Qui était Arthur
Russell ?
Assez peu connu de son vivant, le très prolifique compositeur, violoncelliste et chanteur
américain qui nous quittait prématurément en 1992 des suites du sida, laisse derrière lui une œuvre musicale
expérimentale, notable pour sa variété, sa modernité déviante et sa
sensibilité.
Ayant tissé des liens subtiles entre, d’un côté la pop, le disco et la dance music
puis le rock new-yorkais, les chants indiens, les percussions vaudous, la
poésie contemporaine et la musique minimaliste
de l’autre, l’artiste obscur et complexe a toujours su, comme l’a écrit The New
Yorker, « relier des contrés à la
fois réelles et imaginaires, le rue et les champs, le doux New-York de la
bohème et la folie du Studio 54, la pop joyeuse et les possibilités de
libération de l’art abstrait. ». « Chez Russell, disco signifiait
avant tout dislocation, contorsion, répétition extatique qui conduit au même genre de sensations
organiques vertigineuses que chez Fela », écrivait Christophe Conte dans les Inrocks en 2004 lors de la
sortie de la compilation The World If Arthur Russell.
Ses diverses collaborations forcent le respect, du poète
Allen Ginsberg au Dj Nicky Siano, en passant par Philip Glass et David Byrne, le musicien a mis d’accord toutes les tendances
musicales avant-gardistes et a autant stimulé les habitués du dancefloor
que les amateurs de musiques underground cérébrales.
C’est au tour de l’organisation Red Hot (luttant contre le sida grâce à la promotion de la culture
pop) et du label indépendant Yep Roc
Records de publier un nouvel hommage à
Arthur Russell. Master Mix :
Red Hot + Arthur Russell rassemble 26 covers interprétés par un casting
exceptionnel de plus d’une vingtaine d’artistes parmi lesquels on compte Hot Chip, Sufjan Stevens, Devendra
Banhart, José Gonzalez ou encore
les Scissor Sisters !
Les rythmes disco entrainants
et retro-jouissifs (de Tell You
par Robyn et de Is It All Over My Face & Tower Of Meaning par Blood
Orange) et l’énergie pop rock (de
Planted A Thought par Oh Mercy) alternent avec les ambiances folk méditatives et
intimistes (de Glen Hansard dans
I Couldn't Say It To Your Face ou de Sam Amidon dans le sublime Lucky Cloud et
les textures électroniques hypnotiques
de The Revival Hour dans Hiding Your Present From You).
Voici un recueil de qualité présentant l’œuvre d’Arthur
Russell sous un jour peut-être plus accessible, une fort belle opportunité de
découvrir ou redécouvrir les sonorités aventureuse et clairvoyantes d’un des
parrains de la pop actuelle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire