La jeune chanteuse
danoise Agnes Obel, nourrie de jazz et de musique classique, nous revient
avec un second opus intitulé « Aventine ».
Exilée à Berlin, elle a passé ces deux dernières années à confectionner, dans l’intimité
de son home studio, ce petit bijou folk éthéré
aux accents mélancoliques et « boisés » (dixit les Inrocks). Accompagnée
du violoncelle versatile d’Agnès Müller
et du piano hypnotique de Mika Posen,
la compositrice nous offre un disque autobiographique
touchant, convoquant les univers de Satie, Debussy, Tiersen et Lana Del Rey.
La belle Agnès, de sa voix pure et vaporeuse,
nous abreuve durant 11 titres, de mélodies
enivrantes et légères sonnant comme la bande originale d’une nuit d’automne
filmée par Jarmusch ou Burton… « Aventine » est une épure poétique rehaussée
de minimalisme celtique et de délicatesse féminine… Une merveille !
Installée à Paris, la jeune chanteuse et songwriter suédoise
Izzy Lindqwister nous offre son premier opus solo intitulé « Moon Beam
Cream ». Ayant forgé sa voix gorgée
de Soul à l’église, elle s’abreuve adolescente de Blues et de Rock’n’Roll.
À l’origine du groupe punk/rock parisien Rodéo
Massacre, la jolie blonde s’oriente ensuite vers un projet moins fougueux,
plus doux, lent et personnel, aux
accents Pop, Italo-disco, Reggae et Soul. Arborant des ambiances psychédéliques où reverb exagérée et synthés aériens
dégagent toute pesanteur, le disque foisonne d’influences diverses, de Giorgio Moroder à la Soul U.S. des 60’s
en passant par la New Wave de Yazoo. La surexcitée nordique s’apaise et
esquisse les contours d’une pop
singulière rétro-futuriste. À suivre !
Enfant, le futur crooner italien poussait déjà la chansonnette à l'église, dans plusieurs petites chorales, puis a rapidement collaboré avec une tripotée de stars populaires italiennes. Il se jette à l'eau en 2006, avec son excellent premier album "Handful Of Soul", aux accents Jazz, Blues, Bossa et Soul. "If" en 2009 marque son ancrage dans le registre Rhythm & Blues. Après des tournées, des duos et plusieurs participations à divers projets musicaux, le soul man à la voix chaude et puissante nous revient avec son dernier opus, arborant des sonorités funky voire disco, intitulé "Sun". Imaginez Franck Sinatra, Barry White et Jon Lucien chantant sur des arrangements à l'anglaise du temps des 90's et de l'air Acid Jazz, vous aurez alors une petite idée de sa palette sonore... On retrouve d'ailleurs des guests de choix de cette époque fameuse, comme Incognito, James Taylor ou Omar... Mario Biondi invite aussi les piliers d'une Soul classique et racée des années 70, Chaka Khan, Léon Ware et Al Jarreau partagent en effet quelques ballades groove langoureuses et sensuelles.
Le bassiste originaire de Philadelphie Derrick Hodge publie son premier album intitulé "Live Today". Ayant collaboré par le passé avec la crème de la scène Hip-hop/Nusoul (à savoir Q.Tip, Kanye West, Jill Scott, Timbaland, Musiq Soulchild, Anthony Hamilton et j'en passe...) le musicien/compositeur s'est aussi illustré dans l'écriture de musiques de films notamment pour Spike Lee.
Après sa signature chez Blue Note Records en 2011, c'est en Août dernier que Derrick entouré de ses invités parmi lesquels on remarque le chanteur Allan Hampton, le pianiste Robert Glasper ou encore le batteur Chris Dave, sort ses 14 perles jazz/Hip-hop/Groove...
On le retrouve ici avec le rappeur/acteur et mannequin Common, sur un morceau mixant jazz et slam au titre éponyme...
Le compositeur et pianiste jazz d'origine martiniquaise Grégory Privat publie, après "Ki Koté" paru en 2011, le sublime "Tales Of Cyparis".
Nous contant l'histoire du pêcheur de Saint-Pierre nommé Cyparis, qui fut le seul prisonnier rescapé de l'éruption de la montagne Pelée en 1902, le tout jeune pianiste expose avec fraîcheur et raffinement une écriture inspirée et un touché riche et lyrique. Son jazz emprunt de culture caribéenne n'en demeure pas moins moderne, libre et foisonnant.
Même si l'on peut le rapprocher des Chick Corea, Keith Jarrett ou Brad Meldhau, c'est à la virtuosité de Michel Petrucciani que l'artiste se réfère...
Sur "Precious Song", le pianiste/compositeur suédois Gustav Karlström (fils de la chanteuse Elisabeth Kontomanou) prête sa voix soul à un titre terriblement sensuel et puissant faisant explicitement référence à l'héritage de Stevie Wonder...
Ecoutez plutôt! Grégory Privat - Precious Song Feat. Gustav Karlström
(À noter la présence du guitariste magicien Manu Codjia sur plusieurs titres de l'album)
Profonde et ample, la soul minimaliste de l'anglaise Rosie Lowe, délicieusement electronica et glitch, est en passe de séduire un auditoire jusqu'ici acquis aux Sade, Jessie Ware et autres VV Brown.
Pour son premier EP, intitulé "Right Thing", la magnifique chanteuse et songwriter s'est entourée d'un duo haute couture, le producteur Kwes (actuellement chez Warp Recors, il a collaboré avec Damon Albarn, The Xx...) et du chanteur/guitariste Dave Okumu (membre du groupe britannique electro/rock The Invisible, il est apparu au côté d'Amy Whinehouse, Jane Birkin, Omar, Matthew Herbert...).
Un premier titre éponyme annonce la couleur et se déroule au ralenti entre un beat R&B traînant la patte et une voix sensuelle retouchée sonnant comme un écho...
L’américain Travis
Stewart aka Machinedrum est un
dompteur de sequencers, de boîtes à rythmes, de samplers, de claviers et autres
merveilles technologiques, démocratisées jadis par les prophètes de l’air
électronique Kraftwerk.
Basé à Berlin et tout juste entré dans l’escarcelle du
prestigieux label anglais Ninja Tune,
il impose sa nouvelle touche Junglepost Dub-Stepversatile et mélancolique.
Ayant grandi en Caroline du Nord, il commence sa carrière
musicale comme batteur dans la fanfare de son école et percussionniste dans un ensemble
africain. Plus tard, des études d’ingénieur
du son le mènent à exercer son savoir-faire de beatmaker à New York, pour d’autres artistes.
Son premier disque « Now
You Know » paraît en 2001 chez Merck
Records, âgé de seulement 19 ans il expose alors son goût pour le Hip-Hop (façon Abstract de Prefuse73),
l’Electronica (telle qu’elle est
pensée par ses mentors Alphex Twin et Autechre du label Warp) et les expérimentations sonores (à grands
renforts de glitchs et de Fx). Influencé par les sonorités urbaines, il s’éprend
plus tard de la frénésie des courants électro musclés (fortement dotés en Bpm)
comme la Juke de Chicago (vision
accélérée de la Ghetto House), la Ghettotech de Détroit et autre Footwork.
Revisitant les 90’s et leurs lots de Hardcore, de Jungle et de
Rave, Travis enregistre en 2011 son septième
disque « Room(s) », ce
dernier marque alors un tournant décisif dans sa carrière musicale l’élevant
d’ailleurs au statut de star de la scène
électro underground. Au lieu de s’orienter vers un style qui le séduit, il
préfère rester immerger dans son melting-pot d’influences et produire des morceaux composites, alliant des phases
down-tempo nappées de synthés hypnotiques et mélodiques à des moments up-tempo
effrénés, percussifs et dynamiques.
« Vapor City » s’inscrit par bien des aspects dans
la continuité deses 10 années de syncrétisme stylistique,
mais il exprime pourtant une évolution notable. Stewart y introduit en effet davantage
de complexité dans les enchaînements de ses différentes textures. C’est ainsi
que les touches contemplatives d’Ambient
(soufflées, paraît-il, par le duo écossais Warpien Boards Of Canada) saupoudrées de samples vocaux quasi omniprésents,
de quelques accents jazzy, ragga et R&B, ornent les cendres encore
brûlantes d’une Drum & Bass classique
et racée. Loin de la musique expérimentale cherchant à innover au-delà de
toutes considérations esthétiques, le beau « Vapor City » sonne comme
un revival d’une époque sous acide
révolue, mais regrettée. Plein de nostalgie donc, mais pas seulement… L’expert
signe une galette emplie de magie, de
retournements, de surprises et de clairvoyance. C’est un projet fertile en
devenir annonçant une suite malgré ses
tonalités mélancoliques, et non pas le constat flamboyant d’une culture
musicale passée à la trappe d’une industrie du disque parfois amnésique.
Machinedrum prolonge l’expérience de son album-concept par un site interactif et participatif, mis en ligne à l’adresse
suivante : http://machinedrum.net/et représentant le plan d’une ville numérique
- Vapor
City - qu’il bâti dans ses rêves depuis déjà plusieurs années. Les 10
titres forment la bande-son de ces
quartiers utopiques.