Le bluesman malien Boubacar Traoré, alias Kar Kar, publie sur Lusafrica son nouvel album intitulé Dounia Tabolo. Considéré comme l'une des voix emblématiques de la musique moderne mandingue, c'est avec une authenticité toujours aussi émouvante que le chanteur inimitable au jeu de guitare autodidacte, mêle depuis le début des années 60 les limons du fleuve Niger à ceux du Mississipi, saturant ses chansons de couleurs et de sonorités héritées des grands maîtres de la kora, comme des pionniers noirs américains du sud profond des Etats-Unis.
Dans son précédent Mbalimaou, enregistré à Bamako en 2015, l'artiste était épaulé par le joueur de kora Ballaké Sissoko, dont l'élégance et la subtilité se mariait à merveille à la fluidité et au minimalisme de Boubacar, accompagné alors d'une section rythmique traditionnelles (Babah Koné, Yacouba Sissoko), du batteur guyanais Fabrice Thompson et de l'harmoniciste Vincent Bucher.
Ce dernier, avec Alassane Samaké aux percussions et les chantres de la nouvelle scène blues U.S., le violoniste Cedric Watson, le guitariste Corey Harris et la sublime chanteuse Leyla McCalla au violoncelle, forment la nouvelle team de Kar Kar (celui qui sait dribler). Il a choisi pour l'occasion, d'aller réaliser son nouveau projet à Lafayette en Louisiane, afin d'explorer de nouvelles pistes toujours teintées de blues et de folk, de musiques cajun et zydeco. Parmi ses compositions inédites ("Ben De Kadi" ou "Mousso"), on retrouve d'anciennes chansons revisitées avec la singularité apportée par ses nouveaux acolytes, comme le titre éponyme "Dounia Tabolo" qui ouvre l'album ou "Kanou".