Depuis 1993 et la parution de leur premier disque, le
producteur sénégalais Ibrahima Sylla et l’arrangeur malien Boncana Maïga sont
devenus des références incontournables dans le monde de la salsa. Composée de musiciens
latino-américains basés à New-York, de chanteurs africains originaires de Guinée, du
Sénégal, du Congo, d’Haïti, du Bénin et du Cap-Vert, cette véritable machine à
danser nous revient, après 7 ans d'absences, avec l’immense « Viva Africando », enregistré à
Paris fin 2012. Toujours aussi dansante et brulante, la salsa d’Africando est
chantée en espagnol bien sûr, mais surtout en wolof, en lingala et autres langues
africaines. En 13 titres colorés et racés, le combo réaffirme sa maîtrise du son et du rythme afro-cubain rapprochant
ainsi La Havane de Dakar.
Dénicheur de vielles galettes rarissimes, le label Mr Bongo
ressort « Chapter One » de BLO, premier trio rock d’Afrique dans les
70’s. Les trois nigérians, Berkely
Ike Jones à la guitare, Laolu Akins
Akintobi à la batterie et Mike Gbenga Odumosu
à la basse, sont les pionniers d’un mouvement enraciné dans l’afro-beat et
influencé par le rock psychédélique et la funk/soul U.S. du milieu des années
60. En 8 titres bluffants, le trio nous donne une leçon de fusion parfaite entre
deux continents, Fela Kuti d’une part et Jimi Hendrix croisé avec James Brown
de l’autre. Un vrai régal !
Harold
Lopez-Nussa – New Day (Jazz Village/Harmonia Mundi)
Tout jeune pianiste, le cubain Harold Lopez-Nussa est
pourtant reconnu comme une des valeurs sûres du jazz contemporain. Influencé
par les monstres sacrés qui l’ont bercés toute son enfance (Herbie Hancock, Wayne
Shorter, Keith Jarrett), le musicien s’imprègne aussi de musique classique
(Debussy, Ravel) et des traditions populaires de Cuba (Rumba, salsa). Il nous
présente aujourd’hui son cinquième opus intitulé « New Day », un
recueil de 10 titres érudits, colorés et énergiques. Assisté de son frère le
batteur Ruy Adrian Lopez-Nussa et du contrebassiste Gaston Joya, le trio s’agrémente
de la trompette de Mayqel Gonzalez et de la voix de Kelvis Ochoa pour nous
offrir un jazz latin puissantet résolument nouveau à l’instar du sublime
« Paseo », titre entêtant, vigoureux et métis.
Ahmad Jamal
– Saturday Morning (Jazz Village/Harmonia Mundi)
Après son excellent « Blue Moon » paru en 2012 et
la redécouverte du groove raffiné et
classieux du pianiste américain octogénaire, Ahmad Jamal publie « Saturday
Morning ». Toujours accompagné de Reginald Veal à la contrebasse, d’Herlin
Riley à la batterie et de Manolo Badrena aux percussions, l’album fut
enregistré en Février 2013 au studio La Buissonne près d’Avignon. Le vieux
jazzman y distille une fois de plus un jazzsensuel et ronronnant agrémenté de son
swing si ample et voluptueux. « Saturday
Morning » est un véritable moment de grâce, un de ses instants magiques
sur lesquels plane un jenesaisquoisi communicatif… Richesse harmonique, équilibre
rythmique mélodies touchantes, et virtuosités soupesées sont rarement combinés en
aussi bon ordre !
The
Garifuna Collective – Ayo (Stonetree Records/Cumbancha)
Le label indépendant Cumbancha publiait en 2008 l’album
d’Umalali intitulé « The Garifuna Women’s Project », mettant ainsi en
lumière les traditions musicales issues des côtes de Belize, du Honduras, du
Nicaragua et du Guatemala. Des noms comme Ivan Duvan et bien sûr Andy Palacio
(RIP) sont les fers de lance de cette culture afro-amérindienne et en s’inscrivant
dans leur sillage, l’ensemble The Garifuna Collective poursuit la modernisation
et la promotion de ces sonorités chaudes héritées des esclaves africains et des
indiens Arawaks et Caribs. Leur nouvel opus « Ayo » participe à la
conservation de la langue et de l’identité d’une culture fragile. On y écoute
12 titres gorgés d’espoir et de joie, arborant les rythmes traditionnels de la
Paranda, de la Punta et de la Jungujugu… Magique !
The Toxic
Avenger – Romance And Cigarettes (Roy Music/Universal)
Après une sortie fracassante en 2011, le français expatrié
aux U.S. Simon Delacroix nous présente son deuxième essai au long format, « Romance
and Cigarettes ». Beaucoup moins décapant et club que son précédent
disque, l’électro/rock survitaminée de « Angst » cède ici sa place à un
trip italo-discorétrokitsch. Plongé dans un bain popifiant aux sonorités 80’s gluantes, The Toxic Avenger semble être tombé dans
la même marmite que Kavinsky. Assumant pleinement ses choix et ses clins d’œil
à la musique pop FM de son enfance, le
Dj/producteur élabore un mix plutôt réussi entre une New Wave aux mélodies collantes et obsédantes et une électronarcoleptique, gavée de synthés disco à rendre jaloux un certain Mr Tellier. On s’éloigne du
dancefloor pour se rapprocher d’un Simon plus intime.
VV Brown –
Samson And Delilah (Yoy Records/The Orchad/Modulor)
Revisitant le mythe biblique de Samson et Dalila, la
chanteuse aux multiples casquettes V.V. Brown fait son retour dans l’arène
musicale avec la sortie d'un nouveau disque aux sonorités électro/pop, à classer dans la rubrique avant-gardiste du rayon R&B. La belle anglaise publie sur
son propre label Yoy Records « Samson And Delilah », un album déroutant,
crépusculaire, froid et conceptuel, le premier qu’elle assume pleinement! Les
spectres de Grace Jones, Bjork et Kate Bush planent au dessus des 11 titres composés en collaboration
avec Dave Okumu (producteur de Jessie Ware). V.V. Brown réinvente son univers
artistique, le rendant plus baroque, sombre et sophistiqué. Elle se libère du
poids de l’industrie musicale et de ses canons pour fournir un objet personnel et
anti-commercial. Audacieux et prometteur !