Adrian
Younge – Something About April II (Linear Labs)

Le multi-instrumentiste, producteur et compositeur californien
Adrian Younge se dresse en apôtre de la black music, dernier gardien et héritier du temple de la
soul psychédélique et du funk des années 60 et 70. Ses débuts dans le rap en 1996 l'ont vite conduit au
constat que les boucles et boites à rythmes étaient trop restrictives et que la
pratique d'un ou de plusieurs instruments prévalait largement sur celle du
sample. Impressionné par la manière dont les légendes vivantes façonnent le
hip-hop de la fin des années 80 et du début des années 90, il s'intéresse aux
sources de leurs productions et se plonge alors dans les sonorités racées issues
du prestigieux catalogue de Stax, dans
celles plus édulcorées de la Motown
ou encore dans celles des formations emblématiques de l'époque, telles que le
trio de Philadelphie The Delfonics. Toujours
à la recherche du son idéal, il s'abreuve de toutes sortes de musiques, des œuvres
d'Ennio Morricone au trip-hop de Portishead en passant bien sûr par Gangstarr et Curtis Mayfield mais aussi The
Beatles et Air.

Ses talents de dénicheur
de pépites et de musicien old school
nostalgique séduisent d'emblée Ghostface Killah avec qui il va
collaborer à plusieurs reprises, à l'instar des immenses Common, Ali Shaheed Muhammad
ou Timbaland. Lui qui échantillonnait
ses groupes fétiches se retrouve à son tour sollicité par la crème des rappeurs
ou invité à leurs côtés, sur scène, comme avec le Wu Tang Clan le 05 juillet dernier au Zénith de Paris.

Contrairement aux artistes de l'écurie Daptone, il ne veut pas refaire de la musique d'autrefois, mais juste
utiliser son grain si particulier et le faire sonner dans des compositions très
actuelles: "Je ne suis pas là pour faire
de la musique de musée".

La rétro-soul
psyché-cinématique d'Adrian Younge
impose le respect et place cet esthète du son parmi les plus talentueux
artisans musicaux de sa génération.
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