mardi 10 septembre 2013

Aufgang – Istiklaliya (InFiné)


Aufgang – Istiklaliya (InFiné)


 
 

Avec leur nom à coucher dehors et leur visuel en forme de blason aux couleurs héraldiques, le trio Aufgang nous plonge dès la première écoute de son Istiklaliya dans un univers épique improbable fait d’electropop survoltée, de folklore balkanique électrisant, de jazz/rock psychédélique et d’ambiances technoïdes où le piano règne en maître… Les pistes sont brouillées, les synthés décomplexés flirtent avec la musique classique et le piano à queue s’enivre au rythme des 128 bpm de rigueur en club… Composé des pianistes Francesco Tristano et Rami Khalifé, ainsi que du batteur Aymeric Westrich, Aufgang l’Insolite est un véritable ovni, bourré d’énergie dévastatrice et prêt à en découdre avec le dancefloor. Un coup de cœur !

June Emergency – Tomato Juice/CSA (autoproduit)


June Emergency – Tomato Juice/CSA (autoproduit)

Ce quartet instrumental basé à Antibes est composé de deux guitaristes, Vincent Heurtebize et Antoni Varesano, du bassiste Denis Lebrun et du batteur Félix Joveniaux. Situant leurs influences du côté du shoegaze et du post-rock, leur démarche musicale touche du doigt la sphère jazz et emprunte à la musique minimaliste la construction des morceaux basés sur la répétition et la superposition entêtante de boucles. On pense à certaines références telles qu’E.S.T. ou Radiohead. Les mélodies sont séduisantes et l’amplitude du titre CSA donnerait presque le tournis. A la lisière des étiquettes, June Emergency « façonne une ambiance bancale et introspective ». A écouter sur juneemergency.bandcamp.com.


Saule – Géant (30 Février/Pias)


Saule – Géant (30 Février/Pias)

Découvert sur les ondes radio grâce au tube « Dusty Men » enregistré en duo avec Charlie Winston, Saule est un auteur/compositeur belge installé en France depuis peu. Son troisième opus intitulé Géant est à la hauteur du personnage mesurant près de 2m. En effet, si l’artiste restait confiné dans le carcan de « la nouvelle chanson française » intimiste et intelligente, il parvient grâce à sa complicité avec l’artiste anglais, à se décomplexer en osant de nouvelles sonorités, rapprochant sa culture rock anglo-saxonne écartée jusque là vers l’univers pop bariolée et survolté de notre Hobo préféré. L’humour, la lucidité et la tendresse des textes de l’un, mariés à la force et à l’efficacité des arrangements de l’autre, font de ce couple parfait LA sensation mainstream de ce début d’année.

Rokia Traoré – Beautiful Africa


Rokia Traoré – Beautiful Africa

Son pays natal étant plongé dans une période de conflits, la musicienne malienne Rokia Traoré réaffirme, guitare électrique en bandoulière, son amour et sa passion pour un continent « où tout reste toujours à découvrir et à faire ». Beautiful Africa est un manifeste engagé et brulant adressé au monde. Mêlant une section musicale traditionnelle à des instrumentistes européens, la chanteuse crée un univers épuré, respectueux de ses racines mais ouvert à la modernité et à l’exploration. Ses collaborations passées avec des artistes atypiques et visionnaires comme Damon Albarn ou Robert Wyatt le prouvent bien. Elle décide ici de s’entourer du producteur anglais Josh Parish (Tracy Chapman, PJ Harvey…) et opte pour une écriture plus affranchie, un timbre de voix plus précis et tranchant.

Vigon Bamy Jay – Les Soul Men (323 Records/Universal Music)


Vigon Bamy Jay – Les Soul Men (323 Records/Universal Music)

Une légende oubliée de la Soul réapparait ! Vigon, figure emblématique du Rhythm’n’Blues des années 60, relance sa carrière grâce à l’émission The Voice. Le chanteur marocain qui œuvra jadis dans le sillage de James Brown, Stevie Wonder et Otis Redding forme avec son vieux compagnon antillais Erick Bamy, ex-doublure vocale de Johnny Halliday, et le jeune chanteur Jay Kani des Poetic Lovers, le trio « Les Soul Men ». Ils interprètent des reprises de leurs idoles Aretha, Ray Charles, Ike et Tina, Sam & Dave ou encore Bill Withers dans l’esprit des productions racées de Stax et Motown, avec un son chaud et cuivré, gorgé de groove et de swing. Les voix sont maitrisées et entre tornade rocailleuse, velours éraflé et douceur romantique, on redécouvre la grâce d’une Soul vintage en plein revival.

VANESSA DA MATA « SIM »


VANESSA DA MATA « SIM »

Glissez le disque dans votre platine et appuyez sur « play »…Fermez les yeux, ne pensez plus à rien et laissez vous bercer par le chant cristallin d’une sirène. Elle se  nomme Vanessa Da Mata, originaire du Mato Grosso au Brésil, son enfance a baigné dans un bouillon musical alliant les saveurs d’un Luiz Gonzaga et d’un Tom Jobim, d’un Milton Nascimiento et d’un Orlando Silva. Son oncle aventurier l’a initié aux sonorités plus régionales (comme le Carimbò) issues de disques rapportés de ses voyages en Amazonie, tandis que la bande AM de son poste radio lui faisait découvrir les musiques étrangères. Née en 1976 et de formation autodidacte, la carrière artistique de Vanessa Da Mata débute à Sao Paulo dans un groupe de reggae féminin, puis en 1997 elle compose, avec un certain Chico César, le titre prémonitoire « A Força Que Nunca Seca » qui sera enregistré par l’immense Maria Bethania. Le Brésil découvre alors une grande compositrice et le succès de ses deux premiers albums projettera sa voix et sa beauté rayonnante sur les devants de la scène.

« Sim » (oui en français) est donc son troisième opus, enregistré entre la Jamaïque et le Brésil, Discograph a lancé sa sortie française le 16 Juin dernier (merci, merci, merci…). « Sim » est défini come « une réponse positive à la vie, une réponse de lutte », un hommage vibrant à l’existence vécue au quotidien ; on y compte la participation de Ben Harper sur le titre grandiose « Boa Sort/Good Luck » qui a été écouté plus de 5 millions de fois sur Youtube, de Joao Donato, Wilson Das Neves et de la nouvelle génération de musiciens brésiliens. La diversité des sonorités présentes dans l’album est un reflet parfait de la créativité musicale de la MPB (Musica Popular Brasileira) : rythmes pop, samba, reggae et rythmes régionaux issus des traditions musicales brésiliennes…

Ce n’est pas un disque à chroniquer mais à vivre ! Une véritable émotion dès la première écoute, une pépite…

Urbanus – Stefon Harris & Blackout (Concord Jazz/Universal Music Jazz France)


Urbanus – Stefon Harris & Blackout (Concord Jazz/Universal Music Jazz France)

Imprégné des héritages de Lionel Hampton et Roy Ayers, le jeune vibraphoniste Stefon Harris publie chez Concord Jazz un septième album, essentiel,  intitulé Urbanus. Entouré pour la seconde fois du groupe Blackout et de ses sonorités urbaines, l'artiste signe là un opus grandiose, élégant et efficace. Accessible par son groove et le sens mélodique indéniable de ses compositeurs, ce vrai projet d'équipe rappelle les aventures de Philadelphia Experiment (avec ?uestlove) ou encore le Hard Groove (de Roy Hargrove) où les influences R&B, Soul, Hip-Hop, Funk, Pop et Jazz fusionnent pour célébrer une musique de partage, moderne, riche, novatrice et pleine d'émotions. La prestation exceptionnelle du saxophoniste alto Casay Benjamin, ici au Vocodeur, accompagne l'auditeur dans ces moments rares d'extase où tout s'accorde, les merveilleuses ballades Christina ou For You convaincront les amateurs...Une nappe enivrante dressée par les pianos de Marc Cary, une rythmique solide et légère à la fois emmenée par le bassiste Ben Williams et le batteur Terreon Gully puis le jeu virtuose et classieux de Stefon Harris font d'Urbanus un disque indispensable, le genre d'objet dont on ne se lasse pas d'écouter tant la générosité du frontman offre l'opportunité à Blackout d'exposer son savoir-faire...Un pur bonheur.