Vigon Bamy
Jay – Les Soul Men (323 Records/Universal Music)
Une légende oubliée de la Soul réapparait ! Vigon, figure
emblématique du Rhythm’n’Blues des années 60, relance sa carrière grâce à
l’émission The Voice. Le chanteur marocain qui œuvra jadis dans le sillage de James
Brown, Stevie Wonder et Otis Redding forme avec son vieux compagnon antillais Erick
Bamy, ex-doublure vocale de Johnny Halliday, et le jeune chanteur Jay Kani des
Poetic Lovers, le trio « Les Soul Men ». Ils interprètent des
reprises de leurs idoles Aretha, Ray Charles, Ike et Tina, Sam & Dave ou
encore Bill Withers dans l’esprit des productions racées de Stax et Motown,
avec un son chaud et cuivré, gorgé de groove et de swing. Les voix sont
maitrisées et entre tornade rocailleuse, velours éraflé et douceur romantique,
on redécouvre la grâce d’une Soul vintage en plein revival.
Glissez le disque dans votre platine et appuyez sur
« play »…Fermez les yeux, ne pensez plus à rien et laissez vous
bercer par le chant cristallin d’une sirène. Elle senomme Vanessa
Da Mata, originaire du Mato Grosso au Brésil, son enfance a baigné dans un
bouillon musical alliant les saveurs d’un Luiz Gonzaga et d’un Tom Jobim, d’un
Milton Nascimiento et d’un Orlando Silva. Son oncle aventurier l’a initié aux
sonorités plus régionales (comme le Carimbò) issues de disques rapportés de ses
voyages en Amazonie, tandis que la bande AM de son poste radio lui faisait
découvrir les musiques étrangères. Née en 1976 et de formation autodidacte, la
carrière artistique de Vanessa Da Mata débute à Sao Paulo dans un groupe de
reggae féminin, puis en 1997 elle compose, avec un certain Chico César, le
titre prémonitoire « A Força Que Nunca Seca » qui sera enregistré par
l’immense Maria Bethania. Le Brésil découvre alors une grande compositrice et
le succès de ses deux premiers albums projettera sa voix et sa beauté
rayonnante sur les devants de la scène.
« Sim »
(oui en français) est donc son troisième opus, enregistré entre la Jamaïque et le Brésil, Discograph a lancé sa sortie française
le 16 Juin dernier (merci, merci, merci…). « Sim » est défini come
« une réponse positive à la vie, une réponse de lutte », un hommage
vibrant à l’existence vécue au quotidien ; on y compte la participation de
Ben Harper sur le titre grandiose
« Boa Sort/Good Luck » qui
a été écouté plus de 5 millions de fois sur Youtube, de Joao Donato, Wilson Das Neves et de la nouvelle
génération de musiciens brésiliens. La diversité des sonorités présentes dans
l’album est un reflet parfait de la créativité musicale de la MPB (Musica Popular
Brasileira) : rythmes pop, samba, reggae et rythmes régionaux issus des
traditions musicales brésiliennes…
Ce n’est pas un disque à chroniquer mais à vivre ! Une
véritable émotion dès la première écoute, une pépite…
Urbanus – Stefon Harris & Blackout (Concord
Jazz/Universal Music Jazz France)
Imprégné des héritages de Lionel Hampton et Roy Ayers, le
jeune vibraphoniste Stefon Harris publie chez Concord Jazz un septième album,
essentiel,intitulé Urbanus. Entouré
pour la seconde fois du groupe Blackout et de ses sonorités urbaines, l'artiste
signe là un opus grandiose, élégant et efficace. Accessible par son groove et
le sens mélodique indéniable de ses compositeurs, ce vrai projet d'équipe
rappelle les aventures de Philadelphia Experiment (avec ?uestlove) ou encore le
Hard Groove (de Roy Hargrove) où les influences R&B, Soul, Hip-Hop, Funk,
Pop et Jazz fusionnent pour célébrer une musique de partage, moderne, riche,
novatrice et pleine d'émotions. La prestation exceptionnelle du saxophoniste
alto Casay Benjamin, ici au Vocodeur, accompagne l'auditeur dans ces moments
rares d'extase où tout s'accorde, les merveilleuses ballades Christina ou For
You convaincront les amateurs...Une nappe enivrante dressée par les pianos de
Marc Cary, une rythmique solide et légère à la fois emmenée par le bassiste Ben
Williams et le batteur Terreon Gully puis le jeu virtuose et classieux de
Stefon Harris font d'Urbanus un disque indispensable, le genre d'objet dont on
ne se lasse pas d'écouter tant la générosité du frontman offre l'opportunité à
Blackout d'exposer son savoir-faire...Un pur bonheur.
Il n’est plus besoin de présenter ce combo légendaire
viennois, car depuis 1997 et la sortie de leur premier opus Opera, il n’est pas
une compilation chill, ambient ou downtempo qui ne cite une de leurs perles
nacrées polies au gré de vagues sonores fluides ondulant au ralenti. Richard
Dorfmeister, ex-moitié du duo DJ-producteur K&D aux côtés de Peter Kruder, crée
Tosca avec son ami d’enfance le musicien/plasticien Rupert Huber, le projet
étant un retour aux sources du groove. En effet, soul, funk et blues sont
revisités en réponse au courant techno berlinois en plein essor à la fin des
années 90. Depuis ses débuts un peu éparpillés et balbutiants, Tosca, en partie
grâce à la marijuana et plus sérieusement à son talent de designer paysagiste, a
su planter au fil de ses productions un décor cosmique mixant matériel
numérique autant qu’analogique où sont conviés dub, funk, blues et krautrock.
Si les voix étaient très présentes précédemment, No Hassle en est
quasi-dépourvu, son aspect contemplatif et introspectif résulte d’un subtil
équilibre entre éléments acoustiques et électroniques, cordes et samples,
groove enivrant et mélodies planantes enregistrés lors de jam sessions en
studio. Le tout est présenté dans un écrin simple sans fioriture, « Less
Is More » comme scandait l’architecte minimaliste Mies van der Rohe, et
d’ailleurs, en parlant d’architecture, le live offre toute la profondeur
méditative de Tosca qui se détourne des lieux consacrés à la scène pour
s’orienter vers les lieux sacrés comme la cathédrale Linzer Dom à Linz.
Incontournable !
Ce danois de 38 ans nous donne une belle leçon de blues en
10 titres ravageurs et roots. Les arrangements puissants et les solos courts
mais dévastateurs de son band sont à l'image de ce leader emblématique qui
demeure, malgré son talent, inconnu du grand public. Ancien prof., il consacre
sa vie à la musique aux cinq notes et forme en 2003 son groupe qui demeure
quasi inchangé depuis son origine. Sur scène, l’épreuve du feu, Risager ne veut
pas ennuyer son auditoire, il développe alors un style particulier qui mélange
diverses influences comme le rock, la soul, le gospel, le R&B et le funk,
le résultat est détonnant et forcément efficace. Son dernier opus intitulé
Track Record est un condensé d’énergie semblant sortir tout droit d’un bar du
sud des Etats-Unis… À noter la superbe reprise du tube de Big Joe Williams
« Baby Please Don’t Go » ! Un must-have
Sergio Mendes - Bom Tempo (Universal Music Classics & Jazz
France)
Le monstre sacré Sergio Mendes publie aujourd'hui son 37ième
album. Maître du tropicalisme et prince de la
Bossa Nova, il est âgé de 69 ans et
continue de balader sa bonne humeur et ses bons tempos gorgés du soleil de Copa
Cabana à travers le monde. Faisant suite aux énormes succès Timeless et Encanto
(en partie grâce à la présence du producteur et MC américain Will I Am des
Black Eyed Peas), la légende brésilienne nous revient avec un nouvel opus
intitulé Bom Tempo. Toujours abondamment colorée et joyeuse, la musique de
Sergio célèbre l'été, les bikinis et la danse. Celui qui a écrit plusieurs
pages de la musique latino-américaine depuis les années 60 avec son groupe
Brasil'66, arrangeur, pianiste et compositeur émérite, revisite éternellement les
classiques de Tom Jobim, Gilberto Gil, Milton Nascimento ou encore Jorge Benjor
avec ici des invités de choix comme les chanteurs Carlinhos Brown et Seu Jorge
ou la chanteuse Gracinha Leporace. Bom Tempo est bien parti pour être la B.O. de l'été qui s'annonce
déjà quentíssimo... À écouter sur
youtube le titre Emorio remixé par le célèbre Dj Paul Oakenfold et taillé pour
le dancefloor...
José James
& Jef Neve - For All We Know (Impulse Records/Universal Music Classics
& Jazz France)
L'un est un virtuose du piano distingué plusieurs fois en
Belgique dans les répertoires jazz et classique, et l'autre est un crooner
américain vivant à Londres. Hors mis leur jeune âge, c'est le feeling qui a
réuni José James et Jef Neve. Invités sur un plateau télé, leur entente
musicale fut telle qu'ils s'empressèrent de réserver un studio d'enregistrement
et six heures plus tard naissait le projet For All We Know! Ce recueil de
standards pop et jazz a la magie de ces instants suspendus où beauté et
élégance se confondent. Parce qu'il a été réalisé sans contrainte, juste pour
le plaisir, l'enregistrement est magique et déborde de spontanéité (ce qui
manque parfois dans le jazz vocal). "Jouer en duo relève d'une démarche
pure et honnête" déclare José James, cette finesse du ton et du touché, ce
dépouillement qui conduit l'auditeur droit à l'essentiel, Tenderly, Body and
Soul ou encore Embraceable en sont emplis. La tessiture du chanteur baryton se
marie parfaitement au jeu profond et intimiste du pianiste belge. C'est la première
parution chez Impulse Records pour José James, déjà bien connu en Europe et au
Japon (révélé en 2008 grâce au Dj anglais Gilles Peterson). Après ces deux
premiers opus acclamés par la critique et le public, le prestigieux label va enfin
lui faire rencontrer ses compatriotes du Nouveau Continent. Jef Neve, lui non
plus n'en est pas à ses premiers pas, avec à son actif cinq albums, il fait parti
de la crème des musiciens européens. Passant du jazz à la musique classique ou
de la musique de film à la scène pop, il est aussi versatile que son acolyte et
a le potentiel de devenir une figure majeure de la scène jazz. Ce duo spontanée
nous fait partager un moment de grâce. À retenir la somptueuse interprétation
du titre For All We Know immortalisé par le grand Nat King Cole... Avis aux
amateurs de ballades langoureuses !