Je suis toujours impatient et curieux d'écouter le projet solo d'un batteur de jazz, lui qui a le plus souvent le statut de sideman se révèle régulièrement être excellent mélodiste et fin leader. Son approche de l'écriture et sa façon d'aborder les thèmes retenus m'ont toujours fasciné, comme la place qu'il se réserve au sein de la formation qu'il dirige...
Le talentueux Thomas Grimmonprez fait parti de ces musiciens doués, sensibles et généreux qui franchissent ce pas avec humilité. Lui qui s'est illustré auprès de Baptiste Trotignon, Manuel Rocheman, Louis Petrucciani, Kenny Wheeler, Stéphane Kerecki ou encore Michel Legrand, prend pour la seconde fois les rennes de son trio nous offrant son nouveau Kaleidoscope.
Entouré de ses amis de longue date, le pianiste Jérémie Ternoy (qui a, entre autre, tourné avec Magma de 2011 à 2015) et le contrebassiste Christophe Hache (Sébastien Texier, Manu Codja ou Dr Pallemaerts d'ailleurs présent dans le dernier album de Macha Gharibian...) qui participaient déjà au premier Bleu paru en 2009, le batteur nous livre 11 titres subtils, élégants et inspirés qui selon ses propres mots forment un kaleidoscope émotionnel et musical inspiré de sensations éprouvées sur scène, illustrant les différents états qui parfois le traversent, le saisissent, l'enthousiasment, le paralysent ou l'électrisent. Il en résulte un disque riche des nombreuses esthétiques dont il se nourrit.
Armé du Fender Rhodes et du piano qui tiennent le rôle majeur d'instruments harmoniques et de la contrebasse, qui exprime quant à elle toute sa matière aussi bien rythmique que mélodique, Kaleidoscope nous fait passer du groove radieux et contagieux de "Rain Dance" ou "Morning Running" aux ambiances plus profondes et contemplatives de "Peace of Mind" et "Sweet White Wine".
Un voyage bien agréable dans l'univers sonore d'un artiste singulier.