lundi 2 octobre 2017

Amine Edge & Dance Vs Blaze (Kevin Hegde) - Lovelee Dae (Defected)

Amine Edge & Dance Vs Blaze (Kevin Hegde) - Lovelee Dae (Defected)

C'est au classique parmi les classiques "Lovelee Dae" de Blaze que s'attaque Amine Edge & Dance, duo de Djs/producteurs français qui a le vent en poupe ces derniers temps. En Aout dernier les 2 marseillais nous offraient sur DFTD leur EP Good Time, ils nous reviennent sur Defected avec un nouveau coup d'éclat, redonnant du relief et de la vitalité à un titre emblématique paru initialement en 1996 dans l'EP Trans-Jazz chez Simplex Records (le single "Lovelee Dae" sera réédité en 1997 par l'écurie de Luke Solomon et Derrick Carter, Classis Music Comapgny).
La recette d'Amine Edge & Dance, faite de bass drums assassines et fracassantes, conserve en grande partie les éléments originaux fournis par Kevin Hedge, elle ne fait qu'accentuer sa rythmique en lui donnant une dimension plus sombre et underground.
Cette version idéalement taillée pour les festivals vient s'inscrire dans la continuité des excellents mixes réalisés, il y a presque 20 ans, par les prestigieux Isolée, Carl Craig ou encore 20:20 Visions...

vendredi 29 septembre 2017

Primitive London - Planet Savage (Fresh Sound "New Talent"/Socadisc)

Primitive London - Planet Savage (Fresh Sound "New Talent"/Socadisc)

Le quartet franco-britannique Primitive London nous livre via Fresh Sound "New Talent" son opus Planet Savage, un recueil de 12 titres jazz aux sonorités psychédéliques rendant hommage à l'immense catalogue de la Library Music anglaise, dont les fonds sonores de tous genres illustraient les reportages, les spots publicitaires et les génériques TV ou servaient simplement d'interludes dans les émissions radio. Réservés aux professionnels de l’image et du son, ces pépites musicales des années 60 et 70, oubliées et restées confidentielles, deviennent une source d'inspiration quasi inépuisable pour nos 4 jeunes larrons, qui élaborent ainsi une succession de scènes aux textures jazz surprenantes et imprévisibles, mêlant habilement les univers de la pop, du free jazz, des musiques électroniques et savantes. Pilotée par le trompettiste/producteur électro Antoine Berjeaut et le saxophoniste Robin Fincker, la formation se compose des anglais Jim Hart à la batterie et Kit Downes au piano et claviers, rejoints sur 3 pistes par le poète et rappeur de Birmingham Juice Aleem, ainsi que par la chanteuse d'origine irlandaise Diane Sorel dans le sublime "Car Wash".


Diego Imbert, Enrico Pieranunzi, André Ceccarelli - Tribute To Charlie Haden (Trebim Music/L'Autre Distribution)

Diego Imbert, Enrico Pieranunzi, André Ceccarelli - Tribute To Charlie Haden (Trebim Music/L'Autre Distribution)

Pour rendre hommage à un monument tel que Charlie Haden, qui participa activement au développement des principaux courants du jazz depuis le début des années 60 (free jazz, cool jazz, jazz modal, jazz rock, ethno jazz, ...), il fallait bien rassembler un casting de haut vol, c'est ce qu'a fait le contrebassiste Diego Imbert en invitant à ses côtés le prestigieux pianiste italien Enrico Pieranunzi et l'incontournable batteur niçois André Ceccarelli. Délicieusement accompagné sur près de la moitié du disque par les envoutants arrangements pour cordes et bois du compositeur et saxophoniste azuréen Pierre Bertrand, le trio développe un jeu caressant et apaisé, interprétant des thèmes doux aux mélodies profondes et intenses, faisant écho à cette voix chaude, ample, sourde et hypnotique qu'a su tirer des entrailles de sa contrebasse, l'illustre Charlie Haden, disparu à Los Angeles en 2014.

Partenaire apprécié des mythiques Ornette Coleman, Keith Jarrett, Paul Motian, Alice Coltrane, Pat Metheny et j'en passe, il fut notamment renommé pour ses talents de mélodiste, son assurance rythmique infaillible et ce don unique à tenir un propos musical minimaliste et sensuel. Une caractéristique générale du style hadenien qui ressort à merveille de ce Tribute To Charlie Haden, habité en grande partie des compositions de Diego et de deux reprises du maître, "First Song" qui ouvre l'album et "Silence" qui le clôt.



Caratini - Instants d'Orchestre (Caramusic/L'Autre Distribution)

Caratini - Instants d'Orchestre (Caramusic/L'Autre Distribution)

Figure tutélaire du jazz hexagonal, le contrebassiste Patrice Caratini oeuvre depuis la fin des années 70 à la tête d'orchestres parmi les plus grands et les plus prestigieux de la scène française. Il créait le Onztet en 1979 puis son fameux Caratini Jazz Ensemble en 1997, véritable niche intergénérationnelle regroupant quelques uns des meilleurs musiciens du pays, comme le guitariste David Chevallier, les pianistes Alain Jean-Marie et Manuel Rocheman ou encore le batteur Thomas Grimmonprez, pour ne citer qu'eux.
Afin de célébrer comme il se doit le 20ième anniversaire de sa puissante machine à jazz, Patrice publie le vibrant Instants d'Orchestre. Rassemblant 8 compositions écrites par le chef d'orchestre français et 2 standards emblématiques de Cole Porter, le disque nous invite à (re)découvrir des enregistrements extraits de plusieurs albums du Caratini Jazz Ensemble réalisés entre 1999 et 2013. Le projet dépasse l'initiative réductrice du simple Best Of, pour devenir un véritable hommage au Jazz, à son histoire, à ses courants et à son métissage avec d'autres rythmes, d'autres saveurs et d'autres couleurs. S'y écoutent ainsi de grands moments musicaux, habités de sonorités symphoniques et cinématiques ("East End Blues"), traditionnelles et populaires ("Valse Musette"), latin jazz ("Pinta"), be-bop et hard-bop ("From The Ground"), swing ou new-orleans ("Ory's Dream"). On retiendra bien sûr la touchante interprétation du thème "My Hearts Belong To Daddy" chantée par la divine Sara Lazarus, également présente sur "What Is This Thing Called Love", deux thèmes intemporels de Cole Porter, l'un des plus illustres créateurs de comédies musicales à Broadway.


jeudi 28 septembre 2017

Inga Liljeström - We Have Tigers (Accords Croisés/Pias)

Inga Liljeström - We Have Tigers (Accords Croisés/Pias)

Inga Liljeström n'est pas une déesse folk du grand nord, ou du moins pas seulement. En effet la chanteuse d'origine scandinave par son père, ayant grandi en Australie et s'étant installée à Londres il y a peu, cultive un univers musical post rock pour le moins singulier. Son dernier opus baptisé We Have Tigers est un petit bijou de 12 perles uniques, à la taille et aux couleurs variées. Très cinématographique, il est peuplé d'influences folk anglaises et américaines (Nick Drake, Melanie Safka, John Martyn, Maddy Prior from Steeleye Span), d'accents pop, punk et new wave (Blondie), de reflets rock'n'roll (Rolling Stone) et jazz (Billie Holiday, Sarah Vaughan, Nancy Wilson). Attirée par les ambiances barrées d'artistes comme Bjork ou de réalisateurs comme David Lynch, Inga aime la noirceur et l'intrigue ("Bloodstain (Reprise)") comme les atmosphères chaudes et lumineuses ("Tea To Boil"). Elle vibre pour les arrangements intimistes et dépouillés ("Coo Coo") mais apprécie tout autant les orchestrations magistrales et épiques ("Horses").
Epaulée par le compositeur de musiques de film australien Michael Lira, elle forme avec lui une association rare et efficace, réussissant à transformer des chansons traditionnelles ("In The Pines") en ballades orchestrales noires et mystérieuses, et à rendre digne d'un Ennio Morricone des compositions originales intenses et déchirantes ("Finally We Rest").


Dadada - Saison 3 (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Dadada - Saison 3 (Label Bleu/L'Autre Distribution)

Le pianiste turinois d'origine, Roberto Negro, qui figurait il y a quelques mois au casting d'Horizons du trompettiste David Enhco, publie sur Label Bleu le disque Saison 3, où il forme avec ses complices Emile Parisien au saxophone et Michele Rabbia aux percussions, son tout nouveau trio baptisé Dadada. Le projet bouscule aussi bien l'auditeur que les frontières d'une musique improvisée ne pouvant plus se contenter de la seule étiquette jazz. Inspiré par Les Constellations de l'artiste espagnol Joan Miró, ensemble d'une vingtaine de petites toiles réalisées entre 1939 à 1941, Roberto compose les 12 épisodes de sa Saison 3 d’arabesques colorées et de motifs étranges aux contours incertains et changeants, qui semblent virevolter, s'enlacer et danser en toute liberté. Dadada procède par touches successives, étalant avec virtuosité une gamme de sonorités tantôt suaves tantôt incisives sur des tracés abstraits et flous. Le monstre à trois têtes élabore sans canevas des atmosphères aux thématiques nocturnes et oniriques enrichies de quelques effets électroniques. Sa musique est déroutante, tant par ses jeux de timbres et ses tonalités mystérieuses que par son goût pour la surprise et la diversion.


mercredi 27 septembre 2017

Chrystel Wautier - The Stolen Book (Bonsai Music/Sony)

Chrystel Wautier - The Stolen Book (Bonsai Music/Sony)

Le 06 Octobre prochain paraîtra sur le label Bonzai Music (Lucas Aquino, Ben Sidran, Paolo Fresu, Olivier Ker Ourio, ...) le radieux The Stolen Book de Chrystel Wautier, chanteuse belge à la voix cristalline, fluide et limpide, qui se faisait déjà remarquer en 2013 avec son premier album, Before a Song.
De retour avec son jazz sensuel délicieusement teinté d'accents pop et gospel, de nuances latines et néo-soul, Chrystel brille une fois de plus, soigneusement épaulée par son somptueux quintet, menée par le remarquable claviériste Cédric Raymond.
Habité en grande partie de compostions originales finement écrites et merveilleusement arrangées, l'apaisant The Stolen Book affiche 3 reprises dont la sublime chanson "Le Soleil Donne", succès incontournable du duo de variétés français formé par Laurent Voulzy et Alain Souchon.
Un soupçon d'electronica vient enrichir l'atmosphère envoutante du disque, que le jeu raffiné du guitariste Lorenzo Di Maio contribue largement à rendre hypnotique et intense. Les nappes, accords et sonorités nébuleuses de Cédric s'accordent parfaitement aux vibrations ciselées et pleines de musicalité du batteur Jérôme Klein, que les lignes de basse rondes et caressantes de Jacques Pili accompagnent tendrement. Le percussionniste bruxellois Michel Seba, également présent dans le précédent album, se joint lui aussi à ce casting fait sur mesure.

The Stolen Book est la mise en musique d'une quête identitaire de l'artiste, née d'une volonté de renouer avec des histoires familiales passées sous silence. Le timbre intimiste et accrocheur de la vocaliste d'origine ukrainienne nous attire dans cette introspection bienveillante, dont les contours nous font irrémédiablement penser aux univers captivants du crooner José James ou de la touchante Norah Jones...
Quelle belle surprise!