jeudi 5 septembre 2013

Novalima « Coba Coba » (Cumbancha)


Novalima « Coba Coba » (Cumbancha)

Jusqu’à présent la sainte Trinité se composait des trois piliers fondamentaux : Bossa Nova, Radio Nova et Mamie Nova. Aujourd’hui, Novalima vient se joindre au trio. Formation péruvienne fondée en 2001 par Ramon Prieto (claviers), Grimaldo Del Solar (machines), Rafael Morales (guitare) et Carlos Li Carrillo (basse), le son de Novalima prend forme entre Londres, Barcelone, Hong Kong et Lima via quelques échanges d’emails et de mp3. Le projet est simple : intégrer la culture afro-péruvienne dans une approche musicale contemporaine, roots et dance-floor. Pour se faire, le quartet commence par s’entourer de la crème des percussionnistes péruviens, puis sur Coba Coba, leur dernier opus, il se dote même des services du pianiste electro-jazz Mark De Clive-Lowe, de rappeurs cubains, d’un rockeur espagnol ou encore de chanteurs de salsa péruviens. Mixé par un habitué des 4Hero et Da Lata, l’étiquette electro-latino ne convient pourtant pas à ce groupe à géométrie variable. En effet la réussite de Coba Coba résulte d’une savante alchimie alliant le son hérité des esclaves africains mené par les sections rythmiques et mélodiques traditionnelles et la touche branchée et funky de nos globe-trotters lovant les grooves hypnotiques des machines. Mêlant avec maestria les sonorités enivrantes de la salsa, l’énergie dévergondée de l’afrobeat et la liberté maîtrisée des beats électroniques, Novalima rend un hommage vibrant et jouissif à l’Afrique. Entre dub, musiques latines et tout ce qu’il y est bon d’écouter à travers le monde, Coba Coba ravira un très large public.

Nguyêne Lê – Saiyuki (Act Music/Harmonia Mundi)


Nguyêne Lê – Saiyuki (Act Music/Harmonia Mundi)

À l'instar de John McLaughlin ou Pat Metheny, le guitariste français d'origine vietnamienne, Nguyêne Lê ne s'est jamais cantonné à jouer un style musical en particulier. Bien-sur c'est l'école du jazz qui l'a mis sur la voie mais son ouverture d'esprit, ses expériences et son goût naturel pour la découverte et la musique plurielle ont tracé un parcours étonnant fait de rencontres significatives incalculables (Ray Charles pour le Rythm & Blues, Richard Bona ou encore Gil Evans pour le jazz, Cheb Mami ou Kakoli pour la World...). Saiyuki ou Chronique du Voyage vers l'Ouest est un disque subtil et inspiré, où l'est de l'Asie échange avec l'ouest, où le Japon incarnée par la magnifique Mieko Miyazaki au koto flirt avec l'Inde des virtuoses Prabhu Edouard aux tablas et Hariprasad Chaurasia à la flûte bansuri. Rencontre au sommet donc, sous l'égide d'un Nguyêne Lê curieux et fasciné. En dix titres envoutants, même le profane se surprend à rêver éveillé, voguant sur les mélodies enchanteresses tissées par le chant d'une flûte, d'une voix, ou d'un instrument à cordes, puis brodées du motif expressif et complexe des percussions aux trois peaux. Le son de Saiyuki est, pour faire simple, World Jazz ou plus sérieusement, la conjonction de trois traditions musicales (Occident, Inde et  Japon) autour de thèmes qui laissent l'improvisation accorder les cordes et les souffles...Une fabuleuse épopée poétique, une quête mélodique.

NADA ROOTS – « Super Star » (Karcajou Productions/Anticraft)


NADA ROOTS – « Super Star » (Karcajou Productions/Anticraft)

Originaire de Montpellier, le combo des deux compagnons de roots Daniel Gigant (alias Nada) chanteur/narrateur et Frederic Wheeler (aka Alfred) guitariste/multi-instrumentiste, nous présentent leur premier album Super Star. De parents réunionnais, Nada a grandi à la montagne au Tampon et à St Denis, puis à l’âge de 17 ans il suit sa mère en métropole. De déceptions en déprimes, il se plonge dans la musique et s’investie à fond dans différentes formations en temps que bassiste/chanteur et dans la production notamment avec les albums d’ARM Posse (feat. Tiken Jah Fakoly ou encore Sergent Garcia). Quant à Fred, son parcours est tout aussi atypique, fait de voyages et de mobilité, après un an et demi d’apprentissage au Viet Nam, il ramène le Thorung, le Dan Kim ou encore le kayagum, et surtout une grande ouverture d’esprit…Nada Roots propose donc une musique offerte aux multiples influences de notre monde coloré. Les textes de Daniel, poétiques ou politiques, parlant de nos racines et du quotidien d’un monde ambiguë et contrasté, sont interprétés façon Gainsbourg avec la voix d’un Grand Corps Malade : du slam, du hip-hop (« Des Larmes ») et du Maloya. La guitare et les machines accompagnent très respectueusement et très justement ses ballades acoustiques émouvantes et métissées aux ambiances tantôt reggae/dub (« Touré » ou « Cqfd »), tantôt créole (« Largue La Po »). Des invités prestigieux enrichissent cet opus prometteur et touchant, Lio sur « l’Elan de l’Ame », Leina Rodriguez sur « 2U » ou Sélim Maziz sur « Pas d’Ici ».

MR LAB ! – « POSTINDUSTRIALCEREMONY »(JayJay Productions / Peermusic France Publishing)


MR LAB ! – « POSTINDUSTRIALCEREMONY »(JayJay Productions / Peermusic France Publishing)

Originaire de Rouen, Mr Lab !, derrière qui se cache Yves Labbé, compositeur, guitariste et chanteur, nous présente son second opus « Postindustrialceremony » paru chez Jay Jay Productions et coproduit par Pedro Resende (l’orphèvre de Tahiti 80). Il succède à « And Now It’s Time To Go… », découverte indé de 2004 aux sonorités pop-rock atmosphériques assez proches des univers envoûtants et planants de Air ou des Pink Floyd. Beaucoup plus énergique et orienté rock à l’image du titre « Be », ce deuxième album est résolument celui de la maturité et de l’équilibre (entre énergie électronique et intimité acoustique). Yves, accompagné de Frank Bessard à la batterie, Greg Boust aux platines, Toz à la basse et Thomas Schaettel aux claviers, pond ici un disque puissant aux fortes influences anglo-saxonnes, qu’il a conçu comme l’illustration musicale d’un constat pessimiste, celui de l’absurdité d’une société célébrant la surconsommation (« Gravy Machine »), la vitesse, la suractivité et la surexploitation des ressources naturelles,  Mr Lab dépeint ainsi un monde perdant ses repères « Lost », sujet à la solitude et à l’abandon (« From Me » ou « Not There »). Passant d’une ambiance planante et envoûtante à la violence des guitares rock saturées, « Postindustrialceremony » nous annonce la fin d’un monde en sursis…

 

Dick Annegarn - Folk Talk (Tôt ou Tard)


Dick Annegarn - Folk Talk (Tôt ou Tard)

D'origine néerlandaise, ce grand monsieur de la chanson est sans doute l'artiste le plus apprécié et respecté de la scène folk "underground" européenne, trop rare sa popularité est bien sûr moindre que les jeunes formations à l'ascension fulgurante qui ponctuent les charts du moment, mais son parcours et son style si singulier en font un personnage atypique, hors mode et hors norme, un esprit poète éprit de liberté...sa musique en est d'ailleurs que plus authentique. Dick Annegarn publie aujourd'hui son 20ème opus, une pépite comme à son habitude, dans lequel il retrouve ses premières amours, quelques titres folk et blues magiques empruntés au répertoire roots américain, grâce auxquels il apprit jadis à plaquer ses premiers accords sur le manche d'une guitare sèche. Voyageur et chanteur engagé, cet amoureux de la note bleue nous propose pour la première fois de sa carrière un recueil de reprises, des morceaux intemporels immortalisés d'antan par Louis Armstrong, Ray Charles ou encore Elvis Presley et réinterprétés ici en toute simplicité avec son timbre de voix rocailleux et son coeur plein d'humilité et d'admiration. Entre douceur et rudesse, Folk Talk rend un hommage vibrant à la mythologie américaine et à ses chansons rurales qui durent par la force de leurs mélodies combinant trois petites notes : Do, Sol et La mineur. On y écoute les ballades Careless Love et Love Me Tender, le tube Fever ou encore l'immense chant du prisonnier House Of The Rising Sun... des airs que l'on fredonne, que nos parents sifflaient hier et que nos enfants chantonneront demain. Le génie de Dick est précisément là, sans artifice ou effet de style, il chante le blues à l'état pur, ce cri d'une âme vendue au diable, éraillé et discordant mais tellement beau.

Missill - Kawaii (Atmosphériques)


Missill - Kawaii (Atmosphériques)

C'est un phénomène sur scène, une productrice avertie en studio, un graphiste et designer doué, Missill a su imposer sa vision du son club mixant dans une ambiance pixellisée et fluorescente l'electro-pop-rock survoltée de MIA et le hip-hop synthétique et punchy de Dizzee Rascal. Enchaînant les performances live, la Djette offre au public un spectacle total, alliant à sa musique supersonique la vidéo animée, contrôlée par sa fameuse machine: la "Missill Game Girl" (controleur midi). Kawaii est le premier opus de la belle, il concentre tout l'univers techno-vintage de Missill. Inspirée voire obsédée par les premières consoles de jeux vidéo, elle construit sa musique sur une base de samples des fameux Atari ST ou Game Boy, puis booste le tout au shaker et accélère le tempo pour enfin y glisser brutalement les flows matraqueurs et entraînants de Rye Rye (petite protégée de M.I.A.), Raw Dog ou encore Tigarah. Kitsch, rétro-futuriste, techno, Dubstep...la signature de Missill est unique, son projet plutôt novateur dépasse le monde du disque, en effet son avatar manga vient d'entrer dans le monde virtuel grâce à sa collaboration avec le studio Egg Ball. Une application iphone vient d'être publiée sur l'appstore, il s'agit d'un jeu de plateforme (dont Missill est l'héroïne) à l'esthétique 8bit proche des Sonic et autres Mario de notre jeunesse, lorsqu'ils se pavanaient encore avec leurs bons gros pixels bien visibles et colorés...Bref, Kawaii est une expérience à vivre...ou à subir !

Minimal Orchestra – « Dada_dada »


Minimal Orchestra – « Dada_dada » [Ozore Age - Pias]

Trio electro-jazz français originaire de Toulouse, Minimal Orchestra prend des allures d’usine à beat drum’n’Bass tournant à la vapeur rock avec quelques incursions expérimentales et hip-hop. Sous l’impulsion de Thomas Terrien aux claviers et sampler, accompagné de Pierre-Jean Trouette à la basse et contrebasse et de Ghislain Rivera à la batterie et sampler, le groove ravageur de M.O. arrache au jazz sa liberté et sa polymorphie afin d’accéder à son univers musical, proche de Cinematic Orchestra, 4Hero ou encore de Squarepusher. La spontanéité du jeu des instruments mariés à la déferlante sonore élaborée grâce aux machines, tantôt suave et atmosphérique tantôt incisive et terriblement dansante, fait de cet opus au nom évoquant une ritournelle que l’on fredonnerait « Dada_dada », une œuvre gavée d’instantanés semblant avoir été prise sur le vif, accessible et efficace. Ozore Age, label de Sayag Jazz Machine et de Tambour Battant, ne s’est pas trompé en proposant cette formation qui, à coup sûr, séduira les amateurs en live…