Dexter
Story – Wondem (Soundway Records)
Rien de mieux pour commencer sa journée que d’écouter le
nouveau projet aux sonorités world/est-africaines
du multi-instrumentiste de Los Angeles Dexter
Story, véritable chantre de la
culture jazz et hip-hop underground américaine. Ayant autant croisé le fer
avec Wynton Marsalis et Kamasi Washington qu’avec Madlib et Les Nubians, le
producteur aux multiples casquettes s’est aussi frotté au marketing de
l’industrie musicale en travaillant notamment pour Def Jam et Bad Boys Records.
Après Seasons
paru en Février 2013 chez Kindred
Spirits, un premier album soul aux accents jazzy, funky et R&B, le
musicien cinquantenaire (qui emprunte son nom d’artiste à l’illustre
saxophoniste Dexter Gordon) nous
présente son second opus baptisé Wondem,
dans lequel il ré-explore depuis son home studio californien les rythmes
africains qui l’ont indélébilement marqué lorsqu’il était le batteur puis
l’arrangeur du trompettiste Todd Simon et
de son Ensemble Ethio-Cali. En effet,
les ambiances « éthiopiques » inspirées du maître Mulatu Astatké transparaissent à
travers des titres comme Lalibela, Sidet Eskermeche (où est convié le
chanteur Yared Teshale) ainsi que Saba, tout trois étant habités par les
entrelacs psychédéliques déployés par les guitares et les cuivres éthio-jazz.
Mais Wondem, qui
se traduit par « frère » en amharique, ne se résume pas qu’à une
incursion dans l’Addis Abeba des années 70, le joyeux A New Day par exemple nous immerge dans la pop moderne du sud de l’Ethiopie tandis que Be My Habesha nous invite au Nord du Mali, où les alchimistes de
Tinariwen ont imaginé la musique assouf,
un habile mélange de musique touareg, de
rock et de blues.
Changamuka ensuite,
et la voix soul racée de Godfrey at
Large alias Dustin Warren nous plonge
dans une Afrique éprise du son sophistiqué de la Motown, alors de Miguel Atwood–Ferguson et Mark de Clive Lowe arrangent et
interprètent la mélodie arabisante
et presque kitch de Mowa, un hommage
au chanteur/joueur de oud soudanais Mohammed Wardi. Le Soudan est toujours à
l’honneur dans le coloré Without An
Adress sublimement interprété par la chanteuse retro pop originaire de Khartoum Alsarah.
Merkato Star et
ses rythmes tournoyants et intenses nous hypnotisent à la manière d’une transe
soufie, alors que l’orchestration de la pièce instrumentale Xamar renoue avec la vision
est-africaine du jazz-funk des 70’s,
atmosphère déjà présente dans Changamuka
mais qui semble être ici passée au crible d’un Fela Kuti apaisé.
Dans Eastern Prayer,
les vocalises suaves et vaporeuses de Nia
Andrews sont accompagnées d’une instrumentation délicate où chœurs aériens
où steel drums de trinidad, congas afro-cubaines et kalimbas ouest-africaines
s’unissent pour accueillir une guitare au touché afro-caribéen.
Pour clore Wondem,
Dexter Story nous offre le
romantique et spirituel Yene Konjo
dans lequel sa voix profonde, douce et veloutée est mise en valeur par les
claviers de l’expert Mark de Clive-Lowe
dont la présence inonde l’ensemble de l’album.
Encore un succès en perspective pour le label anglais Soundway Records de Miles Cleret qui publiait, il y a peu, l’excellent
projet Ibibio Sound Machine.
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