Le rappeur de Seattle Porter Ray nous adressait le 10 Mars dernier via le label (habituellement orienté indie rock) Sub Pop son premier long format aux ambiances hip-hop sombres et atmosphériques intitulé Watercolor. Absolument brillant et particulièrement abouti, l'album qui devait initialement paraître en 2015, invite au respect arborant un flow cool et posé, authentique et sans artifice, allié à de subtiles productions immersives, aux sonorités électroniques ambient.
Pourtant marqué par une adolescence difficile où mort, violence et maladie l'ont accompagné sans répits et le poursuivent encore aujourd'hui, Porter accouche d'un disque clairement séduisant et accrocheur.
La tragédie, la douleur et la perte d'êtres chers ont agit sur lui comme un catalyseur créatif, le plongeant dans la description de récits tragiques mais colorés.
Il aborde la mort n'hésitant pas à rouvrir de vieilles blessures et regrette parfois qu'elle ne l'ait pas fauché lui plutôt que d'autres (son père des suites d'une maladie ou son frère à cause d'une balle perdue). Ses textes emplis de mélancolie et de souffrance regorgent de réalisme et de vécu, mais loin de plomber un ensemble cohérent, ils se diluent dans des instrumentations captivantes et intimistes où plane le spectre bienveillant de Jay Dilla et où s'entendent les influences de Lauryn Hill, Nas, Mos Def, Talib Kweli, Q Tip ou Common. L'artiste approche l'auditoire avec ses belles mélodies puis le touche en plein cœur avec ses messages poignants, souvent en forme d'hommages à ses proches incarcérés ou décédés. Il nous offre un disque de rap se voulant être un classique du genre, dans l'esprit des mythiques Black on Both Sides, Illimatic ou Reasonable Doubt datant de l'âge d'or.
A découvrir d'urgence!
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