Ash Koosha
- I Aka I (Ninja Tune)
L'écurie anglaise Ninja Tunes nous présente le dernier obus sonore du producteur iranien Ash Koosha. Installé à Londres après s'être fait emprisonner pour avoir donné un concert de rock dans son pays natal, cet as de l'échantillonnage maltraite, étire, découpe et déforme un tas de samples dans des compositions électroniques expérimentales et barrées, répondant pourtant à des structures rythmiques et mélodiques inspirées par la musique classique, aussi bien perse qu'occidentale.
L'écurie anglaise Ninja Tunes nous présente le dernier obus sonore du producteur iranien Ash Koosha. Installé à Londres après s'être fait emprisonner pour avoir donné un concert de rock dans son pays natal, cet as de l'échantillonnage maltraite, étire, découpe et déforme un tas de samples dans des compositions électroniques expérimentales et barrées, répondant pourtant à des structures rythmiques et mélodiques inspirées par la musique classique, aussi bien perse qu'occidentale.
Les expérimentations electronica d'Aphex Twin et la violence sonique du post-rock de Mogwai ne sont pas étrangères au
travail du beatmaker, qui avoue
aussi avoir été touché par les ambiances trip-hop de Portishead et Massive Attack.
Mais davantage intéressé par la
fréquence et la présence physique et visuelle du son, il va traiter son
vaste répertoire d'échantillons comme un tas d'objets qu'il doit assembler et
articuler dans un certain ordre, c'est alors qu'entre en jeu la rigueur acquise
lors de ses classes au Conservatoire de Téhéran, histoire de donner un sens
musical à cette débauche de bruits, de
notes et de matières audibles.
Ce second opus intitulé I
Aka I succède à GUUD paru en
juin 2015 et qu'il façonna en
écoutant les maîtres Vivaldi, Wagner et Chopin. L'artiste y remplaça les instruments traditionnels que sont
le piano, les violons, violoncelles et cuivres par des glitchs et autres sons
inconnus ou méconnaissables. A l'instar d'un alchimiste, il désassemble,
mélange puis réassemble. Hip hop, rythmes jamaïcains, pop et folklores se frottent aux breakbeat,
dubstep, ambient et autres musiques
électroacoustiques un peu à la manière des héros du genre comme Prefuse 73 ou Fourtet. Si des titres down-tempo
comme "Eluded", "Buitiful" et "Growl" s'écoutent assez
facilement avec leurs mélodies plus ou moins discernables et leurs nappes de
synthés atmosphériques réconfortantes, il en est tout autrement avec les ambiances post-apocalyptiques et dissonantes
ou les rythmiques fragmentées,
fulgurantes et saturées de "Ote",
"In Line", "Fool Moon" ou "Too Many" (où l'on devine en
filigrane la "Sonate au Clair de
Lune" de Beethoven). On
notera les influences manifestes du
Moyen-Orient, qui transparaissent au travers de quelques bribes mélodiques
dans "Shah", "Mudafossil" ou "Make It Fast"…
Ash Koosha
accouche d'un disque détonnant, un objet sonore non-identifiable qui se laisse
approcher difficilement! Peut-être sa
vision musicale d'un Cubisme expressionniste?
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