, Alain Chamfort, Myrddin, Damian Lazarus, Julian Julien, L'Etrangleuse, Nicolas Paugam...

jeudi 24 décembre 2015

Defected Presents House Masters Heller & Farley (Defected Records)


Defected Presents House Masters Heller & Farley (Defected Records)

Le label londonien Defected nous présente dans sa prestigieuse série House Masters, qui souligne la carrière de piliers de la scène électronique underground (Fankie Knuckles, Masters At Work, Dennis Ferrer ou encore Joey Negro) une rétrospective couvrant l'ensemble de l'œuvre d'un duo emblématique de la scène house anglaise, Heller & Farley. En effet les producteurs Pete Heller et Terry Farley, véritables légendes vivantes depuis leurs débuts dans les 90's se voient offrir une belle célébration de leur contribution à l'évolution d'un genre musical qui ne cesse de faire des émules. Composée de 30 morceaux choisis, la compilation rassemble leurs meilleures productions et remixes écoulés sur les plus exigeants dancefloors depuis près de 25 ans, de l'Amnesia à l'Hacienda en passant par le cultissine Ministry Of Sound.  

On notera bien sûr leur excellent rework du classique How Long d'Ultra Naté, mais aussi leur reprise up tempo et soulful de I Don't Want To Sess Myself (Without You) de Terry Callier. La liste des artistes que le tandem a remixés est longue et extrêmement hétéroclite, U2, GusGus, Simply Red et New Order figurent au même titre que les DJs précurseurs Robert Owens, Junior Vasquez ou Danny Tenaglia.

Un bel hommage!

Myrddin – Rosa de Papel (Zephyrus/L'Autre Distribution)


Myrddin – Rosa de Papel (Zephyrus/L'Autre Distribution)

Parti pour devenir clarinettiste de swing manouche, le musicien belge Myrddin de Cauter s'oriente à l'adolescence vers les sonorités ibériques du flamenco et devient finalement guitariste… Et quel guitariste? Inspiré et virtuose, il bâtit un langage musical singulier, forgé dans la tradition andalouse et alimenté de sonorités jazz bien sûr mais aussi glanées dans le répertoire de la musique classique. Il publie aujourd'hui son 5° opus intitulé Rosa de Papel et s'entoure pour l'occasion d'artistes d'exception comme le bassiste cubain Alain Perez (Paco de Lucia, Jerry Gonzalez), le pianiste prodige Jef Neve (José James, Gabriel Rios…), le saxophoniste américain Michael Campagna (Charlie Haden, Randy Brecker) et le percussionniste espagnole Manu Masaedo. Invitant son père Koen à chanter sur Mi Corazon Es Como Una Flor ainsi que les chanteuses flamencas La Susi sur le torride Deseo et Alicia Carrasco sur le sensuel Aire De Nocturno, Myrddin fait aussi appel aux charmes de l'envoutante danseuse Ana Llanes sur un titre éponyme captivant et enivrant qui symbolise à merveille l'optique résolument contemporaine vers laquelle le leader oriente son flamenco, gorgé ici d'un groove contagieux dompté par des lignes de basse massives et jouissives d'un Alain Perez remarquable.
A noter que Myrddin a composé tous les titres de l'album mis à part les deux hommages à Georges Brassens, Deseo et Trompeteas de la Fama, ainsi que Segundo Amor, écrit par Jef Neve. Il empreinte à trois reprises les mots du dramaturge Frederico Garcia Llorca dans Rosa de Papel, Aire de Nocturno et Deseo.

mercredi 23 décembre 2015

Henri Texier – Sky Dancers (Label Bleu/L'Autre Distribution)


Henri Texier – Sky Dancers (Label Bleu/L'Autre Distribution)

L'immense contrebassiste français Henri Texier nous présente son nouveau projet qu'il dédie aux peuples Amérindiens, intitulé Sky Dancers (nom que se donnent ces ouvriers de l'impossible qui réalisent les travaux acrobatiques lors de l'édification des gratte-ciels). On se souvient qu'il y a 25 ans il abordait déjà ce thème avec son Azur Quartet et l'album An Indian's Week. Aujourd'hui entouré de ses fidèles acolytes du Hope Quartet, le batteur Louis Moutin, les saxophonistes François Corneloup et Sébastien Texier (fils de …), le septuagénaire invite pour la première fois deux musiciens désormais incontournables de la scène jazz hexagonale, le tout jeune pianiste au touché délicat Armel Dupas (qui vient de publier son très réussi Upriver) et le guitariste éclectique aux accents électriques puissants, Nguyên Lê.

Lui qui a joué avec les plus grands artistes américains de Bill Coleman à Chet Baker en passant par Donald Byrd, Dexter Gordon et Bud Powell, n'a eu de cesse au cours de sa longue carrière de se renouveler. S'imprégnant du free jazz et du bebop outre atlantiques, il contribue pour beaucoup à l'évolution du jazz en Europe dans les années 70 et 80, développant un goût particulier pour l'exploration des sonorités world. Le trio emblématique qu'il forme avec le batteur Aldo Romano et le clarinettiste Louis Sclavis le mènera par exemple à 3 reprises sur les sentiers d'une Afrique vue par le photographe Guy Le Querrec et ses racines bretonnes le rapprocheront des musiques celtiques.

Ce Sky Dancers sextet nous invite à découvrir 9 compositions imaginées pour les festivals Europa Jazz du Mans, Jazz sous les Pommiers à Coutances et Rencontres de l'Erdre à Nantes, qu'Henri a pensé en hommage aux peuples de la terre Mapuche (originaire du Chili et d'Argentine) et de la paix Hopi (issu d'Amérique du Nord), aux indiens des plaines Dakota Mab, à la nation Comanche et aux célèbres Navajo (Navajo Dream). Forcément engagé contre le traitement réservé à ces minorités, l'imposant Texier oppose à l'indifférence générale des Etats concernés son jazz citoyen inspiré et massif, à l'élégance classique, au groove contagieux et arborant parfois des reflets fusion punchy, notamment servis par un Nguyên Lê électrisant qui brille de mille feu et qui s'intègre à merveille dans cette nouvelle formation détonante.

Installé sur les excellentes assises rythmiques de Louis (jumeau du contrebassiste François avec qui il forme le Moutin Réunion Quartet), Armel nous montre ici un autre aspect de son talent, imposant une sensibilité armée d'un swing époustouflant et vigoureux au piano comme aux claviers (il excelle dans le redoutable Dakota Mab, véritable petit bijou). Le tandem Texier fils et Corneloup accordent leurs saxophones alto et baryton sur des mélodies captivantes comme dans He Was Just Shinning, dédié à Paul Motian, assènent des "souffles de poing" dans le très énergique Mapuche ou créent une nappe vaporeuse dans le touchant Paco Atao adressé au percussionniste caribéen disparu, Paco Charlery.

Comme à son habitude, le chef de tribu généreux et passionné Henri Texier convoque la fine fleure du jazz et la laisse s'épanouir et se nourrir de ses notes afin d'accéder à de nouveaux espaces musicaux.



Ci dessous en live dans une formule sans pianiste

mardi 22 décembre 2015

Adrian Younge – Something About April II (Linear Labs)


Adrian Younge – Something About April II (Linear Labs)

Celui qui considère que l'on ne produit plus de vraie Soul depuis 1973 nous propose son somptueux Something About April II, second volet d'un dytique entamé en 2011 et qui poursuit les expérimentations analogiques d'un invétéré du magnétophone et des enregistrements à l'ancienne.

Le multi-instrumentiste, producteur et compositeur californien Adrian Younge se dresse en apôtre de la black music, dernier gardien et héritier du temple de la soul psychédélique et du funk des années 60 et 70. Ses débuts dans le rap en 1996 l'ont vite conduit au constat que les boucles et boites à rythmes étaient trop restrictives et que la pratique d'un ou de plusieurs instruments prévalait largement sur celle du sample. Impressionné par la manière dont les légendes vivantes façonnent le hip-hop de la fin des années 80 et du début des années 90, il s'intéresse aux sources de leurs productions et se plonge alors dans les sonorités racées issues du prestigieux catalogue de Stax, dans celles plus édulcorées de la Motown ou encore dans celles des formations emblématiques de l'époque, telles que le trio de Philadelphie The Delfonics. Toujours à la recherche du son idéal, il s'abreuve de toutes sortes de musiques, des œuvres d'Ennio Morricone au trip-hop de Portishead en passant bien sûr par Gangstarr et Curtis Mayfield mais aussi The Beatles et Air.

Ses talents de dénicheur de pépites et de musicien old school nostalgique séduisent d'emblée Ghostface Killah avec qui il va collaborer à plusieurs reprises, à l'instar des immenses Common, Ali Shaheed Muhammad ou Timbaland. Lui qui échantillonnait ses groupes fétiches se retrouve à son tour sollicité par la crème des rappeurs ou invité à leurs côtés, sur scène, comme avec le Wu Tang Clan le 05 juillet dernier au Zénith de Paris.

Depuis son premier effort édité qu'à 1000 exemplaires en 2000 et nommé Venice Dawn (fortement influencé par la musique des films italiens), Adrian réalisa en 2009 la bande originale de Black Dynamite aux accents Blaxploitation et signa nombre d'albums marquants notamment ceux de Bilal, Souls Of Mischief, William Hart (The Delfonics), Jay Z ou encore  Dj Premier.

Contrairement aux artistes de l'écurie Daptone, il ne veut pas refaire de la musique d'autrefois, mais juste utiliser son grain si particulier et le faire sonner dans des compositions très actuelles: "Je ne suis pas là pour faire de la musique de musée".

Dans son Something About April II enregistré avec sa collection d'instruments rares et vintage, le producteur de 37 ans basé à Los Angeles rapproche comme personne les univers sonores 60's de la dark soul américaine et du cinéma classique européen, le tout dans une épopée musicale raffinée et sophistiquée où brillent les voix soul de Raphael Saadiq (Magic Music), Loren Oden (Sandrine, Sittin By The Radio), Karolina (Winter Is Here, Hear My Love) ou encore de Laeticia Sadier et Bilal, qui interprètent en duo Step Beyond et La Ballade, allusion à peine voilée au couple sulfureux Gainsbourg et Birkin. L'artwork du disque, figurant deux jeunes femmes nues (l'une noire et l'autre blanche) s'enlaçant avec tendresse, fait immanquablement penser aux fameuses jaquettes d'Ohio Players, belles, subjectives et sensuelles, magnifiant la beauté afro.

La rétro-soul psyché-cinématique d'Adrian Younge impose le respect et place cet esthète du son parmi les plus talentueux artisans musicaux de sa génération.